Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
B

Bhasa

Auteur dramatique sanskrit.

Brahmane visnuite antérieur à Kalidasa (IVe s.), il est reconnu comme le premier grand auteur de pièces de théâtre inspirées par le Mahabharata : Pañcaratra...; le Ramayana : Pratima..., ou la littérature narrative de la Brhatkatha.

Bhattacharya

Poète indien de langue bengalie (Bhatpara 1927 – Le Caire 2001).

Ses poèmes en prose créent un univers très personnel, idéaliste et sensuel (Pages sur la chambre, 1976 ; Des aveugles très distingués, repris dans le Danseur de cour, 2000).

Bhély-Quénum (Olympe)

Écrivain béninois (Ouidah 1928).

Journaliste, collaborateur de l'Unesco, il est l'auteur de romans (Un piège sans fin, 1960 ; le Chant du lac, 1965 ; l'Initié, 1979 ; les Appels du Vodou, 1994 ; C'était à Tigony, 2000) et de nouvelles (Liaison d'un été, 1968).

Bhima Bhoi

Poète oriya (1855 – 1895).

Aveugle dès l'enfance, autodidacte, il devint le disciple du fondateur de la secte des Mahima Dharma et composa des centaines de bhajan rassemblés dans le Stuti Cintamoni.

Biadoulia (Samouil Iefimovitch Plavnik, dit Zmitrok)

Écrivain biélorusse (Possadiets 1886 – Ouralsk 1941).

Peintre des mœurs paysannes (Miniatures, 1913), il se rallie tardivement à la Révolution, compose des vers inspirés du folklore (Fables du Poliéssié, Iarila, 1922) et des récits où il ressuscite les jacqueries du passé (Solovieï, 1927). Il salue le socialisme et ses artisans (Dix, 1930 ; Histoires insolites, 1931), démasque nationalistes et koulaks (Iazep Krouchinski, 1929-32), pour faire revivre enfin sa propre enfance villageoise (Au fond des forêts, 1939).

Bialik (Hayyim Nahman)

Écrivain et poète de langue hébraïque (Rady, près de Jitomir, Ukraine, 1873 – Vienne 1934).

Né au sein d'une famille juive traditionnelle, il est nourri de la Bible et du Talmud. Faute de pouvoir fréquenter le séminaire rabbinique de Berlin, où il voudrait découvrir la culture européenne moderne, il entre en 1889 dans la célèbre école rabbinique de Volojin (Lituanie), mais il ne tardera pas à être rebuté par le conservatisme qui y règne. C'est là son premier conflit intérieur entre l'attachement à la tradition juive et la tentation du monde profane, qu'il exprimera plus tard dans l'Assidu (1894-1895) et le Rouleau de feu. Un peu plus tard, il découvre la littérature russe (Pouchkine, Dostoïevski, Gogol) et se rapproche des cercles d'Amants de Sion pour finir par adhérer à Netzah Israël, mouvement des étudiants orthodoxes sionistes, qui tente de concilier le nationalisme juif et l'attachement à la foi, selon les principes d'Ahad Ha-Am. Son premier poème, favorablement accueilli par la critique en 1891, À l'oiseau, est un chant nostalgique présentant la patrie lointaine et rêvée en contraste avec l'amère réalité des communautés juives de la Diaspora. La véritable rupture avec la tradition se produit en 1891, lorsque Bialik quitte la Yeshiva pour Odessa, centre de la culture moderne, où il survit en enseignant l'hébreu. Mais, pour des raisons personnelles, il retourne à Jitomir en 1892. Il y compose Sur mon retour, poème sur la nation déchue et misérable, et, en 1893, se marie avec la fille d'un marchand de bois : il pratique pendant quatre ans le métier de son beau-père, en contact direct et solitaire avec la nature, expérience dont toute son œuvre restera imprégnée. Dans un style très lyrique et personnel, il paraît à cette époque opter pour l'attachement au patrimoine juif (« Je ne suis venu au monde que pour chanter Dieu », Au seuil de la maison d'études, 1894). De 1897 à 1900, Bialik occupe un poste de professeur à la frontière prussienne. Il dénonce l'apathie du peuple juif face à la naissance du mouvement national (le Peuple est comme cette herbe, 1897) et exprime la solitude du poète face à son public (Ce n'est pas du néant que je tiens la lumière). Les pogroms de Kichinev en 1903 provoquent sa double révolte, contre la passivité juive (Dans la ville du massacre, 1904), mais aussi contre Dieu (Tuerie, 1904). En 1904, Bialik devient rédacteur en chef de Ha-Shiloah et s'installe à Varsovie. Il y compose l'Étang et le Rouleau de feu (1905), poème en prose d'inspiration mystique. Suit une assez longue période de silence où il doute de son talent. Autorisé à émigrer en Allemagne en 1917, il s'installe en fin à Tel-Aviv en 1924, où il participe activement à l'œuvre de résurrection de la langue et de l'éducation hébraïques. Dans une série d'essais, publiés entre 1907 et 1917, il exprime ses nouvelles idées sur le statut de la littérature hébraïque et le développement de sa langue. Contrairement aux poètes de la Haskalah qui utilisent surtout la langue biblique, il fait appel aux différentes couches de la langue hébraïque, crée de nombreux néologismes et abandonne le système métrique syllabique au profit du système métrique tonique (opposition entre syllabes accentuées et syllabes non accentuées).

   C'est aussi durant cette période qu'il compose des nouvelles réalistes (Derrière la barrière, 1918). Mais il consacre la plupart de ses derniers poèmes (Mon père, les Sept Jours de deuil, Veuvage, Séparation) aux figures et aux paysages qui ont peuplé son enfance. Sous l'influence de la poésie romantique européenne, ses poèmes d'amour expriment le sentiment de solitude et l'impossibilité de communiquer avec autrui (Où es-tu ?). Bialik est aussi l'auteur de nombreux chants populaires pleins d'humour et de joie de vivre (Lève-toi, viens) ou plus nostalgiques (Entre le Tigre et l'Euphrate), de récits pour enfants qui puisent leurs personnages dans la nature ou la légende, d'une compilation commentée de textes de l'époque talmudique (Sefer na-Aggadah, 1908-1911, avec Rawnitzki), d'éditions de poésie médiévale ainsi que de traductions de Don Quichotte et de Guillaume Tell.

   Bialik est un poète purement lyrique, déchiré par un amour impossible et tourmenté par son propre écriture, ainsi qu'un porte-parole engagé, conscient d'une grave crise imminente. Le poète a exhorté le peuple à un renouveau spirituel et moral, sur un ton prophétique et violent. Il est ainsi considéré comme le plus grand poète de la renaissance juive, et son nom consacre aujourd'hui la plus haute récompense littéraire israélienne.