Welsh (Irvine)
Écrivain écossais (Leith, Édimbourg, 1958).
En 1993, Trainspotting lui vaut d'être immédiatement remarqué : ce premier roman, rédigé dans l'idiome des banlieues d'Édimbourg, décrit le quotidien d'un groupe de drogués. Le succès est confirmé par le scandale de l'adaptation théâtrale (1994) puis cinématographique (1997). Welsh aborde la nouvelle dans le recueil Acid House (1994), puis dans Ecstasy : trois contes d'amour chimique (1996). Il a recours à toutes sortes de jeux typographiques dans Cauchemars du marabout (1995). Une ordure (1998) a pour héros un policier d'Édimbourg, raciste, misogyne et homophobe ; la narration s'achève par le discours du ver solitaire qui l'habite. En 2002 paraît la suite de Trainspotting, intitulée Porno.
Welty (Eudora)
Femme de lettres américaine (Jackson, Mississippi, 1909 – Jackson, Mississippi, 2001).
L'inspiration sudiste de son œuvre, romans et nouvelles (Mariage dans le delta, 1946 ; les Pommes d'or, 1949 ; Batailles perdues, 1970 ; la Fille de l'optimiste, 1972 ; Horloge sans aiguilles, 1972) assure des jeux de contraste entre le mouvement du monde et l'enclave de la communauté ou de la famille, qui échappe au devenir et dont les petites tragédies sont aussi marquantes que les hauts faits de l'histoire. La reconnaissance du pouvoir de la mémoire entraîne que la mémoire soit présentée comme un moyen de vivre et comme une réactualisation constante de l'identité. L'essai Quelques notes sur la temporalité dans la fiction (1973) précise ce rôle de la mémoire confondue avec un instinct de survie. Ses photographies du Mississippi et de ses habitants pendant la Grande Dépression restent des témoignages poignants et une forme d'art poétique, où les petites gens occupent le centre de la scène.
Wen Yiduo
Poète et philologue chinois (1889 – 1946).
D'abord opposé à l'utilisation du baihua (langue parlée) en poésie, il en devient, dans les années 1920, le propagateur, tout en restant partisan d'une stricte observation de règles (métrique et rimes) : Chandelle rouge (1923) et Eaux mortes (1928). À partir des années 1930, il se consacre à la philologie ; patriote et démocrate, il est assassiné par le Guomindang.
Weöres (Sándor)
Poète hongrois (Szombathely 1913 – Budapest 1989).
Traducteur, entre autres, de l'épopée de Gilgamesh, de Lao She, de Rousthavéli, de Shelley, de Dante ou de Mallarmé, virtuose de la forme, il excelle à exprimer les sentiments les plus simples ou les aspirations métaphysiques les plus élevées (Méduse, 1943 ; la Tour du silence, 1956 ; Puits de feu, 1964 ; Onze Symphonies, 1973 ; Chant sur l'illimité, 1980). Il livre, dans Essai sur la naissance du poème (1939), une réflexion sur sa propre prosodie.
Werfel (Franz)
Écrivain autrichien (Prague 1890 – Beverly Hills, Californie, 1945).
Originaire de la bourgeoisie juive germanophone de Prague, il quitte Vienne en 1938. Ses débuts ont été marqués par un lyrisme généreux et emphatique qui exprime son idéal de fraternité (l'Ami du monde, 1912 ; Nous sommes, 1913 ; les Uns les Autres, 1915 ; le Jour du jugement, 1919). Au théâtre, le style expressionniste (les Troyennes, 1913), fait place à un art plus traditionnel (Juarez et Maximilien, 1924). Il est surtout auteur de romans à succès : le Coupable, c'est la victime (1920), Verdi (1924), les Quarante Jours de Musa Dagh (1933), le Voleur de ciel (1939), le Chant de Bernadette (1941).
Wergeland (Henrik)
Poète norvégien (Kristiansand 1808 – Christiania, auj. Oslo, 1845).
Son premier recueil (Poèmes Premier Cycle, 1829) s'ouvre et se ferme sur des poèmes dédiés à Stella, son « épouse céleste », aussi lointaine que les étoiles, mais vers laquelle la pensée du poète s'élève en images hardies et exaltées. Après l'amour, c'est la liberté qui se trouve au centre de Poèmes Deuxième Cycle (1834), auxquels il faut joindre l'Espagnol (1833) ou Caesaris (1833), ce dernier dénonçant le tsar qui venait de noyer la révolution polonaise dans le sang. Entre ces deux recueils, Wergeland a publié un grand poème dramatique, composé de monologues, de dialogues et de chœurs, la Création, l'Homme et le Messie (1830) : cette épopée romantique de 20 000 vers affirme que l'esprit du ciel n'a pas quitté le cœur des hommes et voit son histoire, à partir des origines du monde, comme une marche vers une société idéale d'amour et de liberté. Intitulée par son auteur « Bible des républicains », cette œuvre ambitieuse, surchargée d'images et d'exclamations, demeure néanmoins à la source de la littérature norvégienne moderne. L'auteur en donna une version condensée sous le titre de l'Homme (Mennesket) en 1845.
Parallèlement, Wergeland écrit des comédies et des farces où il se moque de ses adversaires littéraires ou politiques (Fantasmes, 1829 ; le Perroquet, 1832), mais aussi des pièces dramatiques (la Mort de Sinclair, 1828) ou musicales (les Campbell ou le Retour du fils, 1837). Son amour de la liberté et sa passion pour sa patrie lui feront dénoncer toute sa vie les injustices, engageant de violentes polémiques avec les tenants du pouvoir et les exploiteurs. Il travaillera aussi à développer l'instruction populaire, multipliant brochures éducatives, contes pour enfants et éditant un journal, Pour la classe ouvrière (1839-1845), distribué gratuitement. Wergeland intervint pour que le Parlement abroge le paragraphe de la Constitution norvégienne interdisant aux Juifs l'entrée en Norvège et cette cause lui inspira deux grands poèmes, le Juif (1842) et la Juive (1844). Mais il reste aussi le grand romantique, chantant dans ses Poésies (1838) l'ardeur et la joie de son amour pour celle qui deviendra sa femme et qui réconcilie en lui « le chérubin » et « la bête ». Se mettant hardiment en avant – un de ses poèmes les plus significatifs s'intitule Moi-même –, s'engageant (notamment contre Welhaven pour une langue et une culture spécifiquement norvégiennes, débarrassées des influences danoises) et s'exposant aussi bien dans son œuvre que dans son action politique et sociale, Wergeland a donné une impulsion décisive à la littérature norvégienne et déterminé un courant dont le premier héritier sera Bjørnson.