Palau Fabre (Joseph)
Écrivain espagnol de langue catalane (Barcelone 1917 – id. 2008).
Après une brève période surréaliste, il plaça son lyrisme sous l'invocation de Sade, de Rimbaud et d'Artaud (Balades amères, 1943 ; Cancer, 1946 ; Poèmes de l'alchimiste, 1952). Fasciné par le langage dramatique (El mirall embruixat, 1962), auteur lui-même de pièces de théâtre (le Squelette de don Juan, 1957), il a consacré ses essais de critique d'art à l'œuvre de Picasso, qu'il a mise en scène (Hommage à Picasso, 1972).
Palay (Maximin, dit Simin)
Poète français d'expression gasconne (Casteïde-Doat 1874 – Gelos 1965).
Tailleur d'habits, animateur avec Camélat de la renaissance occitane en Béarn, il fut un écrivain de théâtre populaire : l'Institutrice manquée (1925), Celui qui parle français (1927), le Roi malheureux (1929), la Femme devenue chèvre (1929), Celle qui a trouvé un maître (1930), etc. Son œuvre poétique (Versets de jeunesse, 1899 ; Chez nous !, 1909 ; les Prières et les grâces, 1926) a les qualités et les défauts de la production félibréenne du temps. Son roman les Trois Garçons de Bordevieille (1934) est une étude originale des mœurs terriennes. À l'instar de Mistral, Palay s'occupa de muséographie et de lexicographie (Dictionnaire du béarnais et du gascon modernes, 1932-1934).
Palazzeschi (Aldo Giurlani, dit Aldo)
Écrivain italien (Florence 1885 – Rome 1974).
Il débute avec des poèmes (l'Incendiaire, 1910) et des récits : les Codes de Perelà (1911, réécrit en 1955 sous le titre Perelà, homme de feu) relatent l'histoire d'un homme composé de fumée, coqueluche de toutes les femmes de la cour, à qui l'on confie la rédaction du nouveau code du royaume. Puis il poursuit avec des œuvres où les jeux de l'imagination l'emportent sur les jeux de mots : fables romanesques (les Frères Cuccoli, 1948 ; le Doge, 1967 ; le Petit Stéphane, 1969) ou recueils poétiques (Poésies, 1930 ; Rue des cents étoiles, 1972). Créateur d'une exceptionnelle longévité, Palazzeschi a flirté deux fois avec l'avant-garde : à ses débuts, avant la Première Guerre mondiale, dans les rangs du futurisme, et dans les années 1960. Mais, s'il adhère en 1909 au manifeste de Marinetti et collabore à la revue Lacerba, il ne tarde pas à manifester son indépendance à l'égard de toute école en rompant publiquement avec les futuristes. Aussi séduisante que soit son imagination débridée, Palazzeschi a sans doute produit ses chefs-d'œuvre dans la peinture de l'absurde et du grotesque quotidiens – qui sont les principaux thèmes de ses recueils de nouvelles (le Palio des comiques, 1937 ; le Comique intégral, 1966) – voire dans l'analyse psychologique, à travers la tendre cruauté du portrait qu'il trace, dans les Sœurs Materassi (1934), de deux vieilles filles sur le retour qui se consument d'amour, à leur insu, pour leur jeune neveu, dans la Florence entre les deux guerres.
palestinienne (littérature)
Les écrivains palestiniens ont contribué, aux côtés des Libanais et des Syriens, à l'essor littéraire arabe dès le début du XIXe s. Les principaux représentants de la période qui a précédé l'exil furent Rûhî al-Khalidi (1864-1914), Ibrâhîm Tûqân (1905-1941), 'Abd al-Rahîm Mahmûd (1913-1948).
La réaction à la proclamation de la naissance d'Israël suscita la naissance d'une littérature de résistance et de combat, tant des Palestiniens de l'intérieur que de ceux, nombreux, qui durent quitter leur terre pour des camps de réfugiés. À la génération de Fadwâ Tûqân et de 'Abd al-Karîm al-Karmî (Abû Salmâ, 1907-1980), qui cultiva le tragique, la solitude et l'angoisse retenue, répond une nouvelle littérature tournée résolument vers la poésie engagée. Les nouveaux représentants de la littérature palestinienne ont subi la prison : ainsi Tawfîq Zayyâd (1929-1994), Kamâl Nâsir (1925-1973), Samîh al-Qâsim (né en 1939) et surtout Mahmûd Darwîch (né en 1941), certainement le plus grand poète arabe actuel.
