Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
C

Caragatsis (Dimitris Rhodopoulos, dit Michalis)
ou Dimitris Rhodopoulos, dit Michalis Karagatsis

Écrivain grec (Athènes 1908 – id. 1960).

Représentant de la génération des années 1930, dont les romans mettent en scène des antihéros mus par des pulsions érotiques ou morbides (le Colonel Liapkine, 1933).

Caragiale (Ion Luca)

Écrivain roumain (Haimanale, près de Ploiesti, 1852 – Berlin 1912).

Observateur lucide et acerbe de la société de son temps, il dénonce les clichés du langage et du comportement quotidiens, annonçant ainsi le théâtre de l'absurde. Ses comédies de mœurs (Une nuit orageuse, 1879 ; Monsieur Léonidas face à la réaction, 1879 ; Scènes de carnaval, 1885) créent des types représentatifs surpris dans leurs attitudes politiques ou familiales. Une lettre perdue (1884), chef-d'œuvre de la dramaturgie roumaine, porte sur la farce électorale déclanchée par des politiciens incapables et corrompus. Ses Esquisses (1897) et ses Moments (1901) fixent en quelques touches rapides un monde grotesque, régi par des automatismes de pensée et de langage. Il aborde aussi le registre tragique avec le drame Calamités (1890) et des nouvelles qui peignent un univers pathologique (Un cierge de Pâques, 1892 ; Péché, 1892 ; En temps de guerre, 1899). Auteur également de contes fantastiques (À l'auberge de Minjoala, 1899 ; Kir Ianulea, 1909).

Caragiale (Matei Ion)

Écrivain roumain (Bucarest 1885 – id. 1936).

Fils naturel de Ion Luca, il écrit une prose somptueuse, dans la lignée du décadentisme européen. Son récit épique Remember (1924), cultivant un exotisme romantique et raffiné, se réclame d'une « esthétique du mystère ». Son roman les Seigneurs du vieux castel (1929), qui décrit l'existence bohème du narrateur en compagnie de trois dandys, évoque – avec mépris et fascination – l'atmosphère balkanique d'un Bucarest des contrastes, marqué par l'héritage phanariote.

Carcavitsas (Andreas)
ou Andreas Karkavitsas

Écrivain grec (Lechaina 1865 – Athènes 1922).

Médecin, Carcavitsas a évoqué la misère morale des paysans dans le Mendiant (1896), roman d'inspiration naturaliste, et la vie des marins dans les nouvelles Dits de la proue (1899).

Carco (François Carcopino-Tusoli, dit Francis)

Écrivain français (Nouméa 1886 – Paris 1958).

Peu lu aujourd'hui, « m'sieur Francis », comme le surnommait Colette, demeure néanmoins un symbole de la bohème montmartroise des années 1920. De 1910 à 1958, ce polygraphe, compagnon de route de Guillaume Apollinaire, de Max Jacob, de Roland Dorgelès, de Pierre Mac Orlan, d'Utrillo et de Modigliani, n'a cessé de publier : poèmes, romans, souvenirs (De Montmartre au Quartier latin, 1927 ; l'Ami des peintres, 1944), essais critiques, monographies, nouvelles, chansons (le Doux Caboulot) ou encore reportages. Dans ses premiers recueils, qui s'inscrivent sous le signe de la poésie fantaisiste (Quatre Poèmes, 1911 ; la Bohème et mon cœur, 1912) comme dans ses nombreux romans, il conte sa propre mélancolie à travers les errances de personnages interlopes, apaches, prostituées et souteneurs (Jésus la Caille, 1914 ; l'Homme traqué, 1922 ; Brumes, 1936). Le sentiment, chez les personnages de Carco, est muet, abrupt ou sommaire ; la langue argotique prête des sonorités rauques à cette conscience impossible. De nombreux peintres ont collaboré à ses œuvres dans des éditions de luxe : Maurice Vlaminck, Suzanne Valadon, André Derain ou André Dignimont (Perversité, 1924 ; l'Équipe, 1925 ; Bob et Bobette s'amusent, 1930).

Card (Orson Scott)

Auteur américain de science-fiction (Richland, Washington, 1951).

Révélé en 1981 par une nouvelle, « Sonate sans accompagnement », il écrit ensuite un roman qui deviendra le premier du cycle de « La stratégie Ender ». Card y aborde la plupart des thèmes de la science-fiction à partir d'un thème initial – la guerre sans merci entre la Terre et une race extraterrestre – servant de toile de fond au récit – l'itinéraire d'un personnage qui, vainqueur avec la Terre, demeure hanté par le remords et a pour compagnon l'un des derniers survivants de la race détruite, et qu'une sorte de visée messianique emporte vers la découverte d'une autre civilisation non terrienne. Card est également l'auteur d'une uchronie, « Les chroniques d'Alvin le faiseur » (cinq romans traduits, 1987-2001), évoquant la création des futurs États-Unis par les colons européens, et de « Terre des origines » (1992-2002), qui envisage la disparition de l'humanité. Le traitement du thème de la rencontre avec l'altérité par moyen d'un regard ambivalent – celui d'une conscience torturée –, d'une manière à la fois intimiste et renvoyant à des problèmes touchant à la métaphysique, caractérise sa production, largement primée dans le monde de la science-fiction. Dernier ouvrage traduit : Enchantement (2000).

Cardarelli (Nazareno Caldarelli, dit Vincenzo)

Écrivain italien (Tarquinia 1887 – Rome 1959).

Fondateur de La Ronda (1919), il prôna un rigoureux classicisme. Sa prose (Voyages dans le temps, 1920 ; Plein Soleil, 1929) et sa poésie (Prologues, 1916 ; la Crue des jours, 1934) révèlent une incessante quête stylistique.

Cardenal (Ernesto)

Poète nicaraguayen (Granada 1925).

Ordonné prêtre en 1965, il fonda un an après dans son pays une communauté dont les membres furent emprisonnés, tués ou exilés par Somoza (1977). Réfugié au Costa Rica, il fut un des chefs de la révolution sandiniste qui chassa le dictateur, et devint ministre de la Culture. Ses nombreux recueils de poésies font de lui un des chantres les mieux inspirés des luttes pour la liberté et la justice en Amérique latine (Heure 0, 1960 ; Hommages aux Indiens d'Amérique, 1970 ; Cantique cosmique, 1989).

Cardinal (Marie)

Romancière française (Alger 1929 – Avignon 2001).

Enseignante, journaliste, elle publie son premier roman, Écoutez la mer, en 1962. Féministe, elle collabore avec Gisèle Halimi à la Cause des femmes (1973). Ses romans évoquent les problèmes du couple (Une vie pour deux, 1978), la perte de l'Algérie natale (Au pays de mes racines, 1980 ; le Passé empiété, 1983). Dans les Mots pour le dire (1975), elle décrit sa psychanalyse, quête âpre et passionnée de son identité de jeune fille et de femme.