Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
A

Aneau (Barthélemy)

Écrivain français (Bourges ? – Lyon 1561).

Principal du collège de la Trinité de Lyon, il a écrit un Mystère de la Nativité (1539), une satire (Lyon marchant, 1541), un recueil d'emblèmes (Picta poesis, 1552), un roman (Alector, 1560) et Quintil Horatian (1551), pamphlet contre la Défense et Illustration de la langue française de Du Bellay. Aneau réfute la prétention de la Pléiade à réformer les lettres et les moyens de cette réforme, notamment l'imitation des Anciens. Hostile aux genres nouveaux comme à toute forme de poésie savante, il s'érige en défenseur des vieux écrivains nationaux.

Aneirin
ou Aneurin

Poète gallois du VIe s.

Son épopée Gododdin, connue chez les Saxons sous le nom de Deg sastan (603) célèbre, en 900 vers, les Bretons tombés à la bataille de Catraeth. C'est le plus ancien vestige littéraire de cette époque.

Angelus Silesius (Johann Scheffler, dit)

Théologien et poète allemand (Breslau 1624 – id. 1677).

Après sa conversion au catholicisme (1653), il entre dans les ordres et est ordonné prêtre (1661). Son œuvre maîtresse est le Pèlerin chérubinique (1657 et 1675). Dans ce recueil d'épigrammes religieuses, Angelus Silesius s'inspire aussi bien de Jakob Böhme que de la mystique espagnole ou rhénane (Tauler). Il coule le plus souvent la quintessence de cette tradition dans le moule étroit du distique d'alexandrins qui lui permet d'exprimer la relation antithétique entre l'homme et Dieu, et la résolution de cette opposition dans l'union mystique.

Angiolieri (Cecco)

Poète italien (Sienne v. 1260 – v. 1312).

Les femmes, le vin et le jeu sont les thèmes favoris de son œuvre poétique (plus de 110 sonnets), techniquement fort savante, mais qui caricature jusqu'à l'obscénité les motifs courtois du stilnuovo.

Angkatan 45 (« Génération de 1945 »)

Cette expression indonésienne, appliquée pour la première fois à la littérature en 1949 par Rosihan Anwar, journaliste d'origine Minangkabau, qualifie une génération d'écrivains dont les œuvres sont, en majorité, parues après la guerre du Pacifique. La pertinence du concept a été controversée, mais il est parvenu à s'imposer. Chairil Anwar, Achdiat Karta Mihardja, Aoh Karta Hadimadja, Asrul Sani, Balfas, Bujung Saleh, Bakri Siregar, Idrus, Mochtar Lubis, Pramudya Ananta Tur, Rivai Apin, S. Rukiah, Sitor Situmorang, Trisno Sumardjo, Usmar Ismail, etc., font partie de cette génération qui met tout particulièrement l'accent sur l'universalisme et l'homme.

Angkatan 66 (« Génération de 1966 »)

Employé, à l'origine, par les organisations étudiantes indonésiennes lors des manifestations succédant à la tentative de coup d'État communiste de 1965, ce terme fut repris par H. B. Jassin qui l'appliqua à une génération d'écrivains – celle d'Ajip Rosidi, Arifin Noer, Nh. Dini, Gerson Poyk, Goenawan Moehammad, Motinggo Boesje, K. H. Ramadhan, W. S. Rendra, Sapardi Djoko Damono, Subagio Sastrowardojo, Taufiq Ismail, Toha Mohtar, Umar Kayam – à qui il attribue la devise « la littérature pour la patrie et pour la vérité ».

Angkatan Sasterawan 50 (Asas 50) [« Génération des écrivains de 1950 »]

Association linguistique et littéraire malaise fondée en 1950 à Singapour.

Ses membres (Asraf, Awam-il-Sarkam, Hamzah, Jamil Sulong, Jymy Asmara, Keris Mas, S. N. Masuri, Rosmera, A. Samad Said, Usman Awang, Wijaya Mala) avaient pour mot d'ordre « l'art pour le peuple » ; ils luttaient pour l'unification du malais et de l'indonésien, l'utilisation dans l'écriture des caractères latins et publiaient surtout des poèmes et des nouvelles. L'un d'eux, Hamzah, provoqua en 1954, une scission qui fut à l'origine d'autres mouvements littéraires.

Angola

Un « partage des eaux » s'effectue en Angola entre le néoréalisme portugais (dont l'apogée se situe dans les années 1940) et le mouvement de la négritude senghorienne dont l'influence est patente chez plusieurs des pensionnaires de la « Casa dos estudentes do Emperio », réunis à Lisbonne dans les années 1950, et dans le groupe d'intellectuels qui se rassemble, dès 1948, autour du poète Viriato da Cruz. La nécessité de concilier engagement politique et affirmation culturelle explique l'importance pour les intellectuels angolais de l'exemple du modernisme brésilien : les similitudes ethniques, sociales et climatiques entre le Brésil et les territoires portugais d'Afrique auront permis aux écrivains afro-lusitaniens une meilleure compréhension de leur spécificité. Évoluant d'une forme calquée sur les modèles occidentaux à une écriture qui s'efforce d'épouser les règles de l'oralité, les écrivains angolais peinent à s'affranchir de la littérature militante qui accompagna les mouvements de libération : la peinture de la réalité sociale et la contestation du colonialisme prédominent dans les œuvres de romanciers comme Mario Antonio (Chronique de la ville étrange, 1964), Arnaldo Santos (Quinaxixe, 1965), y compris après l'indépendance (Pepetela, Yaka, 1985), tandis que des poètes comme Agostinho Neto (Colectânea de poemas, 1961), marqués par le surréalisme, tentent d'exprimer leur malaise dans un portugais qui aurait dégorgé sa « blancheur ».

Angot (Christine)

Écrivain française (Châteauroux 1959).

Si ses premiers romans relèvent de la fiction – Vu du ciel (1990), ou le destin d'une petite fille violée et assassinée qui devient un ange gardien, Not to be (1991), monologue intérieur d'un homme hospitalisé –, elle poursuit, en se revendiquant de Marguerite Duras, une démarche plus autobiographique avec Léonore, toujours (1993), Sujet Angot (1998) et l'Inceste (1999), pratiquant une écriture du corps « en train de vivre » et de l'intime (un amour homosexuel, la folie, l'ex-mari, la fille, le père, l'inceste) contre le mensonge et la violence sociale. La confusion entretenue entre l'auteur et son personnage, le style proliférant, syncopé, l'invective permanente installent une complicité trouble et dérangeante avec le lecteur. Ses pièces de théâtre (l'Usage de la vie, 1998 ; la Fin de l'amour, 2001) sont régulièrement montées en France (par Alain Françon, Hubert Colas).