Patricio (António)
Écrivain portugais (Porto 1878 – Macao 1930).
Diplomate, il a laissé des Poésies (1940), marquées par le symbolisme, qui témoignent de sa vie mouvementée. Ses contes (Veillée inquiète, 1910) et ses poèmes dramatiques (Pierre le Cruel, 1918 ; D. Juan et le Masque, 1924) reprennent les thèmes obsédants de la nostalgie (saudade) et de la mort – expression inversée de son désir de vie. La tension tragique naît de ce désir anxieux d'infini que la chair et la mort arrêtent à chaque instant.
Patrikios (Titos)
Poète grec (Athènes 1928).
Le plus jeune des « poètes de la défaite » il a connu la déportation et l'exil après la guerre civile ; il porte un regard critique, quoique distancé, sur le monde contemporain (Apprentissage, 1963 ; Altérations, 1989).
patristique
On appelle patristique ou patrologie la science consacrée aux Pères de l'Église ; les recueils de leurs œuvres et les histoires littéraires qui en traitent portent aussi le nom de patrologies. Si l'Église a fixé quatre conditions nécessaires à l'attribution du titre de Père – l'orthodoxie, la sainteté de vie, l'antiquité et l'approbation ecclésiastique –, les modernes l'accordent sans restriction à l'ensemble des écrivains ecclésiastiques, jusqu'à Grégoire le Grand († 604) ou Isidore de Séville († 636) pour les Latins, et Jean Damascène († 750) pour les Grecs. Le titre de docteur de l'Église réclame une condition supplémentaire : l'éminence, qui réduit à quatre les docteurs de l'Église latine (Ambroise, Jérôme, Augustin et Grégoire le Grand), et à trois les maîtres œcuméniques de l'Église grecque (Basile le Grand, Grégoire de Nazianze, Jean Chrysostome), auxquels l'Église romaine ajoute le nom d'Athanase.
La seule patrologie complète est celle de l'abbé J.-P. Migne (1800-1875) : 221 volumes in folio pour les auteurs latins, 162 pour les auteurs grecs. La Collection des sources chrétiennes (Éditions du Cerf) a jusqu'à ce jour publié 460 volumes environ (texte original et traduction française).
Patru (Olivier)
Avocat et homme de lettres français (Paris 1604 – id. 1681).
Avocat mondain, il fut élu à l'Académie française (1640) : il fit un discours de remerciement tellement goûté qu'il devint une des règles de la compagnie. Il fut influent dans les milieux littéraires, où il passait pour un maître d'éloquence (Plaidoyers et autres œuvres, 1670) et un des arbitres puristes du langage : il collabora au dictionnaire de Richelet, choisissant notamment les exemples illustrant les définitions.
Pau-Brasil
Mouvement littéraire brésilien qui appartient à la « phase héroïque » du modernisme (dans les années 1922-1928) et dont l'écrivain Oswald de Andrade donna les lignes de force dans son Manifesto Pau-Brasil (1924) : mise en valeur des techniques cubistes de fragmentation, de découpage, de collage ; critique de l'exotisme tropical. Il propose d'envisager le pays, sa culture et sa littérature selon une double base – la forêt et l'école – d'adopter un point de vue ironique sur la culture officielle et de revaloriser la culture spontanée et autochtone. Le nom même du mouvement est ironique : le pau-brasil (« le bois brésil ») étant la première richesse exportée par le colonisateur, Oswald en fait l'emblème du courant qui ne veut plus importer le point de vue européen sur l'art. Ces principes théoriques aboutissent au volume Pau-Brasil (1925). À partir de 1928, Pau-Brasil se scinda en différents courants comme le mouvement Anthropophagique et les groupes Verde-Amarelo et Anta.
Paul (saint)
Apôtre (entre 5 et 15-67).
Le premier des auteurs chrétiens est un juif de Tarse, citoyen romain de langue grecque. D'abord persécuteur des chrétiens, puis converti (la « vision de Damas »), il ouvrit le christianisme aux gentils en les dispensant du respect total des observances du judaïsme (assemblée de Jérusalem). Ses démêlés avec les juifs, son affrontement avec les judéo-chrétiens sur la question des observances, ses voyages missionnaires, son arrestation, puis son transfert à Rome sont connus par les Actes des Apôtres et ses propres épîtres. La tradition lui attribue encore un ultime voyage missionnaire en Égypte après sa libération, et un martyre sanglant sous Néron (62-64). Il développa une doctrine de la « justification » de l'homme par la foi, et non plus par la Loi, par la grâce de Dieu, et non par les œuvres, à travers le sacrifice salvateur de son fils Jésus-Christ, ainsi qu'une mystique d'union à Dieu en Jésus-Christ, dont l'Église est le corps. Une moitié seulement des épîtres qui lui sont attribuées sont d'authenticité certaine : 1 Th ; 1 et 2 Co ; Ga ; Ph ; Phm ; Rm.
