authentisme
courant de la littérature polonaise dans les années 1930, et qui se manifesta particulièrement dans l'activité d'un groupe de poètes (J. B. Ozóg, J. A. Frasik, C. Janczarski, J. Pietrkiewicz) rassemblés par S. Czernik autour de la revue Région des poètes (1935 à 1939). Rejetant la poétique du Skamander et celle de l'Avant-Garde de Cracovie, le groupe plaçait la source de la poésie dans les expériences vécues authentiquement par le poète, dans son milieu naturel et social, et tout spécialement dans le monde de la cam– pagne.
Auto de los Reyes Magos
Premier mystère espagnol (appelé auto) connu et conservé à l'état de fragments (seconde moitié du XIIIe s., 147 vers), glose de l'Adoration des Mages selon Matthieu (II, 1-12). Le manuscrit, retrouvé vers 1785 à la cathédrale de Tolède, comporte cinq scènes ; il manque le début et la fin. Les personnages, très schématiques, sont d'une psychologie sommaire, sauf dans la séquence où Gaspard exprime ses doutes et dans le monologue d'Hérode.
auto sacramental
Forme théâtrale espagnole désignant une pièce édifiante (représentation du Saint-Sacrement) jouée autrefois, dans les rues, le jour de la Fête-Dieu sur des tréteaux ambulants. Les autos s'inspiraient de la Bible ou des légendes hagiographiques chrétiennes ; certains étaient consacrés à la Vierge (autos marianos), d'autres d'inspiration profane. Apparentés aux mystères médiévaux français ou aux miracle plays des Anglais, les autos ont un sens allégorique et une intention didactique et apologétique. Si la Renaissance et la Réforme ont pour conséquence, en France et en Angleterre, le déclin du théâtre religieux, les autos sacramentels prospèrent dans l'Espagne catholique, bastion de la Contre-Réforme.
Juan del Encina (1469-1529), le premier, laïcise le théâtre. Lope de Vega laisse 43 autos sacrés, et Calderón, 80 (citons le Grand Théâtre du monde et le Festin de Balthazar). Avec Tirso de Molina (le Damné par manque de foi), ils font l'âge d'or du théâtre espagnol ; contrairement au Moyen Âge, le drame profane se développe, et le même sujet est parfois utilisé par un auteur sous forme de drame et sous forme d'auto. Au Portugal, le plus ancien auto est dû à Gil Vicente (1465-1536). Les costumes des acteurs correspondaient aux emplois de la comedia. Les personnages allégoriques (Démon, Monde, Chair, Innocence, etc.) étaient facilement identifiables. L'auto sacramentel, commandé et subventionné par les municipalités, connut un public nombreux, attiré par le spectacle plus que par le débat d'idées souvent pauvre. En 1765, un édit royal les interdit sous prétexte que les jeux du théâtre sont peu compatibles avec la dignité de la religion.
autobiographie
Le terme est apparu en Allemagne et en Angleterre vers 1800, puis a été introduit en France une trentaine d'années plus tard. Stricto sensu, l'autobiographie serait « la vie d'un individu racontée par lui-même » (Larousse, 1866), qu'il soit écrivain ou non. Les Confessions posthumes de Rousseau (1782-1789) sont vite apparues comme le modèle du genre : un homme, au soir de sa vie, récapitule son histoire, la fait revivre, tente de lui trouver une unité et un sens. Le journal intime, qui apparaît à la même époque, est destiné à faire le point sur soi-même, et pour soi seul, au jour le jour ; l'autobiographie, elle, est un bilan qu'on propose à ses contemporains et à la postérité par la voie du livre.
Lato sensu, le mot « autobiographie » englobe tout texte dans lequel le lecteur suppose que l'auteur exprime son expérience, qu'il se soit engagé ou non à le faire : « œuvre littéraire, roman, poème, traité philosophique, etc., où l'auteur a eu l'intention, secrète ou avouée, de raconter sa vie, d'exposer ses pensées ou de peindre ses sentiments » (Vapereau, 1878). Ce sens très élastique correspond à la personnalisation croissante de l'écriture depuis le romantisme et à la curiosité accrue du public pour le domaine privé. La vulgarisation de la psychanalyse et la fréquence des interventions des écrivains dans les médias contribuent aujourd'hui à les faire lire dans l'« espace autobiographique ».
