Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
W

Watts (Isaac)

Poète anglais (Southampton 1674 – Stoke Hewington 1748).

Prêtre, théologien de la Trinité (1722) et de l'éducation (De l'amélioration de l'esprit, 1741), la ferveur de ses Hymnes (1707) et de ses Sermons (1721) se retrouve dans ses livres pour enfants, notamment Chants divins (1715), un classique dont W. Blake et L. Carroll donneront de sévères parodies.

Waugh (Evelyn)

Romancier anglais (Londres 1903 – Combe Florey, près de Taunton, 1966).

Journaliste, correspondant de guerre en Éthiopie (1936), converti au catholicisme (1930), historien, il donna des satires spirituelles (Diablerie, 1932 ; Retour à Brideshead, 1945 ; le Cher Disparu, 1948 ; l'Épreuve de Gilbert Pinfold, 1957), égratignant le journalisme (Scoop, 1938) et l'armée dans sa trilogie le Glaive de l'honneur : Hommes en armes (1948), Officiers et gentlemen (1955), la Capitulation (1961). Dans Un médiocre bagage (1964), il évoque avec humour et sensibilité ses souvenirs de jeunesse.

Webster (John)

Auteur dramatique anglais (Londres v. 1580 – id. 1624).

Collaborateur de Dekker, Heywood et Marston (le Mécontent, 1604), il tenta d'arracher le thème de la vengeance au théâtre populaire. Le Démon blanc ou Vittoria Corombona (1612) décrit les crimes et la vengeance que suscite une courtisane romaine. Dans la Duchesse de Malfi (1614), l'héroïne déchoit en épousant son majordome ; pour laver l'affront, ses deux frères la font étrangler, et la pièce finit dans un bain de sang.

Webster (Noah)

Publiciste, grammairien et lexicographe américain (New-Hartford, Connecticut, 1758 – New Haven 1843).

Partant du principe que « la grammaire doit se fonder sur le langage et non le langage sur la grammaire », il publie en 1806, dans le but de standardiser la langue américaine et de la faire évoluer en fonction de l'usage, le Compendious Dictionnary of the English Language, puis l'American Dictionary of the English Language (1828), toujours mis à jour et réédité.

Weckherlin (Georg Rudolf)

Poète allemand (Stuttgart 1584 – Londres 1653).

Diplomate et poète de cour, il a voyagé à travers l'Europe et passé presque la moitié de sa vie à Londres à la cour de Charles Ier. Influencés par les poètes français (Ronsard, du Bellay) et anglais, ses odes savantes, ses églogues et ses sonnets ne sont pas dénués d'originalité ni de fraîcheur (Odes et Chants, 1618-1619 ; Poèmes religieux et profanes, 1641). Certaines de ses chansons ont des accents proches du Volkslied. Avec Opitz et quelques autres, il a contribué à ouvrir la poésie allemande aux influences étrangères et participé au renouveau littéraire de l'Allemagne.

Weckmann (André)

Écrivain français de langue française, allemande et dialectale (Steinbourg 1924).

Dans son œuvre passionnément engagée, il s'est affirmé le défenseur de l'identité alsacienne, mais en faisant du couple « enracinement et ouverture » (« Verwurzelung und Weltoffenheit zugleich ») les deux pôles d'une quête de l'universel et d'un humanisme moderne, au-delà de tout folklore sentimental (les Nuits de Fastov, 1969 ; Geschichte aus Soranien, ein elsässisches Anti-Epos, 1973 ; Fonse ou l'Éducation alsacienne, 1975 ; Haxschiosdrumerum, 1976 ; Fremdigetter, 1978).

Wedekind (Frank)

Écrivain allemand (Hanovre 1864 – Munich 1918).

Dramaturge, metteur en scène et acteur, Wedekind fascine ses deux contemporains les plus rebelles : Brecht et Kraus. Opposé à l'émancipation féministe de son époque, il fait de son œuvre théâtrale la tribune d'une émancipation sexuelle placée sous le signe de la haine de la famille bourgeoise. Ses pièces les plus connues (l'Éveil du printemps, 1891 ; l'Esprit de la terre, 1895, et la Boîte de Pandore, 1904) rappellent la Sainte Famille de Friedrich Engels. L'Esprit de la terre et la Boîte de Pandore ont été réunis en 1913 par Wedekind sous le titre de Lulu. Lulu, la femme-animal à l'instinct sexuel exacerbé, séduit et corrompt tous ceux qu'elle rencontre ; portant en elle et autour d'elle la vie et la mort, elle sera, après une ascension fulgurante (Berlin, Paris), assassinée par Jack l'Éventreur. Victime de sa « nature », se situant au-delà de toute morale, elle défie l'ordre établi. L'œuvre a inspiré un film à G. W. Pabst (1928) et un opéra à A. Berg (1928-1935).

Weingarten (Romain)

Acteur et auteur dramatique français (Paris 1926 – Challans 2006).

Avec Akara, sa première pièce, il remporte, en 1948, le prix des Jeunes Compagnies. En 1961, il fait jouer les Nourrices, mais c'est à la fin des années 1960 que son théâtre trouve réellement son public (l'Été, 1966 ; le Pain sec, 1967 ; Alice dans les jardins du Luxembourg, 1969). En 1970, Comme la pierre entre au répertoire de la Comédie-Française. Les pièces suivantes se focalisent sur l'intériorité de personnages dérisoires (la Mandore, 1973 ; Neige, 1979 ; la Mort d'Auguste, 1982). L'imagination ludique de l'auteur, revendiquant la liberté d'écriture, passe du cauchemar à la féerie, dans un univers onirique mêlant l'insolite au quotidien, le rire à la peur. Weingarten a aussi publié des recueils de poèmes et, en 1983, le Roman de la Table Ronde, réécriture contemporaine des légendes médiévales.

Weinheber (Josef)

Écrivain autrichien (Vienne 1892 – Kirchstetten 1945).

Par opposition à ses origines modestes, décrites dans le roman l'Orphélinat (1924), il se forge, à partir de 1930, un style poétique hiératique qui se réclame de Hölderlin et de l'Antiquité. En témoignent Noblesse et Décadence (1934) et Couronne tardive (1936). Une vision héroïque de l'homme a fait de lui l'un des phares de la littérature national-socialiste. Mais son recueil dialectale Vienne prise au mot (1936) et une partie de ses poésies posthumes (Voilà la Verbe !, 1947) montrent un tout autre visage du poète.

Weinreich (Max)

Linguiste et historien de langue yiddish (Goldingen, Courlande, 1894 – New York 1969).

Après avoir obtenu son doctorat en germanistique à Marburg en 1923, il participa en 1925 à Vilnius à la fondation du YIVO, qu'il dirigea jusqu'en 1939. Réfugié à New York, il y reprit la direction du YIVO transplanté en Amérique. Il est l'auteur d'une monumentale Histoire de la langue yiddish (1973).