Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
M

Morselli (Guido)

Écrivain italien (Bologne 1912 – Varese 1973).

Ses récits, qui n'ont été publiés qu'après son suicide, créent un monde inquiétant fondé à la fois sur la psychologie des profondeurs et la politique-fiction (Rome sans pape, 1974 ; Divertissements 1889, 1975 ; le Communiste, 1976 ; Dissipation, 1977 ; Un drame bourgeois, 1978).

Moscherosch (Johann Michael)

Écrivain allemand (Willstädt, près de Kehl, 1601 – Worms 1669).

L'Allemagne ravagée par la guerre de Trente Ans est la toile de fond tragique de son existence et de sa principale œuvre, les Singulières et Véritables Visions de Philander de Sittewald (1640) : c'est une suite de tableaux satiriques sur les horreurs de la guerre et les désordres qu'elle provoque dans les esprits et les mœurs. Moraliste et patriote, Moscherosch s'en prend en particulier à la « gallomanie » de ses compatriotes, à l'imitation servile des modes venues de France et prône un retour à la pureté de l'esprit et de la langue allemande.

Moselli (José)

Écrivain français (Paris 1882 – Cannes 1941).

Après une carrière de marin, il se lança dans le roman populaire en 1909. Véritable « auteur-maison » des éditions Offenstadt, il collabora au magazine l'Intrépide avec des récits d'aventures maritimes et policières, puis à Sciences et Voyages et à l'Épatant, sans se soucier de publier ensuite ses feuilletons en volume. En 1911, il créa un émule du Lupin de Leblanc, John Strobbins, détective cambrioleur. Ses œuvres majeures sont le Roi des Boxeurs – interminable feuilleton qui débute dans l'Épatant (1912-1919), se poursuit en fascicules en 1928, puis de 1932 à 1935 – et l'Empereur du Pacifique (l'Intrépide, 1932-1935), deux grands romans d'aventures riches de rebondissements et d'émotions.

Motinggo Boesje

Écrivain indonésien (Kupang Kota 1937 – ? 1999).

Nouvelliste (le Courage des hommes, 1962 ; Conseils à mon enfant, 1963), auteur dramatique (Nuit d'enfer, 1962 ; Mademoiselle et Mademoiselle, 1963), il s'oriente ensuite vers le roman avec 1949 (1962), sur la révolution, et Brisé au fond de soi (1964), sur le thème du déracinement d'une famille dans la ville de Jakarta, et une série de récits populaires traitant des amours exotiques (entre une étrangère, souvent française, et un Indonésien). Depuis 1970, il s'est surtout consacré au cinéma.

Motion (Andrew)

Poète anglais (Londres 1952).

Son premier recueil, les Paquebots de plaisance (1978), est salué par la critique. Son ton mélancolique doit sans doute beaucoup aux deux maîtres qu'il admire, Edward Thomas et Philip Larkin. Son goût pour la poésie narrative se confirme dans Indépendance (1981) et dans Récits secrets (1983). Il s'oriente vers plus de clarté et plus de simplicité dans l'Amour dans une vie (1991). Il devient poète lauréat à la mort de Ted Hughes (1998).

Motoori Norinaga

Philologue japonais (Matsuzaka 1730 – id. 1801).

Fils de négociant, il étudie la médecine et se familiarise, sous l'influence des œuvres de Keichu (1640-1701), avec les études de littérature japonaise ancienne. Entré en 1764 à l'école de Kamo no Mabuchi (1697-1769), il entreprend la rédaction de son œuvre majeure, les Commentaires sur le Kojiki, qu'il ne publiera qu'en 1798. Ce remarquable travail de reconstitution linguistique exalte un Japon encore inaltéré par les idéologies continentales. Dans son étude sur le Dit du Genji (1796), il écarte les interprétations moralisantes et affirme que, indifférent au bien et au mal, l'auteur ne cherche qu'à pénétrer au plus profond de l'émotion humaine afin de faire partager au lecteur le sentiment de la poignante intimité des choses (mono no aware).

Motton (Gregory)

Auteur dramatique anglais (Londres 1961).

De mère irlandaise et de père anglais, Motton voit représenter ses premières pièces en 1987 : Chicken et Ambulance. Comme Chutes (1988), ces tragi-comédies au climat absurde font se rencontrer les oubliés de l'histoire pour offrir une vision corrosive de l'Angleterre contemporaine, avec une satire des vices de notre temps. Dans des pièces à l'atmosphère absurde, qui associent mythologie et quotidien, Motton fait parfois parler les animaux. Ses personnages sont des vagabonds, condamnés à l'errance dans un monde barbare (Reviens à toi (encore), 1989 ; la Terrible voix de Satan et Un message pour les cœurs brisés, 1993). En 1995, dans Chat, souris (moutons), un épicier londonien se prend pour Gengis Khan. Récemment, avec l'Île de Dieu, Motton a choisi de donner à son questionnement un tour plus philosophique.

Mouchketyk (Iouriï Mikhaïlovytch)

Écrivain ukrainien (Vertiïvtsi 1929).

Connu par ses nouvelles historiques (Semen Paliï, 1954 ; les Haïdamaks, 1957), il consacre ensuite aux kolkhozes d'Ukraine des romans polémiques qui soulèvent des problèmes de gestion économique et de morale civique (Feux nocturnes, 1959 ; le Cœur et la Pierre, 1962 ; la Goutte de sang, 1964 ; la Dernière Île, 1969 ; l'Ombre blanche, 1977 ; Position, 1979).

Mouette (Germain)

(1651 – ?).

On sait peu de choses sur cet auteur. Décidé à voyager, il quitte Dieppe à l'âge de 19 ans. Le bateau tombe entre les mains des corsaires, et il passera dix ans au Maroc à la construction du palais de Moulay Ismaïl à Meknès. Libéré par les Pères de la Merci en 1681, il y voit le signe de la Providence. À son retour, il publie la Relation de sa captivité et une Histoire des conquêtes de Mouley Archy [...] et de Mouley Ismaël (1683), ouvrages précieux sur le commerce avec le Maroc, au moment où le roi de France signe un traité avec le royaume du Maroc ; ouvrages d'apologétique catholique, ils donnent aussi à lire une nouvelle littérature exotique destinée à surprendre le lecteur. Pas de convention galante ici, mais une aventure exotique piquante.

Mouhy (Charles de Fieux, chevalier de)

Écrivain français (Metz 1701 – Paris 1784).

Romancier prolifique, il suit le modèle du Paysan parvenu de Marivaux, pour sa Paysanne parvenue (1735) ; celui des Mémoires d'un homme de qualité qui s'est retiré du monde de Prévost, pour ses Mémoires d'une fille de qualité (1747). Il donne une version fantaisiste du Séthos de l'abbé Terrasson, avec Lamekis ou les Voyages extraordinaires d'un Égyptien dans la terre intérieure avec la découverte de l'île des Sylphides (1735-1737). Mais ses contemporains préféraient la verve de la Mouche (1736).