Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
Y

Yu Dafu

Écrivain chinois (1896 – 1945).

Fils de lettrés, ayant reçu au Japon une formation d'économiste, il entre avec fracas en littérature avec sa nouvelle le Naufrage (1921), remarquable à double titre : exercice impudique d'introspection d'un individu suicidaire et mise en accusation d'une société chinoise mortifère. Devenu proche de Lu Xun, il continue à écrire surtout des nouvelles (certaines « engagées ») et des journaux intimes. Réfugié à Sumatra en 1942, il est assassiné par la police japonaise.

Yu Hua

Romancier chinois (né en 1960).

Après avoir exercé le métier de barbier-dentiste, il commence à publier en 1984. Il se situe lui-même au carrefour de plusieurs influences occidentales : Dante, Proust, Kafka, Borges, le Nouveau Roman... Ses premiers récits, qui datent de la fin des années 1980 (Une certaine réalité, Un amour classique, etc.), ont en commun une atmosphère cauchemardesque et une philosophie désespérée, ce qui a fait dire à la critique chinoise que, « ayant exclu de ses œuvres le jugement, les valeurs humaines et la réalité historique, il ne reste à cet auteur que le néant ». Mais une évolution, sensible depuis Vivre (1994), confirmée par le Vendeur de sang (1996), semble conduire Yu Hua vers les valeurs humanistes – comme la compassion au malheur d'autrui – et la prise en compte de l'Histoire dans les destinées individuelles, sans que, pour autant, il se convertisse au réalisme traditionnel, ni n'atténue l'extrême violence de ses récits.

Yücel (Tahsin)

Écrivain turc (Elbistan 1933).

Professeur de littérature française (il a traduit environ quatre-vingts ouvrages de la littérature française des XIXe et XXe siècles), il est aussi sémiologue et a introduit les travaux de Greimas et de Barthes en Turquie. Son œuvre de nouvelliste, commencée dès 1954 (Soucoupes volantes), culmine dans le recueil Moi et l'Autre (1983), ensemble de paraboles sur l'existence humaine où ressort son Anatolie natale, fortement stylisée. Depuis 1992, il s'est imposé comme l'un des romanciers les plus audacieux avec les Cinq Derniers jours de Peygamber (1992), la Moustache (1995) et le Mensonge (2002).

Yung Vilne

Groupe de poètes, de romanciers et d'artistes de langue yiddish qui firent leurs débuts à Vilno entre 1929 et 1935. Défini plus par des liens de camaraderie que par une esthétique ou une idéologie communes, son nom n'en reste pas moins lié à l'histoire des modernismes en yiddish. Parmi ses membres : Haïm Grade, Shmerké Katcherginsky (1908-1954), Avrom Suzkever, Elkhonon Vogler (1907-1969), Leizer Wolf (1910-1943).

Yunge (Di)

Mouvement littéraire d'expression yiddish, fondé à New York en 1907.

Réagissant contre la thématique prolétaire qui prédominait dans la littérature yiddish aux États-Unis depuis les années 1880, les Yunge (Jeunes) se mirent à chanter l'individu, plaçant l'état d'âme du poète au centre de leur thématique. Parmi les membres du groupe, tous originaires de l'Europe orientale, les plus représentatifs sont Ruvn Ayzland (1884-1955), M.L. Halpern, Dovid Ignatoff (1885-1954), Zishe Landau (1889-1937), H. Leivick, Many Leib (1883-1953).

Yver (Jacques) , seigneur de la Bigoterie

Conteur français (Niort 1520 –1571 ?).

Il fit ses études de droit à Poitiers, où il fréquenta un cercle de lettrés (Tahureau, Toutain, Vauquelin de La Fresnaye, Guillaume Bouchet, du Fail, Scévole de Sainte-Marthe). Il publia en 1572 un recueil de nouvelles qu'il intitula, par jeu de mots sur son patronyme, le Printemps. Conçu sur le modèle du Décaméron, ce recueil rassemble, à l'intérieur d'un récit-cadre où un groupe de devisants évoluent dans un décor raffiné, cinq nouvelles dont les quatre premières ressortissent au genre de la « nouvelle tragique » (genre créé par Boaistuau et Belleforest), et la cinquième, une sorte d'inversion parodique des précédentes, au genre de la nouvelle facétieuse. Le recueil de Jacques Yver connut de son temps un vif succès (20 éditions de 1572 à 1618). Il est, tant par sa thématique que par son écriture, très représentatif des tendances nouvelles qui marquent l'évolution de la littérature narrative dans le dernier tiers du XVIe s.

Yves de Paris

Théologien et écrivain français (Paris v. 1593 – id. 1678).

Ce capucin (1620) est l'un des grands représentants de l'humanisme dévot. Il s'engagea dans une réflexion sur la foi (les Morales chrétiennes, 1638-1642) et participa à la controverse contre le jansénisme naissant. Il se consacra ensuite à des études sur la structure de l'Univers, sans tenir compte des nouvelles données fournies par Galilée et Descartes, et réajusta les visions cosmogoniques médiévales (l'Agent de Dieu dans le monde, 1656). Ses autres traités, comme le Gentihomme chrétien (1666), intègrent l'héritage humaniste dans la spiritualité chrétienne.