Abu Chadi (Ahmad Kaki)
Poète égyptien (Le Caire 1892 – Washington 1955).
Rédacteur en chef de la revue Apollo (1932), il se révèle romantique dans ses recueils lyriques (Rosée de l'aube, 1910 ; Zaynab, 1924 ; Horizon qui pleure, 1927).
Abu Dulama (Zand ibn al-Djawn)
Poète arabe (mort en 776 ou 786).
Bouffon à la cour des premiers califes de Bagdad, il a produit une poésie cocasse (qasida dédiée à sa mule) et a fait l'objet d'une littérature humoristique, plus ou moins historique.
Abu Firas al-Hamdani
Poète arabe (en Iraq 932 – Homs, Syrie, 968).
Prince de la dynastie des Hamdanides, qui règne sur Alep au Xe siècle, il participe sans grand succès à la guerre des frontières contre les Byzantins, qui le font prisonnier. Les années passées en captivité à Constantinople (962-966) lui inspirent une série de poésies, fort appréciées aujourd'hui encore, dites Rumiyyat (Byzantines), et qui traduisent, en termes simples, nostalgie, désespoir et amour perdu.
Abu Hilal al-Askari (al-Hasan ibn Abdallah)
Lexicographe et critique arabe (mort apr. 1005).
Il composa divers traités de rhétorique et de philologie dont le plus remarquable porte sur la poésie et la prose : le Livre des deux arts.
Abu Madi (Ilya)
Poète libanais (Muhayditha 1889 – New York 1957).
Grand poète du Mahjar, membre du club littéraire al-Râbita al-Qalamiyya, il a laissé des recueils d'inspiration romantique ([les Rivières], 1927 ; [les Bosquets], 1947).
Abu Nuwas
Poète arabe (Ahvaz v. 762 – Bagdad v. 815).
L'un des plus grands et des plus célèbres écrivains de l'époque du califat de Bagdad, tenu pour le chef de file des modernistes, il représente un type de poésie directement lié à l'essor des grands centres urbains de l'Iraq, et d'abord de la capitale, foyer de la vie intellectuelle et, autour des califes, du mécénat. Parfaitement formé à la vieille poésie dont il maîtrisait les normes, Abu Nuwas met ce savoir au service de thèmes nouveaux (ainsi des poèmes cynégétiques) ou déjà connus, mais auxquels il donne alors un relief et une ampleur inconnus jusque-là, le tout dans un langage nouveau, simple, dégagé des archaïsmes ou des préciosités de la vieille qasida, dont le poète fustige allègrement les procédés. Le meilleur de sa poésie est consacré au vin (khamriyya), dont le thème se croise avec celui de l'amour, homosexuel surtout, sur un ton provocant et parfois libertaire.
Abu Tammam al-Tai (Habib ibn Aws)
Poète arabe (Djasim vers 804 – Mossoul 845).
C'est l'un des écrivains les plus originaux et les plus controversés de l'époque du califat abbasside de Bagdad. Né en Syrie du Sud, puis passé en Égypte, revenu ensuite en Syrie, il appelle sur lui l'attention des califes, qui vont lui donner l'occasion d'entamer une carrière de panégyriste. Sa poésie, brillante et fort élaborée, déclencha très vite des passions extrêmes : le reproche de plagiat, de ce point de vue, est classique. Quant à celui d'obscurité, également avancé contre Abu Tammam, il masque peut-être, de la part de ses rivaux, l'incapacité à suivre une poésie qui, tout en respectant des formes très connues (il retrouve ainsi la poésie bédouine dans sa célèbre anthologie, al-Hamasa), introduit des thèmes, des formulations et des procédés nouveaux ou renouvelés. Par son emploi des figures, sa syntaxe et sa conscience d'un ordre poétique particulier, Abu Tamman est déjà un moderne au sens plein du terme.
Académie britannique (British Academy)
Ses lointaines origines remontent au Collège invisible, fondé en 1645, et qui donna naissance à l'Académie royale, incorporée en 1662 à l'English Royal Society, créée en 1660 par Boyle, Pepys et Newton. Destinée à « l'encouragement des études historiques, philosophiques et philologiques », l'Académie britannique tint sa première séance à Londres en novembre 1901. Composée d'un maximum de 100 membres, elle joue un rôle comparable à celui des Académies des sciences morales et politiques et des inscriptions et belles-lettres en France.
Accad (Évelyne)
Écrivain libanaise de langue française (Beyrouth 1943).
Professeur de littérature francophone à l'université de l'Illinois, spécialiste de la condition féminine dans le monde arabe et en Afrique noire. De facture libre, ses textes mélangent allègrement les genres : poésie, essai, fiction, etc. Son premier livre est un recueil de nouvelles et de contes, intitulé Entre deux (1976). Suivront l'Excisée (1982), Coquelicot du massacre (1988), Blessures des mots : journal de Tunisie (1993). Dans Des femmes, des hommes et la guerre (1993), Évelyne Accad a rassemblé, sous forme d'une étude critique, l'essentiel des différents travaux et articles qu'elle a consacrés à la condition des femmes dans le monde arabe.
