Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Malaika (Nazik al-)

Femme de lettres irakienne (Bagdad 1923 – Le Caire 2007).

Sa mère Salmâ (Bagdad 1909 – id. 1953) a elle-même laissé des poèmes consacrés à la cause palestinienne. Critique littéraire écoutée, Nâzik a publié des études sur le vers libre (Problèmes de la poésie contemporaine, 1962), des essais critiques (la Poésie de 'Alî Mahmûd Tâhâ, 1965) et de nombreux recueils lyriques (l'Amante de la nuit, 1947 ; Éclats et Cendres, 1949 ; le Creux de la vague, 1957 ; l'Arbre de la lune, 1968 ; le Drame de la vie, 1970 ; la Prière et la Révolte, 1978 ; La mer change de couleur, 1978) qui posent une lancinante interrogation sur la destinée de l'homme. Chef de file de la poésie moderne de son pays, elle a été la première, avec son compatriote Sayyâb, à délivrer la technique poétique des contraintes classiques.

malaise (littérature)

Littérature classique

La littérature malaise classique s'est développée avant que la colonisation de l'Indonésie et de la Malaysia (néerlandaise pour l'Indonésie, anglaise pour la Malaysia) ne soit effective (fin XIXe-début XXe s.). Depuis cette époque sont apparues deux littératures écrites dans une même langue (le malais) qui, du fait d'influences distinctes, divergeait quelque peu et prenait deux noms différents (malais et indonésien). Si les premiers témoignages d'écriture en langue malaise apparaissent dès le VIIe s., ce n'est qu'au XIVe qu'est attestée une forme littéraire en malais (un poème noté en caractères indiens découvert sur la pierre tombale d'une princesse de Pasai). On ne peut cependant parler de véritable production littéraire qu'à partir de l'introduction, vers le XVe s., de l'alphabet arabe, qui note à la fois une tradition orale antérieure et une littérature nouvelle.

   La littérature classique n'est pas imprimée mais écrite sur du papier javanais, chinois, arabe ou européen en caractères arabes (jawi). Ses auteurs sont, pour la plupart, inconnus. On ne peut guère citer que quelques noms comme Abdul Rauf Singkel, Bokhari al-Jauhari, Hamzah Fansuri, Nuruddin al-Raniri, Raja Ali Haji, Syamsuddin al-Sumatrani, Tun Sri Lanang. Les œuvres actuellement connues ne sont pas des originaux mais des copies, pour la plupart, récentes (la majorité date du XIXe s.). Les plus anciennes remontent à la fin du XVIe ou au début du XVIIe s. Certains indices externes (comme la date d'entrée dans une bibliothèque, l'appartenance du manuscrit à tel personnage, le filigrane du papier s'il s'agit de papier européen) permettent d'en fixer la date approximative. La littérature malaise classique comprend deux courants : un courant populaire et un courant plus élaboré qui s'est développé dans les cours des sultanats. Les genres littéraires sont variés. Parmi les genres en prose, on trouve la hikayat, le cerita (récit), le sejarah (histoire) ou silsilah (généalogie), le undang-undang (recueil de coutumes). Parmi les genres poétiques les plus connus et qui ont engendré la plus grande production, on note le pantun et le syair.

   Nombre d'œuvres relatent des événements historiques ou imaginaires se rapportant à telle région de l'archipel ou de la péninsule et que l'on classe traditionnellement sous l'appellation de « littérature historique ». Ces œuvres « historiques » comprennent généralement deux parties. La première est mythique ou légendaire et cherche à asseoir la légitimité du souverain en lui attribuant des origines fabuleuses, le faisant descendre, par exemple, d'Alexandre le Grand, d'un roi à la naissance extraordinaire ou du « prophète » Adam. La deuxième partie est plus réaliste. Il en est ainsi de : Hikayat Raja-Raja Pasai (Histoire des rois de Pasai) ; Sejarah Melayu ; Hikayat Merong Mahawangsa (Sur l'histoire de Kedah) ; Misa Melayu (sur Perak) ; Silsilah Melayu dan Bugis dan Sekalian Raja-Rajanya (Généalogie malaise et bugis et de tous les rois) ; Tuhfat al-Nafis (sur les rois malais, bugis, siak et de Johor jusqu'à la fondation de Singapour pour Raffles) de Raja Ali Haji ; Hikayat Banjar dan Kota Waringin et Silsilah Kutai (sur Kalimantan) ; Hikayat Hang Tuah ; Hikayat Negeri Johor ; Syair Perang Mengkasar (sur la guerre entre les habitants de Malassar et les Néerlandais entre 1668 et 1669).

