Mahmoud (Ahmad)
Écrivain iranien (Ahvaz 1931 – Téhéran 2002).
Auteur réaliste et même naturaliste, il s'est attaché à décrire les banlieues pauvres autour des cités pétrolières du Khouzistan et les méfaits de l'exploitation étrangère. Il écrivit Un pèlerin sous la pluie (1967), le Petit Indigène (1970), les Étrangers (1970), et surtout la célèbre trilogie, les Voisins, Conte d'une ville, la Terre brûlée (1981-1982).
Mahon (Derek)
Poète irlandais (Belfast 1941).
En 1967, il crée Atlantis, magazine littéraire et politique. Depuis 1968, il a publié une vingtaine de recueils (Traversée de nuit, 1968 ; Vies, 1972 ; la Fête de neige, 1975 ; Chasse nocturne, 1982). Ses poèmes sont solidement ancrés dans la réalité géographique irlandaise, paysages industriels ou urbains, bâtiments abandonnés et cours sordides, où font parfois irruption des moments de beauté inattendus. Les lieux décrits associent une forte présence de la mort à un sentiment de délivrance. Les personnages de ses poèmes sont souvent des marginaux, des exclus. Protestant et néanmoins partisan de la réunification de l'Irlande, Mahon allie un humour caustique à un scepticisme désespéré face aux atrocités de l'Histoire. Lettre de l'Hudson (1995) se présente comme une série de lettres en vers rédigées à Manhattan ; le poète s'y interroge sur le sens de son identité irlandaise.
Mâhtama Sellâsê Walda Masqal
Écrivain et homme politique éthiopien (Addis-Abeba 1905 – 1979).
Originaire du Choa, il appartenait par sa famille, par sa carrière, par ses liens avec l'empereur, à la classe dirigeante : il fut plusieurs fois ministre et reçut d'importantes distinctions (les titres de bâlâmbârâs, puis de blâttêngêtâ, le prix Hâyla Sellâsê pour la littérature amharique en 1965). Comme pour beaucoup d'écrivains de sa génération ou de la génération précédente, qui ont exercé des fonctions politiques ou administratives importantes, l'activité littéraire est souvent restée un peu à l'arrière-plan. Elle n'en a pas moins été importante. Il joignait une formation de type occidental (il avait fait ses études au lycée français du Caire puis en France) à une connaissance parfaite de la culture traditionnelle, et il s'est surtout attaché à recueillir et à transmettre par écrit la littérature populaire et la poésie amharique. Il a ainsi publié (1951-1952) une collection de proverbes, des fables et un recueil commenté de qenê (1955-1956). Son œuvre la plus célèbre est un tableau précis et documenté de la cour, du gouvernement et de l'administration éthiopienne au début du siècle, Mémorial (1949-1950). Cet aristocrate, d'une grande indépendance d'esprit, avait eu plus d'une fois maille à partir avec l'administration impériale et avait été écarté du gouvernement. Arrêté en 1974, il fut détenu jusqu'à sa mort dans les prisons du darg, où il serait mort en 1979.
Maia (Alcides Castilhos)
Écrivain brésilien (São Gabriel, Rio Grande do Sul, 1878 – Rio de Janeiro 1944).
La prose impressionniste de ce maître du régionalisme du Sud évoque l'univers brutal des gauchos (Tapera, 1911 ; Ame barbare, 1922).
Maïakovski (Vladimir Vladimirovitch)
Poète soviétique (Bagdadi, Géorgie, 1893 – Moscou 1930).
Fils d'un garde forestier, il adhère à 15 ans au parti bolchevique, connaît la prison et se lie, aux Beaux-Arts de Moscou, aux cubo-futuristes. Le romantisme de sa poésie est indissociable de l'élan révolutionnaire, qui informe chez lui l'existence entière, la création artistique comme l'amour. De même son suicide est dû autant à la confrontation avec la réalité soviétique qu'à la déception amoureuse. Avec Vladimir Maïakovski, tragédie (1913), il assigne à l'art la mission de faire surgir l'homme véritable, l'homme révolutionnaire. Dans le Nuage en pantalon (1914-1915) et la Flûte de vertèbres (1915), le lyrisme amoureux est aussi un appel à se débarrasser du passé. Maïakovski glorifie l'amour universel dans la Guerre et la paix (1916), mais le héros de l'Homme (1917) échoue dans la poursuite de son idéal, du fait de la petitesse de l'esprit humain. La révolution est perçue comme une libération, célébrée dans la pièce Mystère-Bouffe (1918) et le poème 150 000 000 (1921), où les masses populaires jouent le rôle du Créateur dans la naissance de l'homme nouveau. C'est l'Histoire elle-même qui engendre le héros à la fois lyrique et épique des poèmes J'aime (1922), De cela (1923), sorte de mystère sur l'amour, la souffrance et la résurrection ultime, et Vladimir Illitch Lénine (1924) où, contrairement à l'interprétation soviétique, l'auteur ne donne pas un portrait réaliste du père de la révolution, mais voit en lui l'incarnation du devenir historique, tout en soulignant le caractère ordinaire de l'individu. À l'inauguration de la NEP de 1923 à 1928, Maïakovski tente de réunir sous la bannière du L.E.F. (Front gauche de l'art) et de sa revue, l'ensemble des avant-gardes dans une orientation « futuriste-communiste ». C'est à ce titre qu'il voyage aux États-Unis, au Mexique, en Espagne et à Paris. Il subit cependant assez vite l'hostilité sectaire de la R.A.P.P. (Association russe des poètes prolétariens). Les dernières œuvres sont marquées par la désillusion : la révolution a transformé le prolétaire en bourgeois, selon un processus qu'il décrit sur le mode farcesque dans deux pièces satiriques, la Punaise (1928), qui offre de la société future une vision décourageante, et les Bains (1929), qui provoquent la fureur de la critique. L'œuvre de Maïakovski (expurgée) fut pourtant érigée en modèle de la poésie soviétique.
Maïkov (Apollon Nikolaïevitch)
Poète russe (Moscou 1821 – Saint-Pétersbourg 1897).
Talent précoce (ses premiers vers datent de 1835), il fut, avec Fet, le poète le plus représentatif de « l'art pour l'art ». Il fait du poème un moyen de connaissance spirituelle et un objet de perfection formelle. Très marqué par l'Italie (Esquisses romaines, 1847 ; Album napolitain, 1862) et la culture gréco-latine (la Mort de Lucius, 1863), il n'en célèbre pas moins la nature et le passé russes (Lomonossov, 1865 ; Sur la tombe d'Ivan le Terrible, 1887).