Paul Diacre (Paul Warnefried, dit)
Auteur lombard de langue latine (dans le Frioul v. 720 – Mont-Cassin v. 799).
Voué à la vie monastique, il vécut à la cour de Charlemagne (782-786) après la chute du royaume lombard, puis se retira au Mont-Cassin. Outre des poésies et des hymnes (notamment Ut queant laxis pour la fête de saint Jean-Baptiste), il composa plusieurs ouvrages historiques, dont une Vie de saint Grégoire le Grand et Histoire des Lombards, des origines jusqu'à la mort de Liutprand (744).
Paulding (James Kirke)
Écrivain américain (Dutchess, New York, 1778 – Hyde Park 1860).
Contemporain de Washington Irving et de Fenimore Cooper, il contribua à créer une tradition littéraire américaine avec ses pièces de théâtre (le Lion de l'Ouest, 1831), ses satires versifiées (John Bull en Amérique, 1825), son épopée l'Homme des bois (1818), où domine l'opposition entre Europe et Nouveau Monde, entre le raffinement social et le contact brutal avec la nature, entre l'Histoire et la Frontière.
Paulhan (Jean)
Écrivain français (Nîmes 1884 – Boissise-la-Bertrand 1968).
Son rôle littéraire a été double, d'abord comme directeur de la N.R.F. (de 1925 à 1940 et, avec Marcel Arland, de 1953 à 1968), puis comme critique et essayiste. Son œuvre, dès les rébus malgaches des Hain Tenys Merinas (1913) – Paulhan fut, de 1907 à 1912, à Madagascar, professeur, colon et chercheur d'or –, vit du rapport entre les idées et les mots : vaste problématique, qui explique chez lui la constance du paradoxe, l'amour de l'équivoque, le subtil et lent décryptage des articulations, voire la fausse ingénuité et la cruauté suave de certains de ses jugements. L'« obscure clarté » qui tombe de ses livres est celle-là même du langage, et les limbes de l'incognito dont il s'entourait volontiers comme directeur de la N.R.F. semblent baigner aussi une œuvre dont la liberté est en relation directe avec la certitude, durement gagnée, d'un profond arbitraire de la langue. C'est cet arbitraire qu'il défend avec vigueur dans Jacob Cow le pirate ou Si les mots sont des signes (1921), les Fleurs de Tarbes ou la Terreur dans les lettres (1941), réhabilitation des « Fleurs » de la réthorique, le Don des langues (1966) et, plus précisément encore, dans la Preuve par l'étymologie (1953). Ses courts récits psychologiques sont autant de labyrinthes où seul peut-être le langage se reconnaît, tandis que le lecteur se perd dans la trame des contradictions et des retournements ou dans le brouillage des temps (le Pont traversé, 1921 ; Aytré qui perd l'habitude, 1921 ; la Guérison sévère, 1925). En haine des simplismes et des terrorismes (deux mots pour une seule réalité), il multiplie les nuances et avance, sinon masqué, du moins paré contre les récupérations (Entretien sur des faits divers, 1930 ; Clef de la poésie, 1944 ; F. F. ou le Critique, 1945 ; Traité des figures, 1953). Amateur d'art, il goûte en peinture la rage et le refus, deux attributs du cubisme, et tâche de définir les rapports complexes entre sens et non-sens (Braque le patron, 1946 ; Fautrier l'enragé, 1946-1948 ; l'Art informel, 1962). C'est lui qui, en 1944, lance Dubuffet. Quoique résistant (il fonde, avec Jacques Decour, les Lettres françaises), il refuse le terrorisme bien-pensant de la Libération (Lettre aux directeurs de la Résistance, 1953). Son œuvre, multiple et dispersée, a été rassemblée en cinq volumes (1966-1970). À la lire, on voit bien que le fonctionnement des textes de cet écrivain-ethnographe procure une sensation vertigineuse de partage continu entre le secret et la maîtrise (le langage est à la fois matière et esprit), sensation que prolonge encore le refus de conclure (par exemple, dans les Causes célèbres, 1950). Sa correspondance (avec Ponge, Grenier, Aragon et Elsa Triolet, etc.) a fait l'objet de plusieurs publications, en particulier dans les Cahiers Jean Paulhan.