Accetto (Torquato)
Écrivain italien (Trani ? seconde moitié du XVIe s.).
Auteur du traité De la dissimulation honnête (1641), règle de la prudence que requièrent la politique et la morale. Redécouverte par B. Croce, son œuvre constitue un manifeste de la culture de la Contre-Réforme.
Acha (Maymun ibn Qays al-)
Poète arabe antéislamique (Durna, Arabie, av. 570 – v. 629).
Professionnel et itinérant, aussi redouté pour ses satires qu'apprécié pour ses panégyriques, le retentissement de ses vers, où les thèmes bédouins se croisent avec le lyrisme élégiaque, le fit surnommer « la Cymbale des Arabes ». Son grand poème en rimant en « lam » (lamiyya), rangé parmi les mu'allaqat, reprend avec un accent personnel plusieurs thèmes d'Imru'al-Qays, et notamment la description de l'orage.
Achard (Marcel)
Auteur dramatique français (Sainte-Foy-lès-Lyon 1899 – Paris 1974).
Auteur type du boulevard avec ses comédies légères (Jean de la Lune, 1929 ; Patate, 1957) et musicales (la Polka des lampions, 1961), il dut à ses débuts d'acteur (le rôle du clown Grockson dans sa pièce Voulez-vous jouer avec moâ ?, 1923) de voir son élection à l'Académie française (1959) faire presque figure d'audace.
Achebe (Chinua)
Écrivain nigérian de langue anglaise (Ogidi, Nigeria, 1930).
Il est l'un des romanciers africains anglophones les plus connus dans le monde. Il est l'auteur d'une tétralogie romanesque qui donne de la rencontre entre l'Afrique et l'Occident une image débutant avec les premières approches des missionnaires, au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle (c'est le sujet de Le monde s'effondre, 1958), pour s'achever dans les années 1960 avec l'accession à l'indépendance, qu'évoque ironiquement le Démagogue (1966). Les romans intermédiaires, le Malaise (1960) et la Flèche de Dieu (1964), décrivent avec acuité la décomposition de la société traditionnelle au contact des institutions européennes et rendent compte de la difficulté éprouvée par les nouvelles générations à se situer entre la tradition et la modernité. L'ironie teintée d'amertume qui caractérise le regard que porte Achebe sur ses personnages se retrouve à l'œuvre dans son recueil de nouvelles Femmes en guerre (1971), paru au lendemain de la guerre du Biafra. Il a également publié un recueil poétique (Prends garde, mon frère d'âme, 1972) et plusieurs essais consacrés à la fonction de l'écrivain en Afrique. Après une longue interruption, il retourne au roman avec les Termitières de la savane (1987).
Le Monde s'effondre, roman (1958). Le titre anglais, emprunté à un poème de Yeats, signifie littéralement : « les choses qui nous tenaient ensemble sont tombées en morceaux ». Il évoque ainsi la première rencontre de l'Afrique et de l'Occident dans le cadre d'un village du Nigeria vers les années 1850-1860. Ce contact de deux cultures étrangères s'opère de deux manières : la première, brutale, se traduit par le massacre des habitants de Mbanta, rassemblés à l'occasion du marché hebdomadaire ; la seconde, plus insidieuse, se manifeste par la patiente pénétration des Églises missionnaires en pays ibo et la transformation profonde du milieu traditionnel. L'auteur, qui a pu recueillir sur cette période une information de première main (son père était lui-même un catéchiste converti par les émissaires de la United Presbyterian Church), tente donc de reconstituer la vie d'une petite communauté villageoise, dont les membres vont peu à peu être dépossédés de leur religion, de leurs coutumes et finalement de leur liberté. Centré autour du personnage d'Okonkwo, notable respecté d'Umuofia, le roman évoque les travaux et les jours en pays ibo, et fait une large part à la cosmologie sur laquelle se fondent les croyances traditionnelles : indépendamment des divinités tutélaires, chaque individu est déterminé par son dieu personnel, sorte d'ange gardien, le « Chi ». Ce « Chi », qui pendant longtemps avait fait d'Okonkwo l'homme le plus riche et le plus puissant du village, se détourne soudain de lui et le contraint à l'exil. Sept ans plus tard, à son retour, les missionnaires règnent en maîtres, et Okonkwo, désespéré, se pendra. Le récit de cette mort, à la dernière page du roman, sous la plume du commissaire de district, se trouve exemplairement réduit à la dimension de l'anecdote et du pittoresque ethnographique, c'est-à-dire, en fin de compte, à l'insignifiance historique.