Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
M

Miezelaitis (Eduardas Veniaminovitch)

Poète lituanien (Kareiviskiai 1919 – ? 1997).

Disciple de S. Neris, il cultive d'abord un lyrisme proche de la nature et des sources populaires (le Vent du pays, 1946 ; Poème fraternel, 1954), puis associe à la recherche de formes neuves une réflexion sur le monde actuel que conclura l'affirmation d'un humanisme socialiste (Pierres étrangères, 1957 ; l'Homme, 1961 ; Avia-Esquisses, 1962).

Migjeni (Millosh Gjergj Nikolla)

Écrivain albanais (Shköder 1911 – Turin 1938).

Son recueil, Vers libres, parut dès 1935, mais le reste de son œuvre, constituée de poèmes et d'articles littéraires, ne fut publié qu'après 1945. D'inspiration essentiellement sociale, il est un des plus importants auteurs du courant dit « progressiste » ou « démocratique » qui se développa en Albanie entre 1920 et 1930.

Miguéis (José Rodrigues)

Écrivain portugais (Lisbonne 1901 – id. 1980).

Ses nouvelles (Gens de 3e classe, 1962), ses romans, pièces de théâtre et chroniques (Réflexions d'un bourgeois, 1964) composent l'exemple achevé du « réalisme éthique ».

Miguel (André)

Écrivain belge de langue française (Ransart 1920).

Sa poésie (Orphée et les Argonautes, 1949 ; Fables de la nuit, 1966 ; Parler au dédale, 1978), où images et formes se font baroques, et qui se veut recréation du monde et de l'amour, se double d'une réflexion sur sa propre démarche (l'Homme poétique, 1974). Prosateur, Miguel est surtout l'auteur de l'Oiseau vespasien (1977), donnant une place prépondérante aux jeux de mots.

Mihajlovic (Dragoslav)

Écrivain serbe (Cuprija 1930).

Dans ses romans, Quand les courges étaient en fleurs et la Couronne de Petrija, il utilise une langue très populaire (argot des faubourgs de Belgrade ou patois de Serbie orientale). Mihajlovic est un excellent narrateur qui a un sens aigu des détails caractéristiques.

Mihajlovski (Stojan)

Poète bulgare (Elena 1856 – Sofia 1927).

Après des études au lycée français d'Istanbul puis à la faculté de droit d'Aix-en-Provence, il débuta par des recueils de vers, souvent en français (Poème du mal, 1888), et qui appellent une renaissance intellectuelle, seule capable de rendre à la nation bulgare son rôle d'avant-garde du monde slave qu'elle avait au Moyen Âge (Novissima Verba, 1889-1891). Son hymne Marche, peuple ressuscité est devenu un des poèmes bulgares les plus populaires. Ses satires et ses fables, qui figurent aujourd'hui dans tous les manuels scolaires, lui ont valu le surnom de « Juvénal bulgare » (Sonnets philosophiques et satiriques, 1895).

Mikhaël (Georges Ephraïm Michel, dit Ephraïm)

Poète français (Toulouse 1866 – Paris 1890).

Un premier prix au concours de poésie organisé en 1889 par l'Écho de Paris apporta à Mikhaël une certaine célébrité. Suivirent une féerie (le Cor fleuri, 1888), des Poèmes en prose (1890), un drame lyrique (Briséis, 1893), écrit avec Catulle Mendès et mis en musique par Chabrier, qui mêlent la mélancolie symboliste à des exigences quasi parnassiennes. Ce décadent érudit, célébré comme l'« espoir de la poésie française », mourut à 24 ans.

Mikhal (Mikhah Yoseph Lebensohn, dit)

Poète de langue hébraïque (Vilna 1828 – id. 1852).

