Kultur Ligue
Centre culturel yiddish fondé à Kiev en 1912 autour des écrivains Bergelson, Der Nister, Hofstein. L'abolition des lois antijuives en 1917 donna un grand essor au centre, qui édita la revue Eygns et s'attira la collaboration de nouveaux auteurs (Markish, Singer, Kvitko) influencés par le symbolisme de Blok, le futurisme de Maïakovski, l'imagisme anglo-américain. La guerre civile et la censure politique amènent la disparition de la Kultur Ligue, dont les membres essaiment à Varsovie, à Berlin et à Moscou.
Kumar (Jainendra)
Écrivain indien de langue hindi (Kanriyaganj, près d'Aligarh, 1905 – Delhi 1989).
Partisan de Gandhi, il est l'auteur de romans de style épistolaire et diariste analysant les caractères féminins : Kalyani (1932), Sunita (1935), Tyagpatra (1937), Sukda (1952).
Kundera (Milan)
Écrivain tchèque naturalisé français (Brno 1929).
Fils d'un pianiste célèbre, il reçoit une éducation cosmopolite. Il publie en 1957 ses premiers recueils de poèmes, l'Homme, vaste jardin et Monologues. Après une étude sur Apollinaire (1958), un essai consacré à Vladislav Vancura (1960) et une pièce de théâtre (les Propriétaires des clefs, 1962), il publie la Plaisanterie (1967), puis Risibles Amours (1970, recueil de nouvelles) qui stigmatisent la déliquescence du socialisme et de la société tchèques avec une ironie mordante proche de Rabelais et de Cervantès. Porte-parole de l'intelligentsia tchèque au moment du « printemps de Prague », il est exclu du parti communiste après l'intervention soviétique. Traduits en français avant d'être publiés en tchèque, la Vie est ailleurs (1973), la Valse des adieux (1976), le Livre du rire et de l'oubli (1979) témoignent de la même verve satirique et l'imposent comme l'une des consciences les plus lucides de la littérature contemporaine.
Exilé en France en 1975, professeur à l'université de Rennes, puis à l'École des hautes études en sciences sociales, il obtient la nationalité française en 1981. L'Insoutenable légèreté de l'être (1984), écrit en tchèque, élargit sa notoriété. Le cadre reste celui de la Tchécoslovaquie communiste, mais le roman s'engage dans la voie de la réflexion philosophique : tandis que Kundera y analyse le kitsch comme la forme artistique du totalitarisme, la perte des repères et l'incertitude généralisée deviennent les thèmes centraux. Suivront trois essais, l'Art du roman (1986), l'Immortalité (1990), les Testaments trahis (1993), et deux romans, la Lenteur (1995), l'Identité (1997), écrits directement en français (parallèlement, Kundera engage un travail de correction des traductions françaises des romans écrits en tchèque). Il y affirme son intérêt pour la langue et les idéaux du XVIIIe s. français (intérêt qu'on retrouve dans sa pièce Jacques et son maître : hommage à Denis Diderot en 3 actes, 1981), et éclaire sa propre pratique littéraire : refus du roman psychologique mais exploration de la vie humaine, saisie de « codes existentiels », importance du modèle musical. S'il reste en dehors de toute école, Kundera se reconnaît toutefois une « parenté esthétique souterraine » avec Carlos Fuentes, Salman Rushdie ou Philippe Sollers.
Kunene (Mazisi)
Poète et homme politique sud-africain d'origine zoulou (1943).
Après avoir étudié la poésie orale de son peuple, puis s'être exilé en Angleterre pour lutter contre l'apartheid, il a composé des poèmes (Poèmes zoulous, 1970 ; les Ancêtres et la montagne sacrée, 1982) et d'amples épopées dans la langue et le style traditionnel zoulous qu'il adapte lui-même en anglais (le Grand Empereur Shaka. Une épopée zoulou, 1979 ; Hymne des décennies, 1981).
Kunert (Günter)
Écrivain allemand (Berlin 1929).
Né de mère juive, il a vécu une « enfance étatiquement gâchée » sous le IIIe Reich. En R.D.A., il réussit à garder un équilibre entre conformisme et résistance. Méfiant envers les idéologies, il écrit des romans (Au nom des chapeaux, 1967), des pièces radiophoniques, une autobiographie (1997), mais surtout des poèmes, qui révèlent un individualiste sceptique, ironique, subtil. Opposé à l'expulsion de Biermann (1976), il part en R.F.A. (1979). En 1989, il ne croit pas en la possibilité d'une survie démocratique de la R.D.A. Depuis 1990, il plaide pour l'insignifiance politique des intellectuels.
Kuni (Ibrahim al-)
Romancier libyen (né en 1948).
Issu d'une famille nomade touarègue, il est scolarisé à 12 ans, achève des études de littérature à l'Institut Gorki de Moscou, vit un temps en Pologne, puis en Suisse. Il élabore une œuvre abondante et profondément originale, dans l'univers narratif d'un Sahara où la mémoire mythique touarègue se conjugue à l'héritage arabo-islamique et à la magie de l'Afrique noire pour constituer un monde sacré, peuplé de derviches, de sorciers, de lieux tabous, de dieux païens et de djinns, de sages mystiques, un monde où tant les êtres que les animaux, les plantes et les choses se voient pourvus de conscience, et participent à une même recherche d'une cité perdue et d'un code oublié. Loin d'être folklorique, cette œuvre, où le réel minutieusement décrit est indissociable du merveilleux des contes et de l'ampleur des mythes, fait du nomade la figure emblématique d'une humanité en quête de sens (En dehors des cinq prières requises, 1974 ; l'Éclipse, 1989 ; Poussière d'or, 1990 ; la Cage, 1990 ; le Saignement de la pierre, 1990 ; les Païens, 1991 ; la Déesse de pierre, 1992 ; les Mages, 1995 ; Wâw al-Sughrâ, 1997 ; le Code, 1999).
Kunikida Doppo (Kunikida Tetsuo, dit)
Écrivain japonais (Chiba 1871 – Tokyo 1908).
En 1888, il entre à l'Institut spécialisé de Tokyo, aujourd'hui l'Université Waseda. Lecteur fervent de Wordsworth, il reçoit le baptême chrétien en 1891, mais il s'éloignera peu à peu de la foi pour s'engager dans la littérature. Journaliste dans plusieurs journaux, après avoir habité dans des régions différentes et participé à la guerre sino-japonaise comme correspondant, il regagne Tokyo en 1896, et publie en 1897 et en 1898, avec Tayama Katai et Yanagita Kunio, deux recueils de « poésie de formes nouvelles » sous l'influence de la poésie occidentale. Vers la même époque sortent ses premières œuvres en prose : le Vieux Gen, 1897 ; Ceux que je ne saurais oublier, 1897 ; Viande de bœuf et de patates, 1901 ; et Musashino, recueil de nouvelles publié en 1901. Suivent alors Journal d'ivresse (1902), le Destin (1906), la Porte de bambou (1908). Au bout d'une vie instable, remplie d'échecs et de misères, il meurt de tuberculose. Cependant, il n'en reste pas moins le véritable initiateur du mouvement naturaliste japonais.