Villaespesa (Francisco)
Écrivain espagnol (Laujar de Andarax, Almería, 1877 – Madrid 1936).
Il incarna l'image mythique de la bohème moderniste. Ses poèmes (La Muse malade, 1901 ; le Jardin des chimères, 1909 ; À l'ombre des cyprès, 1917 ; Terre d'enchantement et de merveille, 1921) révèlent un penchant pour l'oriental et une vision conventionnellement exaltée de l'Espagne. Ses drames, de ton emphatique, s'inspirent de l'histoire nationale (La Maya de Goya, 1917).
Villalon (Fernando) , comte de Miraflores de los Ángeles
Poète espagnol (Séville 1881 – Madrid 1930).
Passionné de tauromachie et ami des écrivains de la génération de 1927, il est l'auteur tardif d'une œuvre poétique qui puise ses thèmes dans le folklore andalou : d'abord influencée par le gongorisme, elle évolua vers des formes plus avant-gardistes (Andalucía la baja, 1926 ; La Toríada, 1928 ; Romances del 800, 1929).
Villalonga (Llorenç)
Écrivain espagnol d'expression catalane (Palma de Majorque 1897 – id. 1980).
Il peint volontiers l'« effondrement d'un monde fini » s'accrochant en vain à un passé révolu et livre ses considérations nostalgiques et satiriques sur la vie moderne dans une œuvre romanesque raffinée, empreinte de culture française (Bearn, 1945 ; L'ángel rebel, 1961 ; La Lulu, 1970 ; Un estin a Mallorca, 1975). On lui doit également des pièces de théâtre (Aquilles o l'impossibile, 1964).
Villamediana (Juan de Tassis y Peralta, comte de)
Écrivain espagnol (Lisbonne 1582 – Madrid 1622).
Il fut l'admirateur et le protecteur de Góngora, qui influença notablement ses grands poèmes (Phaéton, Apollon et Daphné, Europe, Vénus et Adonis), ainsi que l'ensemble de son œuvre poétique, à mi-chemin entre le cultisme et le conceptisme et composée d'épigrammes et de plus de 200 sonnets et redondillas de thème amoureux, religieux ou patriotique.
villanelle
Chanson pastorale (de villa, ferme, campagne) et populaire, originaire d'Italie (Naples ou Venise). D'abord de forme libre (du Bellay dans les Jeux rustiques ; Desportes dans Rosette, pour un peu d'absence, etc.), elle fut, à la fin du XVIe siècle, codifiée (sur le modèle de la pièce de J. Passerat, J'ai perdu ma tourterelle) en un poème composé d'un nombre impair de tercets, suivis d'un quatrain final selon le schéma : A1BA2 – ABA1 – ABA2 – ABA1 – ABA1A2.
Villani (Giovanni)
Chroniqueur italien (Florence v. 1280 – id. 1348).
Marchand et homme politique, il est l'auteur d'une Chronique, dont les six premiers livres sont consacrés aux origines légendaires des principales villes italiennes et les six derniers à la vie politique et économique de Florence de 1266 à 1346. La Chronique fut poursuivie par son frère, Matteo (Florence 1280 ou 1290 – id. 1363), et par Filippo (Florence 1325 – id. 1405), fils de Matteo.
Villard (Marc)
Écrivain français (Versailles 1947).
Poète, peintre, musicien, il signe avec Yves Degliame en 1980 Légitime Démence, œuvre typique du néopolar avec magouilles politiques et terrorisme. Grâce à son lyrisme, il transfigure le genre dans ses romans (Corvette de nuit, 1981 ; Ballon mort, 1984 ; le Sentier de la guerre, 1985 ; La dame est une traînée, 1989) et ses recueils de nouvelles (Nés pour perdre, 1980 ; Sauvages dans les rues, 1983).
Villars (Nicolas de Monfaucon, abbé de)
Écrivain français (près de Toulouse 1635 – assassiné sur la route de Lyon 1673).
