Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
T

Tergdaleulebi (Ceux qui ont bu l'eau du Térek)

Cercle littéraire géorgien constitué, dans les années 1860, d'écrivains (Ilia Tch'avtch'avadze, Ak'ak'i Ts'ereteli, Giorgi Ts'ereteli, Nik'o Nik'oladze, K'onst'ant'ine Lortkipanidze, entre autres) formés en Russie (au-delà du Terek) aux idées révolutionnaires de Tchernichevski et de Dobrolioubov. Prônant la modernisation de la langue et aspirant à un renouveau social, ils s'opposent, dans leurs revues, Tsisk'ari (l'Aube) et Sakartvelos Moambe (le Messager de la Géorgie) notamment, en une véritable querelle des Anciens et des Modernes, Mamebisa da chvilebis brdzola, le Combat des Pères et des Fils, tergdaleulebi réformateurs contre mt'k'vardaleulni (ceux qui [n']ont bu [que l'eau] du Mt'k'vari [de la Kura]), aux tenants d'une esthétique qu'ils jugent dépassée, dont Grigol Orbeliani est alors le dernier représentant.

Terian (Vahan Ter Grigorian, dit Vahan)

Poète arménien (Axalkalaki 1885 – Orenbourg 1920).

Il est très symboliste par son inspiration et par l'harmonie de la forme (les Rêveries du crépuscule, 1907, ayant traduit Verlaine et les poèmes en prose de Baudelaire). Ce militant révolutionnaire ne chanta sa mélancolie que pour mieux exprimer ses espoirs de renouveau (Naïri, 1915).

Terrasson (Jean)

Écrivain français (Lyon 1670 – Paris 1750).

Prêtre de l'Oratoire, professeur au Collège de France et académicien, il défendit la cause des Modernes dans une Dissertation critique sur l'Iliade d'Homère (1715). Il défendit Law dans Trois Lettres sur le nouveau système de finances (1728). Son roman pédagogique, Séthos, histoire ou Vie tirée des monuments, anecdotes de l'ancienne Égypte (1731) raconte les aventures et les voyages autour du monde antique d'un jeune prince égyptien conçu sur le modèle du Télémaque de Fénelon.

Tertullien, en latin Quintus Septimius Florens Tertullianus

Écrivain latin chrétien (Carthage v. 155 – 222).

Fils d'un centurion carthaginois, Tertullien fit à Rome des études de rhétorique. Converti au christianisme vers la trentaine, il revint en Afrique v. 195. Son tempérament fougueux en fit aussitôt un apologiste ardent de la religion chrétienne. Dans son exigence d'absolu, Tertullien se rallia v. 207 aux thèses fanatiques du montanisme, puis finit par constituer une secte originale plus rigoriste encore, celle des tertullianistes, qui devait se perpétuer pendant trois siècles. Dès 197, il commenca à écrire une œuvre gigantesque au style percutant. Son ouvrage adressé Aux nations est une critique acerbe du paganisme ; l'Apologétique (197), véritable plaidoyer en faveur de la liberté de religion, constitue une défense du christianisme adressée aux gouverneurs romains persécuteurs des chrétiens. Tertullien se montra un polémiste infatigable : Sur la prescription des hérétiques (vers 200) est une méthode de combat contre les déviations teintées de gnosticisme ; Contre Marcion, le plus volumineux de ses traités, dénonce l'opposition établie entre le Dieu de l'Ancien Testament et celui du Nouveau ; Contre Hermogène développe la doctrine chrétienne de la création du monde matériel par Dieu ; Contre Praxeas est une somme doctrinale des développements théologiques de la notion de Trinité divine. Tertullien a écrit aussi de nombreux ouvrages traitant de la morale pratique, où il se montre témoin privilégié des mœurs de son époque et un infatigable dénonciateur de tout laxisme : Aux martyrs, Sur les spectacles, Sur la toilette des femmes, Sur la prière (le plus ancien commentaire connu du Notre Père), Sur la patience, Sur la pénitence, Sur la couronne (où il prône l'objection de conscience). Plus serein est son traité Sur l'âme, où il s'interroge sur l'essence de l'âme et réfute les philosophies antiques qui nourrissaient les hérésies contemporaines, en particulier le platonisme. À la différence des autres apologistes que furent Minucius Felix et Lactance, Tertullien, premier écrivain chrétien de langue latine, apparaît comme un esprit intransigeant, un « intégriste », dirait-on aujourd'hui, partisan d'une rupture totale du christianisme avec la culture classique, dont il est pourtant lui-même imprégné. Mais son talent littéraire et son style puissamment original font de lui un écrivain de premier ordre, et l'un des plus grands de la littérature latine.

terza rima
ou terzina

Forme de poème pratiquée en Italie au Moyen Âge et à la Renaissance et dont la structure est fondée sur le tercet. Importé en France au XVIe s., ce type de poème, de longueur indéterminée, est généralement écrit en alexandrins et se définit par la distribution des rimes : le premier vers rime avec le troisième, le second avec le quatrième et le sixième, le cinquième avec le septième et le neuvième, et ainsi de suite. Autrement dit, sauf la première et la dernière, chaque rime est reprise trois fois. Typographiquement, le texte est disposé en groupes de trois vers séparés par des blancs, le dernier vers restant isolé.

Testi (Fulvio, comte)

Écrivain italien (Ferrare 1593 – Modène 1646).

Il réussit une brillante carrière diplomatique jusqu'à ce que des négociations menées en secret avec la France provoquent son internement dans la forteresse de Modène, où il mourut. Il évolue du maniérisme au classicisme baroque, sous l'influence de G. Chiabrera, empruntant à Horace ses formes et ses thèmes (Poésies lyriques, 1627, 1644, 1648). La publication de ses Lettres révèle une pénétrante interprétation de la vie morale et politique de l'époque.

Testori (Giovanni)

Écrivain italien (Novate Milanese 1923 – Milan 1993).

Il donne une description néoréaliste, mêlant italien et dialecte, du sous-prolétariat milanais. Sous la dénomination les Secrets de Milan, il a groupé en une vaste fresque cinq œuvres de genres littéraires différents : des récits (les Mystères de Milan : le Pont de la Ghisolfa, 1958, et les Gens de Milan, 1959), des pièces de théâtre (Maria Brasca, 1960 ; L'Arialda, 1961), un roman (les Amants ennemis, 1963). On lui doit encore des comédies et des drames (l'Hamblète, 1972), des romans (la Cathédrale, 1974 ; Passio letitiae et felicitatis, 1975 ; les Anges de l'extermination, 1992) et des recueils de poèmes (les Triomphes, 1965 ; Dans ton sang, 1973). D'une libre interprétation de ses récits, L. Visconti a tiré le film Rocco et ses frères (1960). Critique d'art, Testori s'est consacré à l'étude de la peinture lombarde et piémontaise du XVIIe siècle.