Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

Salama (Hannu)

Écrivain finlandais de langue finnoise (Kouvola 1936).

Quelques monologues d'ivrogne dans Bal de la Nuit de la Saint-Jean (1964), jugés blasphématoires, lui valurent un procès retentissant. Ainsi révélé, Salama continua à publier des poèmes et des romans étonnants par leur force d'expression. Ses personnages, souvent marginaux, défient le monde par la violence de leur parole et de leur comportement (Qui agit est vu, 1972 ; Finlandia I et II, 1976-77 ; Une année de ma vie, 1979).

Šalda (František Xaver)

Critique tchèque (Liberec 1867 – Prague 1937).

Critique ouvert aux cultures étrangères, il exerça un véritable magistère sur la littérature tchèque par ses essais (Luttes pour demain, 1905 ; l'Âme et l'Œuvre, 1913 ; J. A. Rimbaud, divin rôdeur, 1930 ; Temporel et Intemporel, 1936) et ses articles parus dans les Cahiers Šalda, dont il était l'éditeur et l'unique auteur.

Salel (Hugues)

Poète français (Cazals, Quercy, 1504 – Saint-Chéron 1553).

Ami de Rabelais et poète « marotique », il fut aussi par son goût pour l'hellénisme un précurseur de la Pléiade. On lui doit des Œuvres (1539) et une traduction en décasyllabes des dix premiers chants de l'Iliade.

Salfi (Francesco Saverio)

Écrivain italien (Cosenza 1759 – Paris 1832).

Intellectuel jacobin exilé en France après 1799, il devient conseiller de Murat en 1815, avant de s'établir définitivement en France. Si l'œuvre poétique témoigne de ses sentiments laïques et patriotiques, celle de l'historien et du critique littéraire qui collabora à la Biographie universelle, à la Revue encyclopédique et à l'Histoire littéraire de l'Italie de P. L. Ginguené offre une interprétation originale de l'époque baroque, à l'encontre des idées préconçues qu'avaient jusqu'alors inspirées les critiques des Lumières.

Salgado (Plínio)

Écrivain brésilien (São Bento do Sapucaí, São Paulo, 1901 – São Paulo 1975).

Issu de la « semaine d'Art moderne » de São Paulo (1922), membre du groupe Anta, il est l'auteur du Manifeste vert-jaune (1925), d'un nationalisme exacerbé.

Salgari (Emilio)

Écrivain italien (Vérone 1863 – Turin 1911).

Après avoir voyagé, il revient à Vérone et se lance dans une intense activité de narrateur. Il publie plus de deux cents romans et récits d'aventures (les Mystères de la jungle noire, 1895 ; les Pirates de Malaisie, 1896 ; le Corsaire noir, 1899 ; la Reine des Caraïbes, 1901 ; Sur les frontières du Far West, 1908) qui jouirent d'un immense succès et qui contribuèrent par le dynamisme de l'action, la force des sentiments (honneur, amitié, justice) et la fantaisie des personnages à renouveler le genre.

Salih (al-Tayyib ou Tayeb)

Romancier soudanais (Al-Shamaliyah, Soudan, 1929).

Il est l'un des plus importants romanciers arabes contemporains. Formé à Khartoum puis à Londres, il est aussi l'homme d'un village du Nord soudanais, dont le paysage, les hommes et les éléments – terre, Nil, palmiers et désert – prennent au fil de ses œuvres une dimension archétypale. Avec chaleur et pittoresque, ses nouvelles (Dûma Wadd Hâmid, 1960) et ses romans ('Urs al-Zayn, 1962 ; Saison de la migration vers le nord, 1969 ; Bandarchâh : Daw' al-Bayt, 1971, et Maryûd, 1978) jouent admirablement de toutes les variétés de la langue arabe, élaborent de subtiles inventions narratives et, riches du double humus des mondes arabe et africain, posent un regard interrogateur sur la modernité.

Salinas (Pedro)

Poète espagnol (Madrid 1892 – Boston 1951).

Son œuvre lyrique d'une remarquable unité exprime toutes les nuances de la sensibilité moderne et fait de son auteur un des grands représentants de la poésie pure (Présages, 1923 ; Sûr Hasard, 1929 ; la Voix qui t'est due, 1934 ; Raison d'aimer, 1936 ; le Contemplé, 1946 ; Tout devient plus clair, 1949). Installé aux États-Unis (1936), il a publié des nouvelles (le Nu impeccable, 1951), des pièces de théâtre et des études littéraires.