Il témoigna, dès ses études à Toulouse, de son goût pour le Talmud et Plotin. Embastillé en 1661, sans qu'on en sache le motif, il mena ensuite une carrière d'abbé mondain et de critique acerbe, attaquant notamment les écrivains de Port-Royal et les Pensées de Pascal. C'est en familier de l'abbé d'Aubignac qu'il condamna à la fois Racine et Corneille dans sa Critique de Bérénice (1671). Il mourut assassiné au cours d'un voyage vers Lyon. Il reste surtout célèbre pour son étonnant ouvrage sur les sciences occultes, le Comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences secrètes (1670).
Villaurutia (Xavier)
Écrivain mexicain (Mexico 1903 – id. 1950).
Membre du groupe Contemporáneos (1928-1931), il débuta par des poèmes (Reflets, 1926 ; Nocturnes, 1933 ; Nostalgie de la mort, 1938) qui allient la rigueur intellectuelle à la limpidité de l'écriture. Il écrivit des pièces courtes puis en trois actes (Invitation à la mort, 1940 ; la Femme légitime, 1942 ; le Pauvre Barbe-Bleue, 1946), de thème réaliste mais qui, par la concision et l'absence d'effusion des dialogues, s'apparentent davantage à un théâtre d'idées qu'à un théâtre d'action.
Villaverde (Cirilo)
Écrivain cubain (San Diego Nuñez 1812 – New York 1894).
Son chef-d'œuvre, Cecilia Valdès ou la Colline de l'ange, paru à New York en 1882, raconte comment Cécilia, superbe métisse de parents inconnus, s'éprend de son demi-frère ignoré, et, abandonnée par lui, le fait tuer par un de ses soupirants. Plus que par l'intrigue, ce roman vaut par sa force évocatrice de La Havane et de la société cubaine du début du XIXe siècle, par la vie de ses personnages et par son style qui en font une des œuvres maîtresses, romantique et réaliste, du costumbrismo latino-américain, et le meilleur roman cubain du XIXe siècle.
Villedieu (Marie-Catherine, dite aussi Hortense, Desjardins, comtesse de)
Femme de lettres française (Alençon entre 1638 et 1640 – Chinchemare, Maine, 1683).
Amie de Patru, de l'abbé d'Aubignac, de Molière, de Boileau, elle lança la mode des romans courts sur un thème historique (Anaxandre, 1667 ; Cléonice, 1669). Elle sut allier l'histoire et le roman avec les nouvelles historiques des Annales galantes (1677) : les Amours d'Alcibiade (1680), les Annales galantes de Grèce (1687). Elle fit jouer aussi des tragi-comédies (Manluis, 1662 ; le Favori, 1665) et des tragédies (Nitétis, 1663 ; Pausanias, 1669 ; Virginie, 1683), publia des Fables et Histoires allégoriques (1670) et a donné dans son Récit en vers et en prose de la farce des Précieuses (1660) le compte rendu de la première représentation des Précieuses ridicules.
Villehardouin (Geoffroi de)
Maréchal de Champagne et chroniqueur français (vers 1148 – v. 1213).
Il est l'auteur de la Chronique de Constantinople, une des plus anciennes chroniques rédigées en prose française. Par ses fonctions, il joua un rôle important dans les affaires administratives et politiques, auprès de son seigneur Thibaut III de Champagne. Lors de la quatrième croisade (1199), il exerça de multiples activités et montra ses talents d'homme de guerre et de diplomate : négociateur et orateur, il poussa Boniface de Montferrat, chef de l'expédition, à accepter les propositions du prince byzantin Alexis Ange Comnène, et aida après la prise de Constantinople (1204) à la réconciliation entre le nouvel empereur Baudouin Ier et Boniface de Montferrat. Après ses glorieux services, il reçut le titre de maréchal de Champagne et de Romanie. Composée sans doute dans les dernières années de sa vie pour justifier le détournement de la croisade et relater ce dont il a été l'acteur et le témoin directs, sa chronique rapporte les événements selon leur déroulement chronologique, dans un style sobre et dépourvu de fantaisie, qui n'exclut pas cependant le nombre et la précision des détails et certains effets rhétoriques. Partiale à certains égards, en particulier dans l'apologie de Boniface, elle vise à renseigner et à instruire. Sa valeur historique et édifiante provient de la forte implication politique de l'auteur et de son indéfectible fidélité à ses engagements religieux et moraux.