Étapes et modèles
Le phénomène autobiographique est essentiellement moderne et occidental. Il est lié aux civilisations chrétiennes, à la montée de l'individualisme et à la prise de conscience de l'historicité en Europe depuis la Renaissance. C'est à partir de la seconde moitié du XVIIIe s. que la production est devenue significative : en Amérique, les Mémoires de Benjamin Franklin (rédigés de 1771 à 1788) ; en Suisse, le Pauvre Homme du Toggenburg de Bräker (1788) ; en Italie, la Vie d'Alfieri (1790) ; en Angleterre, les Mémoires de Gibbon (1796) ; en Russie, la Chronique de famille d'Aksakov (1852).
Cependant, l'autobiographie s'enracine dans des genres plus anciens :
– Les confessions, ou autobiographies spirituelles – à la source desquelles on trouve celles de saint Augustin (397-401) ou certains textes médiévaux, comme l'Historia calamitatum d'Abélard (vers 1129) –, se sont épanouies surtout dans l'Europe de la Renaissance et de la Réforme : en Espagne, la Vie de Thérèse d'Avila (1561-1565) ; en France, les Vies d'Antoinette Bourignon (1683), de Marie de l'Incarnation (1677) et de Mme Guyon (1720) ; en Angleterre, au XVIIe s., les autobiographies de puritains, et en Allemagne, au XVIIIe, celles des piétistes. Attention à la forme d'une destinée individuelle, pratique de l'introspection, expression lyrique des sentiments intimes, récit d'un parcours jalonné d'erreurs, de recherches et d'épreuves, mais éclairé par une conversion finale : ces traits figurent dans les autobiographies religieuses (celle, par exemple, de Thérèse de Lisieux, en 1898), mais aussi dans bien des récits modernes d'itinéraires profanes.
– Les Mémoires, d'abord liés à l'historiographie officielle (comme les chroniques médiévales), puis aux prétentions des grandes familles nobles établissant leurs droits par le récit de leurs actions, se sont élargis, à partir du XVIIe s., à une peinture psychologique et sociale de la Cour. Même si les chefs-d'œuvre du genre (Retz et Saint-Simon) datent des XVIe et XVIIIe s., les Mémoires se sont quantitativement beaucoup développés depuis le XIXe : on a pris goût à leur lecture et l'élargissement des couches dirigeantes a entraîné une multiplication des témoignages ou des apologies de vie politique ou militaire. Bien qu'ils se distinguent en théorie, Mémoires et autobiographie sont souvent confondus, et certains écrivains, tels Chateaubriand (Mémoires d'outre-tombe, 1848) ou Malraux (Antimémoires, 1966 ; la Corde et les Souris, 1976), ont organisé leur récit autour d'une confrontation entre le Moi et l'Histoire.
– Les livres de raison, livres de comptes des familles bourgeoises depuis le XVIe s., sont parfois devenus le noyau d'autobiographies familiales manuscrites, transmettant aux générations successives l'histoire de la lignée et les exemples à suivre (ainsi les Mémoires de Jean Maillefer, marchand à Reims au XVIIe s., publiés en 1890, ou les chroniques des familles protestantes chassées de France en 1685). Cette littérature souterraine, le plus souvent normative, n'est connue du public qu'après coup, et très fragmentairement. Les livres de raison des XVIIe et XVIIIe s. n'ont été publiés qu'à partir de 1870. Depuis peu, on découvre les autobiographies familiales du XIXe s. (Mona Ozouf, la Classe ininterrompue, 1979), tandis que l'allongement de la durée de la vie et les loisirs de la retraite favorisent ce genre d'écriture.
– Les biographies, ou récits de carrière, donnent en modèle les accomplissements sociaux les plus divers (on a commencé, au XVIIIe s., par les vies d'auteurs) : à l'origine, bien des textes « autobiographiques » ne sont que la prise en charge par l'intéressé lui-même du modèle biographique, menant de la vocation à la réussite.
– À ces différentes traditions il faut en ajouter de plus littéraires. D'une part, l'autoportrait (Cardan, Vie, 1575-1576 ; Montaigne, Essais, 1580-1595) : en quête d'une identité problématique, l'écrivain procède à un inventaire mental dans lequel il rassemble autant l'image de son époque que sa figure propre – tradition reprise sur le mode critique dans Roland Barthes par Roland Barthes (1975). D'autre part, le roman à la première personne, depuis le roman picaresque jusqu'au roman-mémoire du XVIIIe s., où s'est élaborée la forme du récit de formation ou Bildungsroman. De fait, le roman autobiographique a précédé l'autobiographie.