   Des épopées comme Hikayat Indraputra, des contes tels que les Histoires de cerf-naim (Hikayat Pelanduk), les poèmes du Syair Bidasari font aussi partie d'un fonds original. D'autres œuvres sont adaptées ou traduites d'œuvres indiennes, persanes ou javanaises. Hikayat Sri Rama est ainsi l'adaptation de la fameuse épopée indienne du Ramayana ; Hikayat Pandawa Lam (Histoire des cinq Pandava) et Hikayat Pandawa Jaya (Histoire des Pandava victorieux) dérivent du Mahabharata ; Hikayat Kalilah dan Dimnah est la version malaise du Pancatantra sanskrit.

   On trouve aussi des transpositions d'œuvres persanes – comme Hikayat Muhammad Hanafiyyah (sur la mort de Hasan et Husayn, les fils d'Ali et de Fatimah, et la vengeance de leur mort par leur demi-frère Muhammad Hanafiyyah) ou Hikayat Bakhtiar – et d'histoires en langue javanaise comme Cerita Panji, Hikayat Panji Semirang, Syair Panji Semirang, qui ont pour héros Panji, ou Hikayat Sang Roma. Beaucoup de ces œuvres ont un caractère religieux marqué et de nombreux hikayat ou syair ont pour thèmes les divers moments de la vie de Mahomet : Hikayat Nur Muhammad (Histoire de la lumière de Muhammad) ; Hikayat Nabi Bercukur (Histoire du Prophète qui se rase) ; Hikayat Nabi Wafat (Histoire de la mort du Prophète). D'autres prennent pour personnages les compagnons du Prophète (Hikayat Muhammad Hanafiyyah) ou ses précurseurs (Hikayat Muhammad Nabi Yusuf [Histoire du Prophète Joseph] ; Syair Nabi Allah Yusuf [Histoire du Prophète de Allah Joseph]) et les propagateurs de l'islam (Hikayat Amir Hanzah).

Littérature moderne

Ancienne colonie anglaise, la Malaysia, a depuis son indépendance, adopté le malais d'abord concurremment avec l'anglais (1957) puis comme seule langue nationale (1967). La littérature malaise est donc prédominante, mais il existe aussi une littérature en tamoul, en chinois et en anglais. Plusieurs facteurs ont contribué au développement de la littérature malaise moderne. Le plus important est l'imprimerie, qui permit l'apparition d'une presse périodique, seul moyen de diffusion des œuvres à l'origine. Mais il faut noter aussi les traductions ou adaptations d'œuvres du Moyen-Orient – comme l'Histoire de Faridah Hanum (1925), adaptation d'une œuvre égyptienne par Syed Syeikh bin Ahmad Al-Hadi (1867-1934) – ou de l'Occident : ainsi l'Histoire du vol de cinq millions de dollars (1922), reprise d'un roman policier anglais par Muhammad bin Muhammad Said (1888-1939). Bien que des traces de modernisme soient sensibles dès le XIXe s. (avec, entre autres, l'œuvre de Abdullah bin Abdul Kadir Munshi), la naissance de la littérature malaise moderne est relativement tardive. On la date généralement de la publication en 1920, d'une nouvelle à caractère moralisant, les Malheurs du fainéant de Nor bin Ibrahim et qui sert de modèle à de nombreux écrivains dont le plus productif est Abdul Rahim Kajai : les thèmes qu'ils développent sont essentiellement de nature sociale (moralité, religion, enseignement, mariage forcé, etc.) et nationaliste (à partir des années 1930).

   Le roman apparaît en 1927 avec Un véritable ami de Ahmad bin Haji Muhammad Rashid Talu. Très didactiques, les premiers romans malais traitent aussi des problèmes du couple, de la dégradation de la vie urbaine, du réveil de la conscience nationale avec Abdul Samad bin Ahmad, Abdullah Sidek, Ahmad Kotot, Harun Aminurrashid, Raja Mansor bin Raja Abdul-Kadir, Shamsuddin Saleh. La poésie n'apparaît qu'en 1934 avec Muhammad Yasin Ma'amor, dont l'œuvre témoigne d'une nette influence des écrivains du Pudjangga Baru indonésien. Ce n'est que sous l'occupation japonaise (1942-1945) qu'elle se développa pleinement grâce à S. N. Masuri.

