Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Rodrigues (Nélson)

Écrivain brésilien (Recife, Pernambuco, 1912 – Rio de Janeiro 1980).

Il a renouvelé la dramaturgie brésilienne en y introduisant des techniques narratives qui reflètent les procédés du subconscient, ainsi que la division de la scène en plusieurs plans (Robe de mariée, 1943 ; la Défunte, 1954 ; la Bouche d'or, 1959 ; Baiser sur l'asphalte, 1961). Ses pièces sont d'une remarquable efficacité dramatique.

Rodrigues Lobo (Francisco)

Écrivain portugais (Leiria 1580 – noyé entre 1623 et 1627).

Son œuvre comprend des Églogues (1605), le poème héroïque le Connétable (1610) et des dialogues (la Cour au village, 1619), qui se veulent didactiques et rationalistes.

Rodriguez Galván (Ignacio)

Poète et dramaturge mexicain (Tizacuya 1816 – La Havane 1842).

Son œuvre lyrique, d'un romantisme exacerbé, semble tout voir à travers un prisme noir. Amertume et pessimisme baignent des poèmes tels que El tenebrario, Ève face au cadavre d'Adam, tandis que Prophétie de Guatimoc est soutenu par une inspiration plus sereine. Ses drames historiques (Muñoz, visiteur du Mexique), consacrés à l'exaltation des valeurs nationales, constituent l'une des premières manifestations du théâtre romantique au Mexique.

Roethke (Theodore)

Poète américain (Saginaw, Michigan, 1908 – Bainbridge Island, Washington, 1963).

Son œuvre (de Maison ouverte, 1941 à Des mots pour le vent, 1958, et Un champ éloigné, 1964) allie célébration et désespoir, approche sensuelle de la nature et tentation orphique, recherche du moi et de l'objet dans un mouvement où fusionnent psychanalyse jungienne et métaphysique.

Roggeman (Willem Maurits)

Écrivain belge de langue néerlandaise (Bruxelles 1935).

Ses premiers volumes de poésie (Rhapsody in blue, 1958) et ses tentatives romanesques (les Centaures, 1964 ) trahissent l'influence de la poésie expérimentale des années 50 et des techniques du Nouveau Roman. Son lyrisme s'enrichira, au cours des années, de traits plus personnels, tels le sens de l'ironie, l'intensité émotionnelle et une écriture toujours plus sobre, plus ramassée (Marco Polo à Venise, 1980). Il consacre une grande partie de son activité à la critique des écrivains de langue néerlandaise et tend vers la vision instantanée, l'aphorisme, le texte fragmentaire (Glaçure sur rien, 1982).

Rohmer (Arthur Henry Sarsfield Ward, dit Sax)

Écrivain anglais (Birmingham 1886 – Londres 1959).

Féru d'occultisme, il fit partie de la société secrète qui compta parmi ses membres Bram Stoker, le père de Dracula. Après le docteur Fu Manchu, incarnation parfaite du  péril jaune (le Mystérieux Dr Fu Manchu, 1913), il créa le policier parisien Gaston Max (le Crime de minuit, 1930) et la redoutable Sumuru (Nue sous un manteau de vison, 1950).

Roïdis (Emmanuel)

Écrivain grec (Syros 1835 – Athènes 1904).

Écrivain de culture européenne, critique littéraire avisé, il est célèbre pour son roman pseudo-historique (la Papesse Jeanne, 1866) qui fit scandale par son esprit libre-penseur ; il est aussi l'auteur de nouvelles pleines d'esprit et d'ironie (Psychologie d'un mari de Syros, 1894).

Roig (Jaume)

Écrivain catalan (Valence 1409 – Benimàmet 1478).

Médecin renommé, notable de la ville de Valence, il est l'auteur d'un poème didactique Spill, composé en 1460, également connu sous le titre Livre des dames et Livre des conseils, peinture extrêmement pittoresque des mœurs valenciennes de l'époque, dans laquelle il se propose de démontrer, en plus de seize mille tétrasyllabes, la perversité foncière de la femme – exception faite de son épouse et de la Vierge Marie – afin d'inciter tous les hommes à s'en détourner. La majeure partie de l'ouvrage se présente à cet effet comme l'autobiographie d'un personnage fictif, dont tous les malheurs sont venus des femmes : de sa propre mère (livre I), puis de ses épouses successives (livre II). Après une apparition de Salomon (livre III), le narrateur consacre sa vieillesse à une vie contemplative exempte de tout contact avec quelque femme que ce soit (livre IV).

Rois (livres des)

Le titre est lié à son objet, les règnes des rois David et Salomon ainsi que ceux des rois de Juda et d'Israël jusqu'à l'exil à Babylone. L'ouvrage se présente comme une série de biographies royales, dont la plupart sont coulées dans le même moule : une présentation (origine, synchronisme, âge lors de l'avènement, appréciation du règne, favorable ou défavorable) ; une conclusion (renvoi aux sources, mort, sépulture, indication du successeur). Les limites de ce cadre ne sont pas toujours respectées. C'est ainsi qu'elles sont largement débordées par l'insertion de deux grands ensembles narratifs qui couvrent plusieurs règnes : le cycle d'Élie (I Rois, XVII – II Rois, I) et le cycle d'Élisée (II Rois, II-XIII). C'est une histoire schématisée selon la perspective de l'Historiographie deutéronomiste dont le but est d'expliquer pourquoi la monarchie a échoué. Si la valeur des informations mises en œuvre par les auteurs des Livres des Rois présentent un intérêt indéniable pour l'historien, la préoccupation fondamentale des auteurs de cet ouvrage est pourtant d'ordre religieux : le sort de la dynastie davidique. La prophétie de Nathan lui assure la pérennité, en même temps qu'elle annonce le châtiment des rois qui viendraient à fauter (cf. II Samuel, VII, 5-16 ; I Rois, IX, 4-9). Aussi le jugement porté sur les dix-neuf rois d'Israël et sur les vingt rois de Juda repose-t-il exclusivement sur leur degré de fidélité à Yahvé. Cette fidélité est appréciée d'après l'observation des lois établies par le Deutéronome  : un seul Dieu, Yahvé, à l'exclusion de toute autre divinité (Deutéronome, VI, 3-19), et un seul lieu de culte, à l'exclusion de tous les autres sanctuaires (Deutéronome, XII, 1-13).

Rois de Corella (Joan)

Écrivain catalan (XVe s.).

Il fut l'un des premiers écrivains catalans de caractère humaniste et italianisant et le premier poète à introduire dans le catalan la musicalité du vers endécasyllabique (La tragedia de Caldesa, en vers et en prose ; A Caldesa y Debate con Caldesa ; Oración a la Virgen). De son abondante œuvre en prose se détachent Debate entre Telamón y Ulisses, Planto doloroso de la reina Hécuba et Historia de Leandro y de Hero, inspiré des Héroides.