Salinger (Jerome David)

Écrivain américain (New York 1919).

Écrivain secret, il rend compte dans ses récits des attitudes et du parler de la jeunesse américaine des années 1950. Ce sens de l'immédiat ne se sépare pas d'une symbolique qui permet d'inscrire des personnages adolescents dans une problématique existentielle et mystique, et de traiter avec ironie les grands thèmes de l'idéologie nationale. Son roman, l'Attrape-Cœur (1951), résume, à travers les aventures new-yorkaises de Holden Caulfield, qui s'est enfui de son lycée, l'absurdité du monde contemporain, opposé au monde valorisé de l'adolescence. Les recueils de récits, Neuf Histoires (1953), Franny et Zooey (1961), Dressez haut la poutre maîtresse, charpentiers (1963), Seymour, une introduction (1963), fixent un imaginaire familial (la famille Glass) dont les complexités voilent ou désignent le suicide du fils aîné. Le texte devient commentaire de la tragédie familiale, tout en réinvestissant les thématiques centrales de la fiction américaine, notamment l'écart entre désir et réalité.

Sallenave (Danièle)

Romancière française (Angers 1940).

D'abord théoricienne, elle fonde la revue Digraphe avec Jean Ristat, et ses premiers romans poursuivent les recherches formalistes de l'époque (Paysage de ruines avec personnages, 1975). Les Portes de Gubbio (prix Renaudot 1980) mêlent narration, lettres, articles et citations dans une réflexion sur l'art et l'artiste. Son style devient ensuite plus dépouillé et intimiste, mais la mémoire et le temps restent ses interrogations centrales (Un printemps froid, nouvelles, 1983 ; la Vie fantôme, 1986 ; Conversations conjugales, 1987 ; Adieu, 1987 ; les Trois Minutes du diable, 1994). Elle a aussi publié des essais sur la littérature (le Don des morts, 1991 ; À quoi sert la littérature ? 1997).

Salluste, en lat. Caius Sallustius Crispus

Historien latin (Amiterne, Sabine, 87 – Rome 35 av. J.-C.).

Il consacra la première partie de sa vie à la politique et, pendant son tribunat de la plèbe, en 52, attaqua avec violence Cicéron et Milon. Expulsé en 50 du sénat pour immoralité, il dut à la protection de César sa réhabilitation et recommença la carrière des honneurs tout en faisant partie de l'entourage politique de César. Gouverneur de l'Africa nova (Numidie) en 46, il amassa une scandaleuse fortune qui lui permit de faire bâtir sur le Quirinal une maison remplie d'œuvres d'art et entourée de jardins célèbres (Horti Sallustiani), et qui lui valut, à son retour, un procès pour concussion. Après l'assassinat de César, il se consacra à son œuvre littéraire. Dans ses trois ouvrages, la Conjuration de Catilina (récit de la crise qui ébranla Rome en 63 av. J.-C.), la Guerre de Jugurtha (sur la guerre menée par les Romains contre le roi numide de 111 à 105 av. J.-C.) et les Histoires, Salluste, à la différence de la plupart des historiens de l'Antiquité, a voulu étudier, à travers des moments de crise violente, la dégradation de la démocratie romaine, la corruption du sénat, l'impéritie et la lâcheté des nobles, et leur mainmise sur la politique et les richesses, thèmes qui seront repris jusqu'au XXe s. par de nombreux historiens de la décadence de Rome. Le style de l'œuvre, concis et recherché, le recours aux archaïsmes, aux ruptures de phrases et aux constructions asymétriques annoncent la littérature impériale, tandis que l'introduction de discours importants donnent au genre historique des dimensions politiques et psychologiques dont s'inspirera Tacite. Dans la Guerre de Jugurtha, grâce à une documentation puisée dans des ouvrages historiques en langue punique, il évoque aussi avec pittoresque les paysages d'Afrique et les intrigues qui divisent la famille des rois numides : cette couleur locale « exotique » représente une tentative nouvelle dans la littérature latine.