Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
C

Carmi (Charney, dit T.)

Poète israélien (New York 1925 – Tel-Aviv 1994).

Arrivé en Palestine en 1931, il repartit aux États-Unis pour achever ses études, mais s'installa définitivement en Israël en 1947. Il commença à publier dès 1945 dans la presse hébraïque américaine (Songe et Difformité, 1950 ; Il n'y a pas de fleurs noires, 1956 ; Neige à Jérusalem, 1958 ; le Serpent d'airain, 1962 ; la Licorne se regarde dans la glace, 1967 ; Vers un autre pays, 1977). Il fut aussi traducteur de Brecht, Osborne et Shakespeare.

Carmina Burana

Nom donné à un recueil de textes du Moyen Âge, en latin et en haut allemand, découvert en 1803 à l'abbaye bénédictine de Beuren (Bavière).

Le manuscrit a été composé autour de 1225 en Allemagne à partir de sources plus anciennes. Les auteurs sont des clercs ou des « escholiers » anonymes (Goliards, Vaganten) de diverses origines. Sur un ton souvent très libre, ils parlent de religion, des mœurs du clergé et chantent la nature, le vin et l'amour. C'est à partir de ces textes que Carl Orff a composé en 1937 sa cantate Carmina Burana.

Carmontelle (Louis Carrogis, dit)

Peintre, architecte et écrivain français (Paris 1717 - id. 1806).

C'est au service du duc d'Orléans qu'il composa plus de deux cents Proverbes dramatiques (1768-1781), pièces courtes destinées à être représentées en privé et dont le scénario illustre un proverbe que les spectateurs doivent deviner. Son Théâtre de campagne (1775) réunit des comédies plus élaborées. On lui doit aussi l'invention des « transparents » qui précédèrent les panoramas, ainsi que la conception du parc Monceau, à Paris.

Caro (Annibale)

Écrivain italien (Civitanova Marche 1507 – Rome 1566).

Ses Lettres familiales (1572-1574) constituent un document fondamental sur la vie courtisane de l'époque. Il est aussi l'auteur d'une des meilleures comédies du XVIesiècle (la Comédie des gueux, 1544).

Carossa (Hans)

Écrivain allemand (Tölz 1878 – Rittsteig, près de Passau, 1956).

Poète (Stella mystica, 1907), très influencé par Goethe, mais aussi par sa propre expérience de médecin, il exprime l'angoisse qu'il ressent devant la mort et la souffrance dans ses romans (la Fin du Dr Bürger, 1913 ; le Docteur Gion, 1931 ; les Secrets de la maturité, 1936) et dans ses récits autobiographiques (Une enfance, 1922 ; la Journée du jeune médecin, 1955).

Carpelan (Bo)

Écrivain finlandais de langue suédoise (Helsinki 1926).

La mélancolie abstraite de ses premières œuvres lyriques (Comme une chaleur sourde, 1946 ; Moins sept, 1952) a évolué, parfois colorée d'absurde, vers une vision du monde plus concrète et chaleureuse (Métamorphoses du paysage, 1957 ; Fraîcheur du jour, 1961 ; Printemps, 1973). Il est aussi l'auteur de romans et de nouvelles (les Voix de la dernière heure, 1971 ; l'Ombre errante, 1977 ; Je me souviens que j'ai rêvé, 1979), de pièces radiophoniques et de livres pour enfants.

Carpentier (Alejo)

Écrivain cubain (La Havane 1904 – Paris 1980).

Né d'un père breton et d'une mère russe, il fait une partie de ses études à Paris et s'intéresse très tôt à la musique de son pays. Sous la dictature de Machado, il est emprisonné pour ses activités politiques mais, grâce à Robert Desnos de passage à La Havane, il peut s'exiler et vient s'installer à Paris (1928), où il vivra onze ans, se liant avec les surréalistes, mais surtout Artaud et Prévert. Rentré à Cuba en 1939 après avoir donné un premier roman (Ecue-Yamba-O, 1933) évoquant les rites de sorcellerie antillais, il poursuit ses recherches en musicologie (Histoire de la musique cubaine, 1946) et connaît de nouveau l'exil, au Venezuela. Il revient alors au roman, cherchant à traduire, dans une prose imagée et superbement baroque, l'aspect irrationnel du monde latino-américain et le mélange des cultures : le Royaume de ce monde (1949), histoire du roi Christophe à Haïti ; le Partage des eaux (1933), où il relate les aventures, presque autobiographiques, d'un musicologue fasciné par les civilisations primitives d'Amazonie ; le Siècle des lumières (1962), qui montre l'irruption des idées de 1789 dans les Caraïbes. En 1956, il publie cinq nouvelles sous le titre de Guerre du temps et, lorsque triomphe la révolution castriste, il regagne Cuba, où il occupera divers postes officiels. De 1966 jusqu'à sa mort, il sera ministre conseiller de l'ambassade de Cuba à Paris. Après un court roman (le Droit d'asile, 1972), il brosse dans le Recours de la méthode (1974) le portrait d'un dictateur hispano-américain imaginaire qu'il fait vivre, en un exil doré, dans le Paris de la Belle Époque. Suprêmement habile à recréer les temps et les lieux, il imagine la rencontre d'un grand seigneur mexicain et de Vivaldi dans la Venise du XVIIIe siècle (Concert baroque, 1974) et consacre à Christophe Colomb un roman dans lequel il donne libre cours à son éblouissante culture et à son humour (la Harpe et l'Ombre, 1979), et qui inspira au Chilien Edmundo Vázquez un quatuor à cordes (1980). Dans la Danse sacrale (1979), qu'il considère comme le plus ambitieux de ses romans, il retrace les diverses étapes de sa vie itinérante à travers l'histoire d'un homme et d'une femme gagnés par l'idéal révolutionnaire, depuis les années allant de la guerre d'Espagne à la révolution cubaine. Ses nombreux essais et chroniques ont été notamment réunis dans Lettre et Solfège (1976), Sous le signe de la Cibeles (1979), Raison d'être (1980), Ce musicien que je porte en moi (1981).

Carr (John Dickson)

Écrivain américain (Uniontown, Pennsylvanie, 1906 – New York 1977).

Influencé par G. K. Chesterton, il écrivit, sous son nom ou sous le pseudonyme de Carter Dickson, des romans policiers teintés de fantastique mettant en scène deux personnages de détectives, le Dr Gideon Fell ou l'inspecteur Henry Merrivale (la Maison de la peste, 1934 ; la Maison du bourreau, 1935 ; la Chambre ardente, 1937 ; le Sphinx endormi, 1947). On lui doit aussi une biographie de Conan Doyle (1949).

Carrera Andrade (Jorge)

Écrivain équatorien (Quito 1903 – id. 1978).

Esprit cosmopolite, nourri de poésie française et influencé par celle d'Extrême-Orient (le haikai japonais lui inspira ses Microgramas en 1940), il s'efforce de donner une dimension universelle aux thèmes inspirés par le sol natal et la question indienne, dans ses poèmes (Registre du monde, 1940 ; Lieu d'origine, 1945 ; l'Homme planétaire, 1963) et ses essais (le Chemin du soleil, 1958). Il a également publié un récit autobiographique (le Volcan et le colibri, 1970).