Thomas (John Jacob)
Écrivain trinidadien (La Trinité 1840 – Londres 1889).
Fils d'esclaves affranchis, il acquiert jeune la connaissance du créole, de l'anglais et du français. Il va devenir une des figures intellectuelles maîtresses de la fin du XIXe siècle dans les Caraïbes anglophones. Il est le premier Afro-Trinitéen à rédiger une Grammaire du créole (1869), et il sera le premier à répondre au récit de voyages fait par James Anthony Froude en 1887 (les Anglais dans les Antilles anglophones) où le projet colonialiste s'appuie sur des justifications racistes. Son Froudacité (1889) est une référence aujourd'hui dans la littérature coloniale, car il marque en quelque sorte l'avènement d'une littérature polémique, politique et démocratique à La Trinité.
Thompson (James Myers Thompson, dit Jim)
Écrivain américain (Anardako, Oklahoma, 1906 – Los Angeles 1977).
Après des études à l'Université de Caroline du Nord, sa carrière littéraire commença avec des nouvelles pour les pulps magazines. De 1942 à 1973, il publia des romans pessimistes, cruels et violents, parmi lesquels Des cliques et des cloaques (1954), le Démon dans ma peau (1952), le Lien conjugal (1959) et surtout 1275 Âmes (1964). Thompson inscrit ses intrigues dans la réalité quotidienne de l'Amérique profonde. Pas de héros, mais des « gens comme tout le monde », sûrs de leur bon droit, carapacés d'une morale rudimentaire, qui jugent et châtient les épouses rebelles, les malfrats pitoyables, tous ceux qui ne vivent pas comme eux : un tableau sarcastique de la société américaine qui récuse une certaine bonne conscience.
Thomson (James)
Poète écossais (Ednam, Roxburghshire, 1700 – Richmond 1748).
Sa célébrité tient surtout à ses Saisons (Hiver, 1725 ; Été, 1727 ; Printemps, 1728, Automne, 1730), hymne à la nature, qui marque la renaissance de la poésie européenne et crée un pastoralisme sans fadeur aux origines du romantisme. Viendront ensuite Liberté (1735-1736), poème philosophique froid et monotone, et le Château d'Indolence (1748), aux stances spensériennes, qui célèbre la paresse. On lui doit aussi des tragédies : Sophonisbe, 1729 ; Édouard et Éléonore, 1739 ; Coriolan, 1749.
T'hooft (Johan Geerard Adriaan T'hooft, dit Jotie)
Poète belge d'expression néerlandaise (Bevere, près d'Oudenarde, 1956 – Bruges 1977).
Poète maudit, il a été surnommé le « Rimbaud de la poésie flamande ». Collaborateur des revues Restant (1976-77) et Hartslag (1977), il a publié Cri du paysage (1975) et Chagrin de Junkie (1976), mais la majeure partie de ses poèmes, de ses récits et de ses notes autobiographiques ou critiques a paru après sa mort, causée par un abus de drogue (Minet-chat, 1978 ; Monsieur des Portes, 1978). En 1981, on a rassemblé son œuvre poétique et en 1982 son œuvre en prose, marquées toutes deux par l'occultisme, la pop-music et la révolte de Mai 68.
Thorarensen (Bjarni)
Poète islandais (Brantarholt 1786 – Mödruvellir 1841).
Étudiant à Copenhague, il découvrit, notamment à travers l'œuvre d'Oehenschläger, le romantisme nordique, dans l'esprit duquel il composa le poème « Eldgamla Isafold », qui célèbre la nature et l'homme islandais. Gouverneur en 1833, animé d'un fort nationalisme (il est l'auteur de l'hymne national islandais), il chante, dans le style de l'Edda, sa patrie et la vaillance requise par l'âpreté de la vie (Poèmes, 1847).
Thordarson (Thórbergur)
Écrivain islandais (Sudursveit 1889 – Reykjavík 1974).
Autodidacte, attiré par la théosophie, il évolua vers le socialisme. Il attint la notoriété avec son étrange ouvrage Lettre à Laure (1924), critique mordante du capitalisme islandais, mêlée d'une introspection ironique, qui déclencha une violente polémique. Luttant par ses écrits contre le fascisme et pour le ocialisme, il manifesta sa sympathie pour l'U.R.S.S. dans le Péril rouge, 1935. Il publia ses Mémoires de jeunesse (1956-1958).
Thoreau (Henry David)
Écrivain américain (Concord, Massachusetts, 1817 – id. 1862).
Lié au mouvement transcendantaliste, ami d'Emerson, il mêle idéalisme et romantisme dans son affirmation des droits de l'individu et cherche à établir des liens assurés entre le moi et l'Univers, hors des contraintes sociales et des prescriptions politiques. Sa vie est marquée par deux événements quasi emblématiques : la construction d'une cabane en bois sur le lac de Walden, où il s'installe en 1845 ; et son arrestation pour refus de payer ses impôts en 1846. Ces événements fournissent la matière de deux ouvrages, Walden (1854) et De la résistance civile (1849). Walden expose une économie de la vie quotidienne, affranchie de la loi du profit et inséparable d'une aptitude à vivre de ses propres forces et de ses propres capacités. L'individualisme se transfigure en une autarcie qui assure un développement spirituel, et la nature devient un recueil d'épiphanies qui suppose chez l'homme une sensibilité immédiate à la transcendance. De la résistance civile établit que le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins, et appelle à la résistance à la tyrannie ; l'influence de l'ouvrage sera durable : il inspirera Gandhi et les dissidents américains des années 1960. Une semaine sur la Concord et la Merrimack (1849), premier livre publié de Thoreau, qui narre une navigation de l'écrivain, présentait les thèmes que Walden développe de manière plus systématique.
Thorgilsson (Asi)
Écrivain islandais (1067 ou 1068 – 1148).
Il est l'auteur du Livre des Islandais, premier ouvrage écrit en langue vernaculaire, qui raconte, afin de servir d'introduction à l'histoire du christianisme en Islande, celle des origines de son pays (874). Le souci de vérité et d'objectivité (citations de témoins, confrontation des sources, respect de la chronologie) justifie l'appellation de son auteur, dit « le Savant » (inn fródi) ou encore « le Père des lettres islandaises ».
Thou (Jacques Auguste de)
Historiographe français (Paris 1553 – id. 1617).
Brillant magistrat, il fut chargé par Henri IV de nombreuses missions diplomatiques et participa à la rédaction de l'édit de Nantes. Auteur de plusieurs recueils de poésies latines (Metaphrasis poetica librorum aliquot sacrorum, 1588 ; Poemata sacra, 1599), c'est aux nombreux volumes de son Histoire universelle, publiés de 1604 à 1625, qu'il doit sa réputation d'écrivain. Catholique modéré, il avait été, durant les guerres de Religion, l'une des principales têtes du parti des « politiques » soucieux de mettre un terme aux dissidences religieuses par le rétablissement de l'autorité royale. Le succès que connut l'ouvrage, rédigé dans un dessein de réconciliation nationale, n'est pas seulement dû à la masse d'informations rassemblées ; il l'est aussi et surtout par le souci scrupuleux de vérité et d'impartialité qui caractérise le travail de son auteur, dans un style simple et dépouillé.