Abrahams (Peter)
Écrivain sud-africain d'expression anglaise (Johannesburg 1919).
Il analyse sa condition de métis dans un ouvrage largement autobiographique (Je ne suis pas un homme libre, 1954) et s'y explique sur les raisons qui l'ont conduit à s'exiler à l'âge de 20 ans. L'essentiel de son œuvre romanesque (Chant de la ville, 1945 ; Rouge est le sang des Noirs, 1946 ; le Sentier du tonnerre, 1948 ; Conquête sauvage, 1950 ; Retour à Goli, 1953) est consacré à l'évocation des rapports conflictuels qui opposent les différentes communautés raciales d'Afrique du Sud. C'est d'une inspiration plus ambiguë que témoignent son livre Cette île entre autres (1966), récit de l'effondrement d'une dictature à la Jamaïque (où Abrahams s'est fixé en 1957), et Une couronne pour Udomo (1956), son roman le plus achevé, dans lequel, associant mythe et réalité, présent et passé, Abrahams peint le retour de son héros vers une Afrique imaginaire en proie aux démons de la misère, du tribalisme et des fantasmes de la minorité européenne. Témoin lucide et idéaliste d'une société profondément meurtrie par le système de l'apartheid, Abrahams est l'une des figures de proue de la littérature sud-africaine.
Abramov (Fedor Aleksandrovitch)
Écrivain russe (Verkola 1920 – Leningrad 1983).
D'origine paysanne, engagé volontaire pendant la Seconde Guerre mondiale, Abramov, dès son premier roman, Frères et Sœurs (1958), se penche sur les bouleversements provoqués par la guerre dans les campagnes russes, en particulier dans l'existence des femmes. Deux Hivers et trois étés (1968) poursuivent cette entreprise, au sein de ce qui est désormais une chronique villageoise, intitulée les Priasline, en décrivant la vie à Pékachino pendant la reconstruction. Le troisième volume, À la croisée des chemins (1973), connu en français sous le titre la Chronique de Pékachino, donne à sentir le malaise de la communauté paysanne face à la collectivisation. La Maison (1980) clôt cette grande fresque dont l'action s'étend sur trois décennies. Abramov est un représentant de la « prose rurale », qui refuse l'idéalisation du réalisme socialiste au nom d'une vérité critique.
Abramovitz (Chalom Jacob) , dit Mendele Mocher Sefarim
Écrivain de langues yiddish et hébraïque (Kopyl', Biélorussie, 1835 – Odessa 1917).
Après avoir reçu une excellente formation juive traditionnelle, il s'établit en Ukraine, se consacrant à l'enseignement et à l'écriture. Soucieux de moderniser la vie des Juifs de l'empire russe, il publie en hébreu des essais (Sentence de paix, 1860) et des récits (Apprenez à bien agir, 1862) prônant la reforme de l'éducation et l'assainissement de l'activité économique. Dans le Petit Bonhomme (1863-1864), sa première œuvre en yiddish, apparaît pour la première fois son pseudonyme, « Mendele le colporteur de livres ». D'autres œuvres en yiddish : le drame l'Impôt (1869) et les romans la Jument (1873), les Voyages de Benjamin III (1878), Fichké le Boiteux (1888) et l'Anneau magique (1888-1894). En hébreu, il publie des nouvelles (Dans le mystère de la foudre, 1886) et des traductions. Mêlant allégorie et observation réaliste, il montre un monde juif peuplé de mendiants, où des notables et des exploiteurs accablent une masse ignorante et superstitieuse. Tant en hébreu qu'en yiddish Mendele est le véritable créateur du langage littéraire moderne, et le point de départ d'une nouvelle tradition littéraire.
Abreu (João Capistrano de)
Historien et essayiste brésilien (Maranguape, Ceará, 1853 – Rio de Janeiro 1927), auteur des Chapitres d'histoire coloniale (1907), vaste fresque du Brésil du XVIe au début du XIXe s.
Abu Al-Ala al-Maarri
Poète et prosateur arabe (Ma'arrat al-Nu'man, Syrie, 973 – id. 1057).
L'une des figures majeures de la littérature arabe classique, esprit libre et original, il a construit une œuvre très personnelle, marquée par une solide connaissance de la langue et de la culture de son époque. Sa poésie, d'abord relativement conventionnelle, manifeste, après sa retraite en 1010, sa capacité à jouer avec dextérité, voire délectation, des contraintes formelles, mais aussi sa volonté d'offrir une pensée critique, aux accents pessimistes, qui, pour certains, va à l'encontre du dogme. Dans l'un de ses ouvrages en prose rimée, dont nous ne possédons aujourd'hui qu'une partie, on a cru voir une tentative pour faire pièce au Coran... C'est que l'homme de lettres sembe être aussi un homme de résistance, rejetant le monde, refusant de se nourrir de la chair des autres créatures. Son ouvrage le plus célèbre, la Risalat al-ghufran (Épître du pardon), est un savoureux voyage dans l'au-delà, qui a su garder jusqu'à aujourd'hui un charme indéniable pour sa verve et son ironie.
Abu al-Atahiya
Poète arabe (Kufa 748 – Bagdad vers 826).
Connu d'abord par des chansons à boire et des vers d'amour, il se tourna ensuite vers la poésie édifiante, illustrant la précarité du monde et l'omniprésence de la mort. On a parfois douté de la sincérité de son pessimisme moralisateur, tout comme de la pureté de sa foi. Il n'en est pas moins l'un des plus authentiques poètes de l'époque, l'un des maîtres du thème de la mort, un « moderne », enfin, par le ton et la simplicité du verbe.
Abu al-Faradj Ali al-Isfahani
Écrivain arabe (Ispahan 897 – Bagdad 967).
Il est l'auteur d'une œuvre monumentale, l'un des chefs-d'œuvre de la critique arabe au Moyen Âge, le Kitab al-Aghani (Livre des chansons). Théoriquement consacré aux chants choisis par les plus célèbres musiciens du temps, dont Ibrahim al-Mawsili, et recueillis sur l'ordre du calife Harun al-Rachid, le livre s'ouvre sur les vies des poètes auteurs des textes chantés, sur d'autres pièces composées par eux, sur l'art poétique en général, les traditions de l'Arabie prémusulmane, la vie intellectuelle et sociale sous les califes umayyades de Syrie et leurs successeurs 'abbassides de Bagdad, intégrant ainsi l'anthologie et la critique littéraires à la plus large histoire.
Abu Chabaka (Ilyas)
Poète libanais (Providence, New York, 1903 – Sûq Mikhâ'il 1947).
Son œuvre romantique privilégie la nature et la passion ([les Vipères du paradis], 1938 ; Ghalwa', 1945) et témoigne d'une sensibilité révoltée.