Lapassade (Roger)
Écrivain français d'expression gasconne (Aussevielle 1912 – Orthez 1999).
Professeur de français, il participa à la fondation de la revue Per Noste (1966) et devint un des animateurs de l'Institut d'études occitanes en Béarn. Auteur d'études linguistiques et pédagogiques (Grammaire abrégée du gascon, 1967 ; le Béarnais et le gascon, 1969), il est avant tout poète (les Chemins du ciel, 1971 ; Réquisitoire, 1991), inspiré souvent par des thèmes philosophiques, maniant une langue élégante et pure. On lui doit également deux ouvrages de récits en prose, Sonque un arrider amistós (1975) et Remembres del païs bramadèr (1988). Homme convivial et ouvert, R. Lapassade a fortement marqué l'occitanisme en Gascogne.
Lapid (Shulamit)
Écrivain israélienne (Tel-Aviv 1934).
Ancienne présidente de l'association des écrivains hébreux, auteur de nouvelles (le Silence des sots, 1974) et de romans historiques, surtout sur la deuxième vague d'immigration (Gai oni, 1982). Précurseur du roman policier israélien, elle composa une série d'ouvrages dont l'intrigue se situe à Beer Sheva, pour aborder la vie d'une couche sociale éloignée des grandes villes, mais au centre de la société israélienne (Notre correspondante à Beer Sheva, 1989 ; Alerte à Beer Sheva, 1992 ; le Bijou, 1993 ; Sable dans tes yeux, 1997). Les marginaux sont au centre d'un autre roman, Chez Babou (1998).
Lapointe (Paul-Marie)
Poète québécois (Saint-Félicien, Québec, 1929).
Marqué très jeune par le surréalisme (le Vierge incendié, 1948), il est passé avec sa somptueuse litanie des Arbres et son rigoureux Choix de poèmes (1960) à une esthétique qui est aussi une éthique dans son recueil des recueils, le Réel absolu (1971). Après de grands poèmes d'amour, il se lance enfin dans des recherches de style (Tombeau de René Crevel, 1979) et de prosodie qui aboutissent à une désagrégation du langage et côtoient le lettrisme (Écritures, 1979).
lapone (littérature)
La « langue » lapone, qui appartient à la famille finno-ougrienne, recouvre en fait trois idiomes différents parlés par des communautés, nomades ou sédentaires, peu nombreuses, mais établies sur de vastes aires géographiques : il y a donc lieu de distinguer un lapon de l'Est, parlé par des populations de pêcheurs dans la péninsule de Kola (autour de Mourmansk), un lapon du Centre, autour des montagnes de Finlande où l'on élève le renne, et un lapon du Sud, plutôt situé dans la Scandinavie de l'extrême Nord. Ces idiomes, proches du finnois, ont, depuis les temps historiques, été imprégnés par les langues voisines, ce qui explique le grand nombre de dialectes (une bonne cinquantaine) qu'ils connaissent. On doit à Per Fjellström l'édition, en 1755, d'une grammaire et d'un dictionnaire du lapon austral.
Avec le romantisme, de nombreux chercheurs ou curieux vont s'intéresser au folklore lapon, remarquable en soi, mais aussi pour les réminiscences inconscientes qu'il véhicule de traditions, païennes notamment, héritées des cultures avec lesquelles les Lapons se sont trouvés en contact au fil des siècles. Les 4 volumes des Contes et Récits lapons (1927-1929) de J. Qvigstad illustrent cette diversité. Ce folklore met souvent en scène un certain Stallo, qui proviendrait de traditions vikings, magiques (son chien a le pouvoir de ressusciter les morts), ou archaïques et immémoriales (c'est alors un géant cruel qui, à Noël, s'empare des petits enfants) ; peut-être relève-t-il encore d'un archétype sacré (on le représente volontiers sous forme d'un phallus de bois auquel est voué un culte processionnel).
Mais ce n'est vraiment qu'au cours du XIXe s. que la poésie lapone, pourtant connue depuis 300 ans, prendra son essor avec le pasteur Anders Fjellner, qui récrira (Chants lapons, 1876) les grands poèmes narratifs ou épiques, « la Fille du soleil », « les Fils du soleil », « l'Épaisse Pelisse », dans le même mètre que le Kalevala. C'est le départ d'une production autochtone qui ne se démentira plus : Johan Turi (1854-1936) raconte voyages et chasses (Depuis la montagne, 1931) dans une langue vivante et pittoresque. Anders Larsen, Lapon de Norvège, publie en 1912, son roman Jour naissant, dont la valeur est exemplaire : un jeune Lapon, passé à la culture occidentale, mais incapable de s'y adapter, décide de rentrer parmi les siens pour découvrir qu'il y est devenu un étranger. Autour de 1930, le nomade Anta Pirak dicte son autobiographie au Dr Harald Grundström, qui la publiera d'abord en suédois, puis dans l'original. Il faut souligner la valeur d'Orage montant, (1940) recueil d'Aslak Guttorm. Les nouvelles générations, dont les représentants les plus actifs sont les Finlandais Nils-Aslak Vakeapää (né en 1943) et Kirsti Paltto (né en 1947), sont animées d'idées plus critiques et satiriques. Depuis presque un siècle, une presse indépendante éditée notamment en Norvège (l'Étoile du Nord) et en Finlande (le Lapon) unit la communauté.
Laporte (Roger)
Écrivain français (Lyon 1925 – Montpellier 2001).
Philosophe (il fut directeur de programme au Collège international de philosophie), il a construit une oeuvre littéraire exigeante et méconnue, placée sous le signe de la « biographie » redéfinie comme inversion du rapport entre la vie et l'écriture : « Alors que la vie ordinaire précède le récit que l'on peut en faire, j'ai parié qu'une certaine vie n'est ni antérieure, ni extérieure à écrire (...) on ne saurait faire le récit d'une histoire qui n'a pas encore eu lieu, d'une vie inouïe à laquelle seul écrire permettrait d'accéder. » Écrire est à la fois l'expérience radicale et l'interrogation (éclairée par Kafka, Hölderlin, Mallarmé et Blanchot) de cette « vie inouïe ». Une vie (1986) rassemble ainsi plusieurs textes parus séparément depuis 1963, dont la Veille (1963), Une voix de fin silence (1966), Fugue (1970), Fugue 3 (1976), et, témoins d'une lutte contre l'épuisement, dans le dénuement extrême : Suite (1979) et Moriendo (1983). Abstraite, tournant le dos au décor quotidien autant qu'à la psychologie, mystique dans son inspiration, l'œuvre est tournée vers l'essentiel (la vérité, la vie, Dieu) et hantée par l'hypothèse terrifiante de son absence. L'ensemble de ses Carnets, rédigés de 1948 à 1971 et non destinés à la publication à l'origine, paraissent en 1979. Laporte laisse en outre plusieurs essais consacrés à ses auteurs ou artistes de prédilection, dont Écrire la musique (1986), À l'extrême pointe : Bataille et Blanchot, 1994 ; la Loi de l'alternance, 1997.