Au lendemain de la guerre de 1967, la production des écrivains palestiniens vivant en Israël commença à être connue dans le monde arabe. Diffusées d'abord par Radio-Palestine (fondée en 1964 à Damas), les plaquettes furent rapidement rééditées, principalement à Beyrouth et à Damas. Parmi les poètes de la nouvelle génération de l'intérieur se détachent Sâlim Jubrân (né en 1941), Muhammad al-Qaysî (Nây 'alâ ayyâminâ, 1996) et Jamâl Qa'wâr (Lunes dans les sentiers de la nuit, 1979).
D'autres poètes continuent de chanter la patrie perdue, la condition misérable des réfugiés, la soif de justice, de liberté et l'amour. C'est le destin de Hannâ Abû Hannâ (l'Appel de la plaie, 1970), de 'Izz al-Dîn al-Manâsira (la Sortie de la mer morte, 1970) et de Michel Haddâd (1919-1997). À la confidence chuchotée de Fadwâ Tûqân, pour qui il lui suffit « dans son pays d'être Terre », répond une poésie secrète et émouvante d'un Samîh al-Qâsim, pendant qu'un Mahmûd Darwîch incarne le grand exil de tous les temps et soulève les problèmes éternels de l'oppression et du mépris.
La littérature romanesque a pour sujet l'homme palestinien, déraciné, pour qui la patrie prend forme de mythe. Après Zayn al-'Âbidîn al-Husaynî (né en 1938), Jabrâ Ibrâhîm Jabrâ (Cri dans une longue nuit, 1947 ; À la recherche de Walîd Mas'ûd, 1974) et Ghassân Kanafâni (Oum Saad, 1966), le problème de l'identité culturelle et nationale est au cœur de l'œuvre d'Émile Habîbî (les Faits étranges de la disparition de Sa'id Abû al-Nahs al-Mutachâ'il, 1974 ; Sarâyâ bint al-Ghûl, 1992), de Rachâd Abû Châwir (les Amoureux, 1977), de Tawfîq Fayyâd, Ghâlib Halasa et Ibrâhîm Nasr Allâh ('Aw, 1990 ; Oiseaux aux aguets, 1996 ; le Garde de la cité perdue, 1998). Expérience personnelle et nécessité de l'engagement forment la base de tous les récits, de Muhammad 'Ali Tâhâ (Pont sur un fleuve en deuil, 1974) à Samîra 'Azzâm et Sahar Khalifa (Chronique du figuier barbare, 1978 ; l'Impasse de Bab Essaha, 1991 ; l'Héritage, 1997).
Paley (Grace)
Romancière américaine (New York 1922 – Thetford Hill, Vermont, 2007).
Le ton de Grace Paley, chaleureux, humoristique, agressif et lucide, caractérise son premier recueil de nouvelles : les Petits Ennuis de l'homme (1960). Situées à New York, ses histoires, mettant souvent en scène le milieu juif, sont caractérisées par la vivacité des dialogues. Vivre dans les bas-fonds de la ville (thème central d'Énorme changement de dernière minute, 1974) n'est qu'un désagrément mineur face aux grands bouleversements possibles de l'existence, et les relations humaines qui se font et se défont sont prétexte à une réflexion sur l'instinct de survie féminin. Dans Plus tard le même jour (1985), les luttes politiques pour la paix dressent le décor de nouvelles où les préoccupations majeures sont le vieillissement des jeunes adultes et leur disparition prématurée. Par l'intermédiaire d'un personnage récurrent, Faith (« Foi »), Paley donne à lire les précarités de nos sociétés et de notre univers, leurs inégalités arbitraires, sources de rire et d'effroi (C'est bien ce que je pensais, (1999).