Nesimî (Seïd Imadeddin, dit)
Poète azerbaïdjanais (Chemakha v. 1369 – Alep 1417).
Fils d'artisan, il reçut en arabe et en farsi une vaste culture humaniste et scientifique, mais fut aussi l'un des premiers écrivains à composer en azéri. Adepte du khouroufisme (qui avait établi une interprétation ésotérique des lettres), il parcourut le Proche-Orient et diffusa, à travers une poésie lyrique et philosophique (publiée en 1844-1845), une doctrine où les éléments d'un mysticisme panthéiste côtoient un culte de la femme et de l'amour terrestre, un éloge humaniste des pouvoirs de la raison et une sévère critique de l'ordre social et du clergé. Condamné pour hérésie, il fut écorché vif.
Nesin (Mehmet Nusret, dit Aziz)
Écrivain turc (Istanbul 1915 – id. 1995).
Romancier (Zübük, 1961 ; Surnâme, 1976) et mémorialiste (les Choses vont et viennent, 1966) il lance, en 1946, la revue humoristique Markopasa, puis en 1962 la revue Zübük (dont la causticité lui valut plusieurs fois la prison), mais il est surtout célèbre pour ses nouvelles qui brossent un tableau critique de la société (la Queue du chien, 1955 ; Il y a un fou sur le toit, 1956 ; Nous ne pouvons être des hommes, 1962 ; les Enfants d'aujourd'hui sont des génies, 1967). Il crée en 1983 la Fondation Aziz Nesin qui héberge des orphelins et ne cesse de s'engager pour plus de démocratie en Turquie. Il fait partie des rescapés de l'incendie criminel de Sivas (1993) où périrent une quarantaine d'artistes.
Nessi (Alberto)
Écrivain suisse de langue italienne (Mendrisio 1940).
De son premier volume de vers (les Jours fériés, 1969) à ses poèmes les plus récents (De la couleur de la mauve, 1996 ; Fleurs d'ombre, 1997 ; la Lyrique, 1998), ce professeur a parcouru un chemin qui l'a conduit du mythe intemporel de la jeunesse et d'un cadre pastoral aux problèmes plus actuels de l'environnement, en particulier du Tessin.
Nessi (Angelo)
Écrivain suisse de langue italienne (Locarno 1873 – id. 1932).
Nessi a été le seul écrivain tessinois à pouvoir vivre de sa plume. Il vécut à Milan, choisissant la vie de bohème postromantique, appelée aussi Scapigliatura. Outre des opéras et des comédies dialectales, il est surtout connu pour un « roman de formation », Cip (1924), aux traits autobiographiques, dans lequel l'atmosphère bourgeoise du Locarno de la fin du XIXe s. est rendue avec beaucoup de pittoresque.
Nestroy (Johann)
Écrivain autrichien (Vienne 1801 – Graz 1862).
Arrangeur du répertoire européen de son époque, Nestroy a écrit plus de 80 pièces. En lui, le théâtre populaire autrichien trouve son accomplissement et sa fin. Nestroy, acteur prodigieux (il a joué plus de 800 rôles), sera promu par la critique posthume au rang d'Aristophane viennois. Sa force réside dans sa faculté de mettre en scène les niveaux de langue les plus divers. Kraus le nomme « le premier auteur chez qui le langage réfléchit sur lui-même ». Ses titres les plus célèbres sont : Lumpazivagabundus (1833) ; le Talisman (1841) ; le Déchiré (1845) ; Liberté à Krähwinkel (1848) et une parodie mordante de Hebbel.
Netchouï-Levytskyï (Ivan Semenovytch)
Écrivain ukrainien (Stebliv 1838 – Kiev 1918).
Fils d'un prêtre rural, professeur au séminaire de Poltava (1865-1885), il subit l'influence des naturalistes français et du réalisme russe. Pionnier du roman social ukrainien, il évoque le monde paysan et sa décomposition consécutive à la réforme de 1861 (la Fille de ferme, 1876 ; Mykola Djeria, 1878 ; les Kaïdach, 1879) et peint avec pittoresque les milieux ecclésiastiques (Gens du vieux temps, 1885 ; l'Aventurier de l'Athos, 1890) et intellectuels (Au bord de la mer Noire, 1890). Il a laissé également des drames (Maroussia Bohouslavka, 1875), des romans historiques et une œuvre critique.
Neto (Agostinho)
Homme politique et poète angolais (Kaxikane 1922 – Moscou 1979).
Premier président de la République d'Angola (1975), il apparaît dès ses premiers textes comme le chantre de « l'angolanité » (Recueil de poèmes, 1961).
Neumann (Stanislav Kostka)
Poète tchèque (Prague 1875 – id. 1947).
Décadent à ses débuts, rejettant les valeurs traditionnelles, il était inspiré par la réalité (le Rêve de la foule des désespérés, 1903), la nature (le Livre des forêts, des eaux et des coteaux, 1914), les cités industrielles et la technologie moderne (Nouveaux Chants, 1918). Adhérant au communisme après la guerre (Chants rouges, 1923), puis exclu du parti, il poursuivit une œuvre où se croisaient élan collectif et lyrisme intime (Amour, 1933).
Neveux (Georges)
Auteur dramatique français (Poltava 1900 – Paris 1982).
Surréaliste (la Beauté du diable, 1929), secrétaire de L. Jouvet, il écrit des pièces mêlées de rêve et d'humour (Juliette ou la Clé des songes, 1930, adapté à l'écran par M. Carné en 1951 ; le Voyage de Thésée, 1943 ; Plainte contre inconnu, 1946 ; la Voleuse de Londres, 1960).
Newman (John Henry)
Écrivain anglais (Londres 1801 – id. 1890).
Formé dans l'évangélisme, poète (la Lyre apostolique, 1834), vicaire anglican puis curé de St. Mary's d'Oxford, il se lança dans le mouvement tractarien, critique de l'Église anglicane trop soumise à l'État. Avec Tracts pour le temps présent, manifestes publiés entre 1833 et 1841 par les membres du mouvement d'Oxford (connus dès lors comme les tractariens) et dont il rédige 24 sur les 90, il aboutit (Tract XC) à la rupture avec l'anglicanisme au profit du catholicisme. Converti au catholicisme (1845), fondateur à Edgbaston (Birmingham) en 1847 de l'Oratoire anglais, recteur de l'université catholique de Dublin (1851-1858), il devient rédacteur en chef de la revue Rambler, puis cardinal (1879). Les Ariens du IVe s. (1823), le Rêve de Gerontius (1866, dont Elgar fera un oratorio), la Grammaire de l'assentiment (1870) disent la soif de discipline et d'authenticité qui secoua le christianisme victorien. Son Apologia pro vita sua (1864) est l'autobiographie spirituelle la plus marquante du siècle. Son frère, Francis William, théologien (Londres 1805 – id. 1897), s'orienta vers le scepticisme (l'Âme, 1849 ; les Phases de la foi, 1850) avant de se consacrer aux mathématiques, à l'arabe moderne et à la lutte contre la viande, le tabac et la vivisection, avatars d'une quête de la pureté.