Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
M

Maghut (Muhammad al-)

Poète et dramaturge syrien (Salamiyah 1934 – Damascus, Syrie, 2006).

Optant d'emblée pour le vers libre, sa poésie pessimiste et corrosive dénonce la misère, l'oppression et l'avilissement d'un monde oubliant sa grandeur passée (Tristesse au clair de lune, 1959 ; Une chambre aux millions de murs, 1964 ; La joie n'est pas mon métier, 1970). Il a écrit aussi pour le théâtre : l'Oiseau bossu (1967) et surtout le Saltimbanque (1974), burlesque représentation du monde arabe contemporain qui connut un grand succès.

Magny (Olivier de)

Poète français (Cahors v. 1520 – 1561).

Il fit partie d'une mission diplomatique à Rome (1555-1556), où il se lia avec Du Bellay. Ses œuvres sont les Amours (1553), constitués de sonnets pétrarquisants ; les Gayetez (1554), pièces légères sous l'influence de Ronsard ; les Soupirs (1557), à la fois élégiaques (sur les douleurs de l'exil) et satiriques (sur les mœurs romaines). Ses Odes sont consacrées à des thèmes généraux (Ode de la Justice) ou de circonstance et à une inspiration amoureuse proche de l'anacréontisme revu par la Pléiade (Hymne de Bacchus).

Magrelli (Valerio)

Écrivain italien (Rome 1957).

Ce poète est autant attaché à l'élégance formelle qu'à la profondeur des concepts, souvent philosophiques (Ora serrata retinae, 1980 ; Natures et signatures, 1987 ; Poésies 1980-1992 et autres poésies, 1996).

Magris (Claudio)

Écrivain italien (Trieste 1939).

Essayiste, il est spécialiste de la culture de l'Europe centrale (Mythe de l'Empire dans la littérature autrichienne, 1963), qui nourrit aussi sa production littéraire. Ses romans (Enquête sur un sabre, 1984 ; Danube, 1986 ; Une autre mer, 1991 ; Microcosmes, 1997) interrogent surtout la crise de la civilisation, sans toutefois plonger l'auteur dans le désarroi. En effet, un retour sur les fondements ultimes, comme les éléments naturels, ou sur le mythe, le lui interdit. Également éditorialiste du Corriere della Sera, il a réuni ses dernières interventions dans Utopie et Désenchantement, 1999.

Mahabharata
(le Grand [Poème des] Bharata)

Épopée sanskrite de 400 000 versets répartis en 18 livres.

Attribué à Vyasa, mais plus vraisemblablement élaboré par plusieurs auteurs entre le IVe s. av. J.-C. et le IVe s. apr. J.-C., ce poème raconte la lutte engagée pour la royauté entre les Kaurava et les Pandava, deux lignées de la dynastie lunaire. Les cinq frères Pandava, les « justes », bénéficient de l'appui de Krisna, incarnation de Visnu. L'un des épisodes les plus célèbres de l'épopée, considéré par certains comme une interpolation, est constitué par la Bhagavad-Gita.

Mahari (Gourguen Adchémian)

Écrivain arménien (Van 1903 – Palanga, Lituanie, 1969).

Réfugié à Erevan en 1915, il publia d'abord des poèmes (Agit-Poèmes, Pressoirs) avant d'entreprendre une œuvre autobiographique qui culmine avec les Vignobles en flammes, récit de la résistance arménienne de la ville de Van en 1915. Victime des purges staliniennes, il a passé un quart de siècle dans les camps sibériens comme en témoigne son ouvrage capital les Barbelés en fleurs (1988), sorti clandestinement de l'ex-U.R.S.S. en 1971.

Mahasweta Devi

Romancière et nouvelliste de langue bengalie (Dacca 1926).

Elle met son talent au service des plus défavorisés avec passion et sans compromis (la Mère du 1084, 1974 ; Aranyer adhikar, 1977).

Mahen (Antonín Vančura, dit Jiří)

Écrivain tchèque (Čáslav 1882 – Brno 1939).

Poète impressionniste (Petites Flammes, 1907 ; le Cœur silencieux, 1917), évocateur de la nature (le Livre des pêcheurs, 1921), il écrivit pour le théâtre des comédies (la Ruelle de l'audace, 1917 ; Nasreddin, 1930) et des drames (Jánošík, 1910 ; la Mer Morte, 1918). Il se suicida peu après la fin de l'indépendance tchécoslovaque.

Mahfuz (Isam)

Poète et dramaturge libanais (Marj'ayûn, Liban, 1939 – ? 2006).

Membre du groupe Chi'r (Poésie), critique littéraire au journal al-Nahâr, il est l'auteur de poésies symbolistes (les Herbes de l'été, 1961 ; la Constellation de la Vierge, 1963). Son théâtre, politique et très engagé, entend révolutionner la langue arabe par la scène (le Lilas de Perse, 1969 ; le Dictateur, 1971 ; Carte blanche, 1971 ; Pourquoi ?, 1972).

Mahfuz (Nadjib)

Écrivain égyptien (Le Caire 1912 – id. 2006).

Troisième fils d'une famille de la petite bourgeoisie du Caire, licencié en philosophie (1934), il publie ses premières nouvelles dans la revue al-Majalla al-Jadîda, créée par Salâma Mûsâ. Ses premières œuvres allient un réalisme descriptif, s'attachant à peindre minutieusement la société traditionnelle, et un souffle patriotique recherchant dans le lointain passé pharaonique les raisons de la fierté d'un peuple aspirant à l'indépendance (Souffle de folie, 1938 ; Jeux du destin, 1939 ; Radûbîs, 1943 ; la Lutte de Thèbes, 1944). Après 1945, une série romanesque décrit la société citadine égyptienne (le Nouveau Caire, 1945 ; Khân Khalîlî, 1946 ; Passage des miracles, 1947 ; Début et Fin, 1949). Ce panorama culmine dans la célèbre trilogie, écrite de 1947 à 1952 et publiée en 1956-1957 (Impasse des deux palais, le Palais du désir, la Sucrerie), vaste fresque évoquant, à travers la vie de trois générations d'une famille du Caire, les bouleversements sociaux et politiques d'un demi-siècle de l'histoire égyptienne. Son roman les Fils de la Médine (1959), reçu comme une allégorie de l'histoire de l'humanité et des prophètes, déclencha en Égypte une réaction si violente qu'il ne put être publié qu'à l'extérieur. Les années 1960 marquent un tournant dans l'œuvre de Mahfûz, qui tend alors à privilégier le récit court, fait davantage place au symbole et débouche sur un constat inquiet, voire angoissé, de l'évolution d'une société dans laquelle l'individu est de plus en plus solitaire et abandonné. Les œuvres des décennies suivantes renouent avec la veine première, et la forme longue (le Voleur et les Chiens, 1961 ; le Monde de Dieu, 1963 ; la Voie, 1964 ; le Mendiant, 1965 ; Bavardage sur le Nil, 1966 ; Miramar, 1967 ; la Taverne du chat noir, 1968 ; Récits de notre quartier, 1975 ; l'Épopée des voyous, 1977 ; les Nuits des 1001 Nuits, 1982 ; le Périple d'Ibn Fattûma, 1983 ; Quchtumur, 1983 ; Récit du matin et du soir, 1985 ; le Jour de l'assassinat du leader, 1986 ; la Dernière Décision, 1996). En 1988, il est le premier écrivain arabe à obtenir le prix Nobel.