   La fin de la guerre du Pacifique, en 1945, marque le point de départ d'une période d'expansion de la littérature malaise. Les activités culturelles se concentrent d'abord à Singapour, qui voit, en 1950, la fondation de l'Angkatan Sasterawan '50 (Asas'50) à laquelle appartiennent des écrivains comme Asraf, Awam-il-Sarkam, Hamzah, Jamil Sulong, Jymy Asmara, Keris Mas, Mas, Masuri S. N., Rosmera, Usman Awang, Wijaya Mala, dont le mot d'ordre est l'« art pour le peuple ». Après l'indépendance (1957), Kuala Lumpur, capitale du nouvel État, prend la relève. Désormais, l'activité littéraire et linguistique se concentre en grande partie autour du Dewan Bahasa dan Pustaka, qui publie la revue littéraire et linguistique Dewan Bahasa. Lorsque, en 1965, Singapour se sépare de la Malaysia pour devenir une République indépendante, la position prédominante de Kuala Lumpur dans le domaine de la littérature malaise sera confirmée. Dans les premières années qui suivent la fin de l'occupation japonaise, les romanciers confirmés comme Abdullah Sidek, Ahmad Boestaman, Ahmad Lutfi, Ahmad Murad, Ishak Haji Muhammad, Harun Aminurrashid publient des romans historiques (dont l'action se situe souvent à l'époque du sultanat de Malacca), mais aussi des romans d'amour et des romans sociaux. Les jeunes auteurs écrivent également des romans qui, d'abord considérés comme « légers », sont, à partir des années 1960, qualifiés de « sérieux » : les thèmes favoris d'Adibah Amin, Alias Ali, Hamzah, Jah Lelawati, Jymy Asmara, Rosmera, A. Samad Said, Shahnon Ahmad, Wijaya Mala sont alors les problèmes sociaux : chômage, crise morale de la jeunesse, prostitution, misère, etc.

   Les nouvellistes n'ont plus, comme leurs aînés, grand rapport avec le journalisme. Ils sont, pour beaucoup, enseignants, étudiants ou diplômés d'universités (Abdul Shukur Harun, Ajikik, Alias Ali, Kala Sabirin, Arena Wati, Hasan bin Muhammad Ali, Kala Dewata, Kassim Ahmad, Malungun, Nora, Rokiah, Abubakar, Salmi Manha, Shahnon Ahmad, Stanza). Ils se sentent concernés par la situation sociale, économique et politique, dont ils décrivent généralement les plus mauvais aspects. Quant à la poésie, après une période romantique (1946-1948) avec Denegara Jaya, S. N. Masuri, Rosmera, elle connaît, à partir de 1955, une courte phase « symboliste » avec des poètes comme A. S. Amin, M. Ghazali, S. I. Noor, dont l'hermétisme est très contesté. Le lyrisme se rapproche, dans les années 60, du quotidien avec Anis Sabirin, Firdaus Abdullah, Kassim Ahmad, Kemala, Mokhtar Yasin, Shamsuddin Ja'afar, A. Wahab Ali, Zulastry.

   Le théâtre qui manifestait, dès le XIXe s., un renouveau avec le bangsawan, s'ouvre au modernisme en 1951 avec Teh Fatimah Abdul Wahab, et s'épanouit dans les années 60, grâce à Bidin Subari, Kalam Hamidi, Shaharom Hussein, Usman Awang.

   L'activité littéraire est encouragée par le gouvernement (du moins jusqu'en 1976), des organisations comme l'Association des écrivains nationaux (Gapena), qui regroupe toutes les organisations littéraires du pays, le Dewan Bahasa dan Pustaka, qui décernent de nombreux prix. Des manifestations littéraires comme les « Journées » de la poésie, de la littérature nationale, la Conférence des écrivains de l'Association des nations du Sud-Est asiatique (l'Asean), la fête du Théâtre, les cours de créativité littéraire organisés dans les universités sont autant d'éléments stimulants. Le théâtre attire de plus en plus les écrivains, comme le montre la formation, au début de l'année 1982, du « théâtre de la Troisième Génération », qui regroupe un certain nombre de troupes théâtrales de la péninsule.

   Outre les « vétérans », déjà connus avant la Seconde Guerre mondiale (Abdul Samad Ahmad, Abdullah Hussain) et les auteurs appartenant aux générations de 1950 et de 1960 (Arena Wati, Azizi Haji Abdullah, Baha Zain, Harun Hassan, Khadijah Hashim, Nora, S. Othman Kelantan, A. Samad Ismail, A. Shukor Harun, Shahnon Ahmad, Usman Awang, Wijaya Mala) s'affirme une nouvelle vague avec Abdul Talib Mohd, Hassan, A. B. Amasuba, Anwar Ridhwan, C. D. Baharuddin, Fatimah Busu, Muhd. Mansur Abdullah, Rubaidin Siwar, Zaid Ahmad. À travers un réalisme, qui va du psychologique au social, les thèmes ont cependant peu varié : problèmes du mariage, de la condition féminine, du rapprochement des races, de la vie des citadins, du travail des paysans et des pêcheurs. Des signes de nouveauté existent cependant. C'est ainsi qu'Ali Majod, Anwar Ridhwan, Mana Sikana ou S. Othman kelantan (le Vent du nord-est) ont adopté la technique du Nouveau Roman. Dans le domaine théâtral, un renouveau s'est amorcé depuis la fin de l'année 1970 avec la représentation de la pièce de Noordin Hassan Le vent ne souffle pas sur l'herbe haute : proche du « théâtre de l'absurde », elle a influencé des dramaturges comme Dinsman, Hatta Azad Khan et Johan Jaaffar.