Citati (Pietro)
Écrivain italien (Florence 1930).
Critique littéraire, biographe de Goethe, de Manzoni, de Mansfield, d'Alexandre le Grand, de Tolstoï, de Kafka, de Proust et de plusieurs femmes intellectuelles (Portraits de femmes, 1992), il a su également mettre son érudition au service d'œuvres plus romanesques (Histoire qui fut heureuse, puis douloureuse et funeste, 1989 ; la Lumière de la nuit, 1996).
Cixous (Hélène)
Écrivain français (Oran 1937).
Romancière, dramaturge, cofondatrice de la revue Poétique, elle a placé son œuvre sous le signe de l'origine, de la référence, de la citation. Elle est tout entière marquée par la lecture de Joyce, auquel elle consacre sa thèse de doctorat (l'Exil de Joyce ou l'Art du remplacement, 1969). Dès les nouvelles du Prénom de Dieu (1967), elle propose une façon nouvelle de formuler l'interaction des êtres et des choses, dans une littérature où, tout ayant déjà été dit, il s'agit de dire autrement, dans une langue neuve, audacieuse et onirique. Avec Dedans (1969), le Troisième Corps et les Commencements (1970), elle poursuit son travail de mise en chaos du sujet romanesque ; le roman se voue à une réflexion sur l'écriture (Neutre, 1972 ; Tombe, 1973 ; Prénoms de personne, 1974). Au-delà de cette nouvelle naissance littéraire, l'auteur se consacre à l'évocation de l'émergence d'une femme émancipée de la tutelle de la société masculine (Souffles, 1975 ; Là, 1976 ; Angst, 1977 ; Anankè, 1979 ; le Livre de Promethea, 1983). Après s'être essayée au théâtre avec, en 1976, Portrait de Dora, elle collabore depuis les années 1980 avec Ariane Mnouchkine. Optant pour une dramaturgie du détour, où la fresque historique et la parabole critique ont pour vocation de parler du temps présent, elle écrit l'Histoire inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge (1985), l'Indiade (1987), la Ville parjure ou le Réveil des Erynies (1994), Tambours sur la digue (2000). Toutes ces pièces, qui traitent de sujets politiques contemporains, comme le drame des hémophiles et du sang contaminé dans la Ville parjure, ou les crises du pouvoir politique dans Tambours sur la digue, sont montées par le Théâtre du Soleil et font l'objet d'importantes recherches scéniques sur la narration. En 1994, Daniel Mesguish avait aussi mis en scène l'Histoire qu'on ne connaîtra jamais, portant sur la légende des Niebelungen.
Cladel (Léon)
Écrivain français (Montauban 1835 – Sèvres 1892).
Baudelaire le fait connaître en préfaçant les Martyrs ridicules (1862). L. Cladel fait revivre dans ses romans de facture naturaliste la terre du Quercy et ses paysans misérables, qu'il traite souvent en héros antiques (le Bouscassié, 1869 ; les Va-nu-pieds, 1873 ; Ompdrailles, le tombeau des lutteurs, 1879). Il défend les idéaux républicains dans ses œuvres proches souvent du récit épique. Il a consacré aux événements de la Commune un roman, Inri, favorable aux insurgés, publié en 1931.
Claes (Ernest)
Écrivain belge d'expression néerlandaise (Zichem 1885 – Uccle 1968).
Aux meilleurs de ses récits (Filasse, 1920), histoire aigre-douce d'un jovial Poil-de-Carotte de la Campine, et Wannes Raps (1926), peinture humoristique de la vie paysanne, s'ajoutent des souvenirs de guerre et de jeunesse (Kiki, 1926 ; Jeunesse, 1940 ; Cellule 269, 1951 ; Ceux d'antan, 1959).
Claesson (Stig)
Dessinateur et écrivain suédois (Stockholm 1928 – id. 2008).
C'est le romancier impressionniste de la vie quotidienne de Stockholm et des campagnes suédoises. Qui s'occupe encore d'Yngve Frej ? (1968) met en scène le dieu païen qui fut révéré en Suède avant l'an mil, et avec lequel le paganisme a disparu. Conversations dans un express (1972), Des palmes et des roses (1975), Dans l'ombre du boulevard (1983), les Jours avant le déjeuner (1984) ne constituent qu'une partie de la trentaine de romans de cet auteur marqué par le refus de l'évolution historique.
Clancier (Georges-Emmanuel)
Écrivain français (Limoges 1914).
Collaborateur de la revue Fontaine, de Max-Pol Fouchet, il prend part à la Résistance (le Temps des héros, 1942). Cofondateur de Centres, connu pour des émissions radiophoniques littéraires et artistiques qui visent à faire connaître et aimer la poésie, essayiste (la Poésie et ses environs, 1973), c'est un poète qui sacrifie volontiers à l'humour et à la fantaisie (le Paysan céleste, 1943 ; Terre secrète, 1951 ; Une voix, 1956, préfacé par André Dhôtel ; Évidence, 1960), avant d'atteindre au dépouillement (Peut-être une demeure, 1972). Romancier, il est attentif aux humbles (le Pain noir, 1956, quatre tomes ; la Fabrique du roi, 1957 ; les Drapeaux de la ville, 1959 ; la Dernière Saison, 1961) et cherche, en reparcourant son enfance, à retrouver ses racines profondes (l'Éternité plus un jour, 1970, scandée de parenthèses lyriques et réflexives ; la Halte dans l'été, 1976 ; l'Enfant double, 1984). Les proses d'Évidences (1982) interrogent les vertus de la poésie, amenée à jouer un rôle central dans la lutte contre le non-être, puisqu'elle propose un élan vers l'« autre rive ». L'écriture est le lien entre un ici et un ailleurs ; entre un passé et un présent à éclairer. Si nous sommes des « passagers du temps » (titre d'un recueil de 1991), la poésie nous aide à l'éclairer.
Clare (John)
Poète anglais (Helpston 1793 - Northampton 1864).
Petit-fils d'un violoneux maître d'école, fils de paysan pauvre, il voit la campagne anglaise se transformer sous l'effet de la Révolution industrielle. Ses Poèmes descriptifs de la vie des champs (1820) le rendent célèbre. Le Calendrier du berger (1827) et la Muse rurale (1835) poursuivent le malentendu : on croit qu'il chante la nature alors qu'il pleure sa destruction. Certifié fou en 1837, accusé de bigamie, il continua cependant d'écrire pendant ses vingt-trois ans d'internement.
Clari (Robert de)
Ce chroniqueur et témoin oculaire de la quatrième croisade (1204), qu'il relate du point de vue de la petite noblesse, a su évoquer avec vivacité aussi bien les merveilles de Constantinople ou les intrigues des chefs de la croisade que les coutumes des pays qu'il découvrit.