Fils d'Abraham Dov Lebensohn, l'un des chefs de file du mouvement de la Haskalah, il bénéficia d'une éducation ouverte à la fois sur le monde juif et sur la culture européenne. Outre l'étude de la Bible, il apprit l'allemand, le polonais, le russe et le français, suivit les cours de Schelling à Berlin et accomplit très tôt des traductions. Atteint de tuberculose, il mourut à l'âge de 24 ans. Ses poèmes furent publiés par son père en deux recueils : Poèmes de la fille de Sion, 1851, et la Lyre de la fille de Sion, 1870. Influencé par le mouvement romantique, Mikhal se démarque parfois de la tradition littéraire de la Haskalah en libérant l'hébreu biblique de sa rigidité. Sa poésie est marquée par la présence de la mort. Le premier recueil de ses œuvres complètes parut en 1895.

Miki Kiyoshi

Écrivain et penseur japonais (Hyogo 1897 – Tokyo 1945).

Né dans une famille bouddhiste pieuse, il se nourrissait, dès sa propédeutique à Tokyo, de Shinran, religieux bouddhiste du XIIe s., en même temps que de saint Paul. La lecture de l'ouvrage de Nishida Kitaro Études sur le Bien détermina son orientation et le mena à l'Université de Kyoto (1917), où ce maître enseignait la philosophie. Pendant son séjour en Europe (1922-1925), il fut l'élève de Heidegger à Marbourg, puis il écrivit, à Paris, son premier livre, publié au Japon en 1926, Étude de l'Homme chez Pascal, lecture existentialiste qui utilisait la méthode heideggerienne de « l'ontologie de la vie ». À son retour, il s'intéressa à Marx, et continua ses recherches sur la philosophie de l'histoire. Il fut arrêté à cause de ses convictions et mourut en prison un mois après la fin de la guerre. Son œuvre posthume sur Shinran montre la place primordiale de la quête religieuse dans son itinéraire.

Mikszáth (Kálmán)

Écrivain hongrois (Szklabonya 1847 – Budapest 1910).

Après des études de droit, il débuta dans le journalisme et publia ses premiers récits (Ces chers Slovaques, 1881 ; Nos bons Palócz, 1882) qui le firent connaître dans tout le pays. Il finit par accepter le siège de député que lui offrait le parti gouvernemental. Ses scènes de mœurs villageoises (Seigneurs et Paysans, 1886) et ses romans humoristiques (le Parapluie de saint Pierre, 1895 ; Un étrange mariage, 1900) lui valurent une immense popularité.

Milá y Fontanals (Manuel)

Écrivain espagnol d'expression castillane et catalane (Vilafranca del Penedès 1818 – id. 1884).

Romantique, influencé par W. Scott (Classicisme et romantisme, 1836), il étudia le Moyen Âge catalan, la formation des épopées nationales et de la poésie populaire (De la poésie héroïco-populaire espagnole, 1874) et se fit le défenseur de la langue catalane, qu'il illustra avec la chanson de Bernard le Preux (1867) et la Complainte de Guillem (1872).

Milev (Georgi Milev Kasabov, dit Geo)

Poète bulgare (Radnevo, près de Stara Zagora, 1895 – Sofia 1925).

Dernier théoricien du symbolisme, il est le premier expressionniste en Bulgarie. Pendant les années 1920, il traverse avec éclat les lettres bulgares. À une époque dramatique, son œuvre est une des plus riches et des plus fructueuses. Par son tempérament et son caractère, il incarne la révolte pemanente, le rejet de la tradition au nom de la nouveauté et de la liberté artistique. Sous l'influence de différents courants poétiques (symbolisme français, expressionnisme allemand, futurisme russe), son œuvre poétique (la Prose terrible, 1919 ; le Petit Calendrier expressionniste, 1921 ; l'Enfer, 1922, ; Les icônes dorment, 1922,  ; Septembre, 1927) marque son apport original au renouveau culturel national : retour au folklore et aux mythes les plus anciens, expression de la misère et révolte sociale, attitude artistique engagée. Sa poésie rude, pleine de fougue, aux effets sonores inattendus, influence toute l'avant-garde bulgare après la Première Guerre mondiale.