Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
E

Écosse

La poésie bardique des makaris (poètes gaéliques) a perpétué jusqu'au XVIIIe s. l'inspiration héroïque et la complexité des rythmes présents dès le Livre du doyen de Lismore (1512-1526). Elle sera ranimée dans les Hautes-Terres, placées sous la dépendance culturelle de l'Irlande, par l'inspiration courtoise tandis que les poètes de clan deviendront poètes nationaux. Les recueils de poésie orale surgiront à l'heure de l'effritement de la culture celte, après Macpherson. Et l'exil, l'urbanisation, l'adoption d'un bardisme souvent frelaté par le romantisme européen réduiront à néant au XIXe s. la littérature des Highlands. La renaissance poétique (Mclean, Hay, Crichton-Smith, McDiarmid) ne s'effectuera qu'après 1918, lorsque la poésie écossaise s'ouvrira sur les problèmes internationaux et les techniques modernes pour s'enraciner dans l'universel.

   La littérature des Basses-Terres, au contraire, s'inscrit très tôt dans l'histoire de la littérature anglaise. Jacques VI d'Écosse, lui-même écrivain, devenant Jacques Ier d'Angleterre (1603), met paradoxalement fin au particularisme écossais. Les ballades et pièces religieuses du Moyen Âge, la floraison du XVe s. (Barbour, Henryson, Dunbar, Douglas, Lyndsay) débouchent, sous l'influence de Chaucer, sur un ton particulier, fait de virulence, de passion et de nostalgie pastorale qui réapparaîtra avec R. Burns et Byron après une période d'incubation plus timide (Thomson, Blair, Beattie). L'originalité de l'enracinement écossais se traduit surtout en matière intellectuelle (Édimbourg est à la philosophie du XVIIIe s. ce que Francfort sera à celle du XXe : le lieu d'un humanisme rigoureux qui refuse de se séparer d'une vision sceptique teintée d'espoir). L'Écosse devient le décor idéal de la passion sauvage. L'image d'une civilisation cohérente (ordre, travail, hiérarchie), fondée sur l'alliance « spontanée » de la paysannerie et d'une aristocratie qui aurait retrouvé le sens de sa mission, trouve son expression chez Carlyle. La fin du siècle verra naître un pseudoréalisme attendri (l'école Kailyard), plus proche de la littérature pour enfants que du naturalisme. Entre nostalgie, révolte et insertion culturelle (Laing), la littérature écossaise semble un moment atteinte de paralysie, mais la fin du XXe s. voit renaître le roman écossais (Gray, Kelman), avec notamment des tentatives originales pour intégrer le dialecte à la narration même (Welsh).

Edda poétique

On appelle ainsi le manuscrit, découvert en Islande au début du XVIIe s. et actuellement conservé à Reykjavík, qui contient les grands poèmes mythologiques sur lesquels se fonde notre connaissance des antiquités germano-nordiques. Ce manuscrit date du XIIIe s. mais remonte à un original plus ancien d'un siècle. Il tient son nom soit du foyer culturel islandais d'Oddi, au centre de l'île, soit du latin edere, « composer de la poésie ». Les textes qu'il renferme sont d'auteurs inconnus, de dates et d'origines diverses. Si la Völuspá est bien islandaise et date de l'an mille environ, le Hamdismál pourrait remonter au VIIIe s. alors que des poèmes comme le Ikrymskvida semblent être du XIIIe s. Pour le contenu, on distingue habituellement entre poèmes mythologiques, qui mettent en scène Odinn (Grimnísmál), Thórr (Hárbardsljód), Freyr (Skírnisför), Baldr (Baldrsdraumar), poèmes gnomiques comme le Vafprudnísmál, éthiques (Hávamál), satiriques (Lokasenna) ou purement magiques (Gróttasöngr), et poèmes épiques centrés sur Helgi et sur son « successeur » Sigurdr, meurtrier du dragon Fáfnir, dont les exploits sont rapportés par la Völsunga Saga ou le Nibelungenlied. On placera à part la Rígspula, qui propose une justification mythique de la tripartition de la société, le Hávamál, qui résume l'éthique réaliste des Vikings, et la Völuspá, qui retrace l'histoire mythique du monde, des origines au Destin-des-Puissances (Ragnarök). L'ensemble constitue un témoin irremplaçable de l'esprit des anciens Scandinaves, hommes d'action férus de magie et défenseurs d'une conception lucide et dynamique du Destin.

Edde (Dominique)

Journaliste et écrivain libanaise de langue française (1953).

Publié aux éditions Gallimard, Lettre posthume (1989), son unique roman paru à ce jour, a suffi à lui seul à faire la renommée littéraire de son auteur. Dominique Eddé y narre le récit d'un personnage qui revient rétrospectivement sur sa vie, tandis qu'à l'arrière-plan, en une narration parallèle, se déroule le récit de la guerre du Liban.

Edelstadt (David)

Écrivain américain d'origine russe et d'expression yiddish (Kalouga 1866 – Denver, Colorado, 1892).

Après les pogroms de 1881, il participa à la construction de communautés agricoles juives aux États-Unis et s'établit à New York, où il fréquenta les milieux anarchistes et socialistes. Certains de ses poèmes et de ses chansons devinrent des hymnes du prolétariat juif révolutionnaire (Poèmes populaires, 1892).

Edgell (Zee)

Écrivain de Belize (Belize City 1940).

Écrivain et enseignante, elle a commencé par être journaliste au Daily Gleaner à Kingston (Jamaïque). Elle a ensuite fait partie du gouvernement de Belize et travaillé en faveur des droits des femmes. Grande voyageuse, elle est allée sur tous les continents et enseigne actuellement aux États-Unis. Elle a publié Beka Lamb (1982), qui s'inscrit dans le fil de la tradition, typique notamment des écrivains femmes de la Caraïbe, des récits d'enfance. Viennent ensuite À des périodes comme celles-ci (1991) et le Festival de San Joaquin (1997), où elle s'intéresse au rapport entre cohésion sociale et milieu citadin.

Edgeworth (Maria)

Femme de lettres anglo-irlandaise (Blackbourton, Oxfordshire, 1767 – Edgeworthstown, Irlande, 1849).

Auteur en collaboration avec son père, Richard Lowell Edgeworth, d'un traité rousseauiste Essais sur l'éducation pratique, 1798), elle illustra avec ses nombreux contes pour enfants ses théories morales et pédagogiques. Ses romans, dont Scott s'inspira, unissent le pittoresque romantique à l'évocation de l'identité irlandaise (Château Rackrent, 1800 ; l'Absent, ou la famille irlandaise à Londres, 1812).