Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
O

Olbracht (Kamil Zeman, dit Ivan)

Écrivain tchèque (Semily 1882 – Prague 1952).

Traitant des marginaux avec finesse (les Méchants solitaires, 1913 ; la Geôle la plus sombre, 1916 ; l'Étrange Amitié de l'acteur Jesenius, 1919), il écrit à partir de 1918 des romans et récits socialement engagés (Anna, la prolétaire, 1928 ; Nikola Šuhaj, bandit, 1933), des livres pour enfants et des récits autobiographiques.

Oldenbourg (Zoé)

Romancière et historienne française d'origine russe (Saint-Pétersbourg 1916 – ? 2002).

Elle se tourne d'abord vers le roman historique (Argiles et Cendres, 1946, puis la Pierre angulaire, prix Femina 1953) évoque l'histoire des cathares (le Bûcher de Montségur, 1959 ; les Brûlés, 1960 ; les Cités charnelles, 1961), et enfin les Croisades (1965) en se proposant d'analyser le côté humain de cette aventure longue complexe et tragique. Elle donne ensuite des aventures historiques individuelles (Catherine de Russie, 1966), collectives (l'Épopée des cathédrales, 1973) ou imaginaires (la Joie des pauvres, 1970). Elle a analysé son itinéraire personnel dans Visages d'un autoportrait (1976) et à travers l'évocation de son père (le Procès du rêve, 1982).

Olecha (Iouri Karlovitch)

Écrivain russe (Elisavetgrad 1899 – Moscou 1960).

Fils de nobles ruinés, il poursuivit à Moscou (à partir de 1922) une carrière de journaliste entamée à Odessa. En 1924, il écrit un livre pour enfants, lesTrois Gros, qui utilise la structure traditionnelle et le manichéisme du conte pour mettre en scène une révolution au cours de laquelle le régime despotique des « trois gros » est renversé par « le peuple ». Mais le genre du conte a alors très mauvaise presse, et il lui faut attendre 1928, et le succès de son roman l'Envie (1927), pour le publier. L'Envie aborde le problème de la place de l'individu, plus particulièrement des membres de l'ancienne intelligentsia, dans la nouvelle société. La narration se fait à travers le regard d'un jeune homme rêveur, enclin à une perception poétique du monde, qui a été recueilli par André Babitchev, incarnation de l'homme nouveau, dont il envie la force physique et morale et qu'il ne cesse d'observer, pour percer à jour son mystère car ce matérialisme triomphant lui semble lourd de contradictions. Le procédé narratif ainsi que l'actualité des problèmes soulevés firent le succès du roman. Cependant, la vie littéraire soviétique prenait un nouveau tournant auquel Oliecha tenta de s'adapter (son discours au premier Congrès de l'Union des écrivains en 1934 est une autocritique en règle), mais en vain. En 1965 cependant paraîtra un ouvrage posthume, Pas de jour sans une ligne, ensemble de souvenirs et de réflexions, où il consacre des pages magnifiques à sa jeunesse près d'Odessa.

Olier (Jean-Jacques)

Prêtre et écrivain français (Paris 1608 – id. 1657).

Ce disciple de saint Vincent de Paul et de Bérulle fonda le séminaire de Saint-Sulpice (1645). Auteur de traités de théologie et de morale (Introduction à la vie et aux vertus chrétiennes, 1658 ; Lettres spirituelles, 1672), il contribua, par sa sévère condamnation des spectacles et des comédiens au nom de la morale religieuse, à la déconfiture de l'Illustre-Théâtre de Molière.

Oliphant (Margaret Wilson, Mrs)

Écrivain anglais (Wallyford, Midlothian, 1828 – Windsor 1897).

Veuve à 30 ans, elle se met à écrire pour subvenir aux besoins de sa famille et devint l'une des femmes de lettres les plus prolifiques de l'époque victorienne. Critique, essayiste et surtout romancière, elle s'illustre dans la peinture des mœurs provinciales, avec ses « Chroniques de Carlingford » (1862-1876), à la manière des « Chroniques du Barset » de Trollope. Son chef-d'œuvre reste Miss Majoribanks (1866), où s'exprime un féminisme discret. On lui doit aussi de remarquables récits fantastiques (la Ville assiégée, 1880 ; le Vu et l'invisible, 1902), des biographies et des essais historiques (Annales d'une maison d'édition : William Blackwood et ses fils, 1897).

Oliveira (Alberto de)

Écrivain portugais (Porto 1873 – id. 1940).

Il passa de la virtuosité parnassienne de ses Poésies (1891) à une inspiration nationale et rustique (Paroles insensées, 1894). Il laissa des Mémoires (1926) sur sa vie de diplomate.

Oliveira (António Correia de)

Poète brésilien (São Pedro do Sul 1875 – Belinho 1960).

En marge du symbolisme triomphant, il témoigne d'une inspiration religieuse et populaire (Paraboles, 1905 ; les Tentations de Frère Gil, 1907).

Oliveira (António Mariano Alberto de Oliveira, dit Alberto de)

Écrivain brésilien (Palmital de Saquarema, Rio de Janeiro, 1859 – Niterói 1937).

Il fut, dès sa participation au groupe de la revue A nova idéia, un des chefs de file de la réaction au romantisme et au sentimentalisme décadent. Son talent descriptif et sa rigueur formelle, sur un fond d'ironie et d'esprit satirique, se déploient des Chansons romantiques (1878) et de Méridionales (1884) aux Poésies (1900-1927).

Oliveira (Carlos de)

Écrivain portugais (Belem, Brésil, 1921 – Lisbonne 1980).

La sobriété de la langue et du style caractérise son œuvre romanesque néoréaliste portant sur la bourgeoisie de province (Maison sur les dunes, 1943 ; Finistère, 1978).

Oliveira (Francisco Xavier de Oliveira, dit le Chevalier d')

Écrivain portugais (Lisbonne 1702 – Hackney, Grande-Bretagne, 1783).

Compromis par ses intrigues visant à succéder à son père, diplomate en poste à Vienne, il trouva refuge en Angleterre, où il devint protestant. Il a laissé, en portugais et en français, une œuvre d'esprit libertin et encyclopédique qui en fait un des rares représentants portugais des Lumières (Discours pathétique, 1756 ; Lettres, 1741-1742, publiées en 1855).

Oliver (Joan) , dit « Pere Quart »

Écrivain espagnol d'expression catalane (Sabadell 1899 – Barcelone 1986).

La poésie surréaliste des Décapitations (1934), qui devient violemment engagée dans l'Ode à Barcelone (1936), laisse place à deux ouvrages désenchantés inspirés par l'exil au Chili (Salon d'automne, 1947) et la mélancolie du retour en Catalogne (Terre de naufrages, 1956). L'engagement politique reparaît avec Vacances payées (1960) et Circonstances (1968). Également dramaturge, Oliver a réuni ses nouvelles (1963) et ses articles de presse (1969).