Couto (Diogo do)
Historiographe portugais (Lisbonne 1542 – Goa 1616).
Humaniste, chargé par Philippe II de continuer les Décadas de João de Barros, il publia de son vivant les Décades IV (1602) à VII (1616), ainsi qu'un dialogue, le Manuel du soldat (O Soldado Pratico, 1790).
Couto (Mia)
Écrivain mozambicain (Beira, Mozambique, 1955).
Auteur de récits souvent intimistes, d'une grande efficacité narrative (Chaque homme est une race, 1990), il est la figure de proue de la littérature mozambicaine contemporaine.
Coward (sir Noël Pierce)
Auteur dramatique anglais (Teddington 1899 – Port Maria, Jamaïque, 1973).
Acteur, chanteur, danseur, il réussit dans la « revue » avant de se lancer dans le théâtre (les Amants terribles, 1930 ; Cavalcade, 1931), le cinéma (Brève Rencontre, 1946), l'opérette, la nouvelle et la poésie chantée. Il apporta au théâtre de boulevard la vitalité du music-hall, avec des éclairs de simplicité et d'émotion vraies.
Cowley (Abraham)
Poète anglais (Londres 1618 – Chertsey 1667).
Secrétaire d'Henriette de France en exil, il introduit l'ode pindarique dans la littérature anglaise et influence le genre de l'essai en le personnalisant (Essai sur moi-même, 1656). Dernier des « métaphysiques », ses Odes, ses poèmes (la Maîtresse, 1647) et son épopée sur David (1656) font de lui l'un des esprits les plus mobiles du temps.
Cowper (William)
Poète anglais (Great Berkhamstead, Hertfordshire, 1731 – East Dereham, Norfolk, 1800).
D'une timidité maladive qui le pousse à une tentative de suicide, il sera interné de 1757 à 1765 puis de 1773 à sa mort. Hanté par la damnation, il chante les vies simples et les grandes causes humanitaires. D'abord satirique (l'Amusante Histoire de John Gilpin, 1782), son œuvre est de plus en plus marquée par le renouveau religieux : la Tâche (1785) prend, par défi, un sofa pour sujet et fait l'éloge de la beauté de la nature créée par Dieu, par opposition à la laideur des villes.
cpa'p
Terme de la langue khmère qui désigne les « textes de sagesse » cambodgiens.
La littérature gnomique occupe au Cambodge une place particulière. Elle s'exprime en de courts traités versifiés, d'une langue recherchée, souvent archaïsante, dans des rythmes destinés avant tout à la mnémotechnie. Ces textes, appris par cœur par des générations de Khmers, portent le nom général de cpa'p (mot qui se prononce approximativement chbâp). Ils sont soit gravés sur palmes courtes selon la technique des manuscrits anciens, soit édités en fascicules ou recueils. Leur versification comporte plusieurs types de mètres, dont les plus connus sont : le « pas du corbeau », rythme vif et sautillant, le « chant du brahmane », plus large et solennel, ou encore « la démarche du serpent », onduleux et poétique. Le mot cpa'p lui-même signifie à la fois le contenant et le contenu : le traité, l'exposé, et l'éthique exprimée en maximes, préceptes moraux, règles de bonne conduite « qui ont fait la grandeur du passé ». Formulaire et préceptes sont indissociables, et représentent globalement la sagesse des Anciens. Échos cambodgiens des nitisastra de l'Inde, ils ont été composés à date indéterminée, bien que certains d'entre eux remontent à la fin du XVIe s. Ils attestent en tout cas l'époque qui s'étend entre la chute d'Angkor et les temps modernes. Mais leur genre littéraire se poursuivit selon des inspirations nouvelles. Le roi Ang Duong, à la fin du XIXe s., passe pour être l'auteur de l'un d'eux, et certains recueils datent du XXe s.
Les plus connus de ces textes sont : le Cpa'p kun cau (« Traité de morale des enfants »), le Cpa'p prus (« Morale des garçons »), le Cpa'p sri (« Morale des filles »), le Tri Net (« les Trois Conduites »), le Bak Cas (« Paroles des anciens »), le Ker Kal (« Glorieux Patrimoine »), le Cpa'p kram (« Recueil de règles »). Ici, l'héritage moral et la culture ne font qu'un. Sagesse quotidienne, fidélité au passé, enseignement et respect du bouddhisme, expérience ancestrale s'harmonisent sans heurt. Le « savoir-être » est transmis du père à ses enfants, de la mère à sa fille mariée, du riche propriétaire à son héritier, du maître à son élève, comme un trésor sans prix, « un pont pour traverser le fleuve de l'existence ».
Crabbe (George)
Poète anglais (Aldeburgh, Suffolk, 1754 – Trowbridge 1832).
Chapelain du duc de Rutland, il évoque avec un réalisme sans espoir la vie des paysans, à l'encontre de l'idéalisme pastoral, et se fait le poète des pauvres (le Village, 1783 ; le Registre de la paroisse, 1807). Le Bourg (1810) inclut notamment le récit « Peter Grimes », dont Britten tirera un opéra en 1945.
cramignon
Nom wallon donné en pays liégeois à une danse serpentine ou farandole, attestée dès le XVIe s. et autrefois en vogue aux fêtes de paroisse. Le mot en est venu à désigner le texte chanté qui accompagne cette danse où hommes et femmes, placés en alternance sous la conduite d'un « meneur », reprennent en chœur un vers-refrain. En tant que genre littéraire, le cramignon a perdu la gauloiserie qui le distinguait souvent à ses origines pour acquérir un certain raffinement poétique, vers le milieu du XIXe s., notamment grâce à Nicolas Defrecheux.
Crane (Harold, dit Hart)
Poète américain (Garrettsville, Ohio, 1899 – par suicide, dans le golfe du Mexique, 1932).
Esprit angoissé, prisonnier d'un moralisme qui l'empêche d'accepter son homosexualité, il cherche dans l'espace américain, dans les paysages tropicaux, à Paris, les lieux et les objets capables de corriger son pessimisme et de combler la pauvreté culturelle du Middle West. Lecteur de Donne, de Rimbaud et de l'avant-garde européenne, influencé par Whitman, il donne avec Bâtiments blancs (1926) une méditation sur la beauté, l'amour et la mort, inspirée des personnages de Faust et d'Hélène. Dans le Pont * (1930), il fait du pont de Brooklyn le symbole de l'histoire et de l'avenir américains, réunissant en cinq chants les grandes figures et les grands symboles nationaux (Pocahontas, Rip Van Winkle, Melville, Poe, Whitman, Christophe Colomb, le métro, l'Atlantide), dans une réponse exaltée au désespoir de la Terre Gaste de T. S. Eliot.