Barbier (Auguste)
Poète français (Paris 1805 – Nice 1882).
Il se fait un nom avec des vers inspirés des journées de juillet 1830 (Ïambes, 1831). « La Curée », « le Lion », « l'Idole » disent l'émotion devant le mouvement populaire et le pessimisme quant à l'avenir. En alexandrins et en octosyllabes, il exprime « des pensées utiles et honnêtes » (Baudelaire). D'Italie il rapporte Il Pianto (1833). Il retrouve son premier ton avec « les peines et les misères » de l'Angleterre laborieuse (Lazare, 1837). De médiocres vers traditionnels aussi (Chants civils et religieux, 1841 ; Silves, 1865). Académicien en 1869, Barbier est un « poète de hasard » (Sainte-Beuve). Son vers « rude et grossier » vibre aux scènes de la rue, traduit en images fortes, édulcorées de toute phraséologie bien-pensante, le symbolisme révolutionnaire. Delacroix lui doit sa Liberté guidant le peuple. Ses poèmes de circonstance ont connu au long du XIXe siècle une vogue égale à celle d'œuvres majeures. Redécouverts pour leur évocation des misères populaires, ils passent pour une poésie « prémarxiste » et font « appel au cœur et à l'intelligence des possédants » (G. Cogniot).
Barbour (John)
Chroniqueur et théologien écossais (vers 1316 – Aberdeen 1395).
Son poème épique de 14 000 vers, The Bruce (vers 1375 ; publié à Édimbourg en 1616), célèbre le bandit qui devint roi d'Écosse, prêtant à ce patriote les vertus de la chevalerie internationale. C'est le récit du règne de Robert the Bruce et de la défaite qu'il inflige, à Bannockburn, en 1314, au roi d'Angleterre Édouard II.
Barbu (Eugen)
Écrivain roumain (Bucarest 1924 – id. 1993).
Personnage très controversé de la vie littéraire, accusé de plagiat pour son roman Incognito (1978), il demeure néanmoins l'un des meilleurs prosateurs contemporains. Son roman la Fosse (1957) évoque la saga d'une communauté de tziganes située à la périphérie de la capitale. Avec le Prince (1969) et la Semaine des fous (1981), il donne une représentation fastueuse et décadente de l'époque phanariote.
Barbu (Dan Barbilian, dit Ion)
Poète et mathématicien roumain (Campulung, Arges, 1895 - Bucarest 1961).
Débutant par des vers d'inspiration parnassienne, il se réclame plus tard de Mallarmé et de Valéry, à travers une poésie de facture hermétique. Son principal recueil de vers, Jeu second (1930) allie la frénésie vitale, symbolisée par le motif récurrent de la noce, à la quête de l'idée pure et à l'élan vers l'absolu, à travers le « jeu » rafffiné d'un langage aux sonorités incantatoires. Mais c'est dans les poèmes du cycle Isarlik, proches du surréalisme et construits sur les motifs pittoresques du folklore balcanique, que le poète donne le meilleur de lui-même.
Barbusse (Henri)
Écrivain français (Asnières 1873 – Moscou 1935).
Né à la fin du siècle, il partage le pessimisme de son temps : on le voit à la mélancolie de son recueil les Pleureuses (1895), dans son roman noir l'Enfer (1908), dans ses recueils de nouvelles désenchantées datant d'avant 1914, Nous autres (1914), l'Illusion (1919), l'Étrangère (1922), Quelques coins du cœur (1921). Engagé volontaire dès le 2 août 1914, il participe longtemps à la terrible réalité de la guerre, et son livre le Feu – à la fois reportage sur une guerre concrète et atroce, création littéraire et romanesque, épopée réaliste du peuple en guerre, message pacifiste et révolutionnaire – obtient le prix Goncourt en 1916.
Dès lors, l'écrivain devient combattant social : il fonde en 1917 l'Association républicaine des anciens combattants et, en 1919, le mouvement international d'intellectuels Clarté. Il écrit trois essais politiques, la Lueur dans l'abîme, Paroles d'un combattant, le Couteau entre les dents, où il défend les idées du communisme. Mais il reste un écrivain, en publiant son roman Clarté (1919) – où dominent, dans un style expressionniste, les thèmes individuels du sexe et de la mort comme ceux de l'oppression idéologique et sociale –, sa vaste fresque historique des Enchaînements (1925) et sa trilogie religieuse sur Jésus (1926-1927), passionnante aventure poétique, mythique et épique. Par ailleurs, sa conception de l'écrivain « homme public » lui fait déployer une vaste activité contre l'oppression, le fascisme et la guerre, et pour le communisme, avec une foi aveugle en l'U.R.S.S. : s'enchaîneront ainsi les Bourreaux (la terreur blanche dans les Balkans) [1926], le Comité Amsterdam-Pleyel contre la guerre (1933), Connais-tu Thachmann ? (1934), Russie (1930) et Staline, Un monde nouveau vu à travers un homme (1935). Il fonde Monde (1928-1935), revue indépendante de tout parti, qui se heurte à divers sectarismes. Bienveillant mais prudent à l'égard de la littérature prolétarienne, il préfère laisser à chaque créateur ses responsabilités artistiques. Cela ne l'empêche pas d'avoir ses conceptions personnelles, dans le sens d'un réalisme qui dépasserait celui de Zola (1932). Durant les dix dernières années de sa vie, il diversifie dans ce sens sa production : Force (Trois films) [1926] tente de fonder un renouveau d'écriture à la fois sur l'art cinématographique et sur le récit idéologique, Faits divers (1928) est sans fiction, Élévation (1930) mêle « l'homme-point » et « l'homme-monde ». On ne peut manquer de trouver de l'intérêt à cet ensemble de préoccupations idéologiques et esthétiques. Barbusse est un écrivain qui a poussé le plus loin qu'il a pu la convergence entre questions artistiques et sollicitations politiques.
Barde (Alexandre)
Écrivain français de Louisiane (près de Saint-Gaudens, 1816 – Moreauville 1868).
Arrivé en Louisiane en 1842, il a écrit dans les journaux et les revues poésies et articles. Il est l'auteur du premier roman publié en français en Louisiane (Mademoiselle de Montblancard, 1844) et d'un roman historique dans la veine d'Alexandre Dumas (les Pirates de la Louisiane, 1848). Il a aussi écrit une Histoire des comités de vigilance aux Attakapas (1861).
Bardesane d'Édesse
Hérésiarque syriaque (Édesse v. 154 – id. 222).
Pour l'instruction du peuple chrétien, il composa des hymnes métriques et fut ainsi le fondateur de la forme poétique dont Éphrem et ses successeurs devaient user avec tant de succès. Son Livre des lois des pays, où il défend le libre arbitre de l'homme, est peut-être à distinguer du traité Sur le destin, que certains lui attribuent.