Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Pichette (Henri)

Poète et auteur dramatique français (Châteauroux 1924 – Paris 2000).

Né d'un père d'origine québécoise et d'une mère nîmoise, il eut une enfance mouvementée et vagabonde. Il s'engage à 20 ans dans la Ire armée et fait la campagne du Rhin au Danube comme correspondant de guerre. Démobilisé, il rencontre Artaud et se lie aux surréalistes. Ses Apoèmes (publiés par M.-P. Fouchet en 1946, éd. définitive 1979) en portent la marque, et celle de leurs communs ancêtres, Lautréamont et Rimbaud. À son ami Gérard Philipe (dont la mort le laissa muet des années durant et pour qui il dressera un Tombeau de Gérard Philipe, en 1961) il dédie sa pièce poétique les Épiphanies, créée en 1947 (éd. définitive 1969) par Georges Vitaly, avec G. Philipe et Maria Casarès, « mystère profane » qui illustre la vie et la mort du Poète en tableaux contrastés : la Genèse, l'Amour, la Guerre, le Délire, l'Accomplissement. Leurs tirades lyriques, véritable « poésie en expansion » (Julien Gracq) écrite pour être hautement proférée, ont marqué l'avènement d'un nouveau théâtre, que Nucléa (1952), monté au T.N.P. par G. Philipe, n'a pourtant pas imposé, en dépit d'une même ambition poético-dramatique opposant « les Infernales » au « Ciel Humain ». Ses essais et manifestes (Rond-Point, Lettres arc-en-ciel, le Point vélique, 1950) annoncent une orientation vers une poésie militante que confirment les Revendications (1957), dédiées au soulèvement de Budapest. Pichette est revenu à un lyrisme individuel avec Odes à chacun (1961) et Dents de lait dents de loup (1962).

Pichou

Auteur dramatique français (Dijon v. 1596 – Paris 1631).

Protégé par des Grands, ami de T. de Viau, il fit partie du groupe de Mareschal, Rayssiguier et Du Ryer, qui défendait une position moderne, sacrifiant au goût du romanesque et du raffinement stylistique, et prônant, dans la conception dramatique, la souplesse contre la contrainte des règles. Il écrivit des pastorales (la Filis de Scire, 1631) et des tragi-comédies (les Folies de Cardenio, 1630 ; l'Infidèle Confidente, 1631).

Picon (Jacinto Octavio)

Écrivain espagnol (Madrid 1851 – id. 1923).

Moraliste libéral, il s'attaque, dans ses romans d'inspiration réaliste, au sectarisme religieux (l'Ennemi, 1887), défend l'amour libre et critique le statut social de la femme espagnole (la Femme vertueuse, 1890 ; Douce et savoureuse, 1891 ; Juanita Tenorio, 1910 ; Femmes, 1911 ; Sacramento, 1914). Il est aussi l'auteur de nombreuses études de critique d'art, dont Vie et œuvre de Diego Velázquez (1899).

Pierre le Vénérable

Moine et écrivain néolatin (Montboissier, Auvergne, v. 1092 – Cluny 1156).

Prieur de Domène (1120), élu huitième abbé de Cluny (1122), il rétablit la discipline dans le monastère, mais s'opposa à saint Bernard. Voyageur curieux, il s'intéressa à l'islam et fit traduire le Coran. Il accueillit Abélard après sa condamnation en 1140 par le concile de Sens. Parmi ses nombreux ouvrages théologiques et didactiques, on retient un opuscule, Sur les miracles, et une importante correspondance.

Pierro (Albino)

Poète italien (Tursi, Matera, 1916 – Rome 1995).

En 1959, Pierro entreprend de transposer le dialecte de Tursi, l'un des plus archaïques de la Lucanie, dans ses poésies (la Terre du souvenir, 1960 ; les Amoureux, 1963 ; Metaponte, 1966 ; Laisse-moi dormir, 1971 ; Couteaux au soleil, 1973 ; Une belle histoire d'amour, 1977 ; Comment dois-je faire  ?, 1977 ; Tante ca parete notte, 1986 ; Nun c'è pizze di munne, 1992).

Pigault-Lebrun (Charles-Antoine-Guillaume Pigault de l'Épinoy, dit)

Écrivain français (Calais 1753 – Saint-Cloud 1835).

Il eut une jeunesse aventureuse et dissipée. Il mit son histoire à la scène dans un drame (Charles et Caroline, 1778), puis composa des comédies qui eurent du succès. Il devint célèbre avec l'Enfant du carnaval (1792), roman d'aventures libertines. Il poursuivit dans cette veine avec les Hussards ou les Barons de Felsheim (1798), Angélique et Jeanneton (1799), Mon oncle Thomas (1799), la Folie espagnole (1799), M. Botte (1802).

Pignatari (Décio)

Écrivain brésilien (Jundiai, São Paulo, 1927).

Poète, il passe de la poésie concrète (Vertèbre, 1956) à une poésie « plastique » libérée de la parole. Il participe à l'élaboration de la poésie concrète (1965) avec les frères Campos.

Piis (Pierre-Antoine-Augustin, chevalier de)

Écrivain français (Paris 1755 – id. 1832).

Il excella dans la parodie de pièces et d'opéras à la mode (la Bonne Femme, ou le Phénix, 1776 ; l'Opéra de province, 1780), composa des vers légers (Recueil de pièces fugitives, 1781), des contes en vers (les Augustins, 1778) et un poème didactique plus ambitieux, l'Harmonie imitative de la langue française (1785-1788). Fondateur avec Barré du Théâtre du Vaudeville (1792), il s'accommoda de toutes les modes et de tous les régimes (Stances à Joséphine, 1804 ; le Défenseur de la Sainte Alliance, 1814), mais resta résolument fidèle à la chanson et au vaudeville (la Nourrice républicaine, 1794 ; le Rémouleur et la Meunière, 1800).

Pilhes (René-Victor)

Écrivain français (Paris 1934).

Révélé par un roman picaresque (la Rhubarbe, 1965), variation sur l'onirisme et la bâtardise, il règle ensuite ses comptes avec la famille (le Loum, 1969), puis avec la société dont les crises sont assimilées à celles d'une multinationale (l'Imprécateur, 1974, prix Femina). Tandis que son engagement politique lui fait voir dans le libéralisme un fascisme rampant (la Bête, 1976), il a médité sur son expérience de publicitaire qui incite à une mise à distance des mots et des images (les Plaies et les Bosses, 1981). La Pompéi (1985) puis les Démons de la cour de Rohan (1987) sont de véritables études in vivo des passions du monde moderne, dont la Position de la Médiatrice, la Faux (1993), le Fakir (1995) et la Jusquiame (1999) analysent les errances et dénoncent les travers au cours du dernier siècle.

Pilinszky (János)

Poète hongrois (Budapest 1921 – id. 1981).

Mobilisé en 1944, il découvre en Allemagne l'horreur des camps de concentration nazis, qui doit marquer à jamais sa poésie (Trapèze et bonheur, 1946 ; Arêtes, 1972 ; Icônes des grandes villes, 1970).