Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
A

Achille Tatius, en gr. Akhilleus Tatios

Écrivain grec (Alexandrie, IIe s. apr. J.-C.), auteur d'ouvrages scientifiques, connu pour les Aventures de Leucippé et Clitophon.

Ce récit à la première personne, parodie virtuose du roman grec, riche en rebondissements (enlèvements, fausses morts, naufrages, procès) et digressions (descriptions de tableaux, villes, animaux et récits mythologiques), évoque les pérégrinations de deux jeunes gens dont l'amour finit par triompher de l'adversité.

Achilléide (l')

Poème grec anonyme du XVe siècle en vers non rimés, inspiré moins par les épisodes traditionnels de la légende homérique que par les romans antiques et les chansons folkloriques, et reprenant les thèmes du roman de Digénis.

Achterberg (Gerrit)

Poète néerlandais (Langbroek 1905 – Oud-Leusden 1962).

Marqué par ses origines protestantes, il se révolte d'abord contre le réalisme dominant (Départ, 1931 ; l'Île de l'âme, 1939). Mais le cœur de son œuvre réside bientôt dans la tentative de surmonter son drame personnel (meurtre d'une femme et réclusion dans un asile d'aliénés), symbolisée par le thème central d'Orphée (Eurydice, 1944), qu'il approfondit, tout en évoluant du vers libre vers la forme traditionnelle du sonnet, d'abord dans une perspective expressionniste et le recours à un langage technico-scientifique (Osmose, 1940 ; Cryptogames, 1946-1961), puis par une recherche de l'absolu influencée par Kierkegaard (Livre d'oubli, 1961).

Achur (Numan)

Dramaturge égyptien (1918 – 1987).

Il fit partie de la nouvelle génération qui, au lendemain de la révolution égyptienne de 1952, donna naissance à un théâtre populaire en dialecte égyptien à visée résolument politique et sociale (les Gens d'en bas, 1956 ; les Gens d'en haut, 1957 ; la Famille Dughrî, 1963).

acihaise (littérature)

C'est une littérature régionale d'Indonésie, composée en acihais, langue parlée à Aceh, dans l'extrême nord de Sumatra. La prose est presque entièrement orale, alors que la poésie est presque toujours écrite, en caractères arabes.

   La prose, regroupée sous le terme général de haba, rassemble aussi bien les récits des vieillards sur leur époque ou leurs traditions que des histoires ayant pour héros un animal (comme le cerf nain rusé, également présent dans la littérature malaise classique) ou un être humain (comme Si Kabayan que l'on retrouve dans la littérature sundanaise).

   Tous les poèmes acihais sont psalmodiés. Les genres poétiques les plus importants sont les pantun (pour la plupart oraux), traitant généralement de l'amour, et ayant quelques similitudes avec le pantun malais, mais surtout les hikayat (toujours écrits), dont il existe diverses sortes : œuvres de fiction, légendes religieuses, ouvrages d'instruction morale, ou même simples livres d'étude. Certains sont empruntés à la littérature malaise (Indra Bangsawan, Indrapatra), mais nombreux sont les originaux : poèmes humoristiques (hikayat ruhe) et surtout poèmes épiques qui constituent la partie la plus importante de la littérature acihaise. Malem Dagang (fin du XVIIe s.) est ainsi un poème à la louange de l'amiral qui, sous le règne de Iskandar Muda (1607-1635), fut à la tête de l'expédition victorieuse contre Johore ; Prince Muhamat (milieu du XVIIIe s.) évoque un jeune prince qui, exaspéré par le déclin de l'autorité de son frère, lança une opération de grande envergure contre le sultan rival. On peut encore citer la Guerre contre la Hollande et la Guerre sainte (1893), destinés à encourager l'ardeur des Acihais dans la résistance aux Néerlandais.

Acker (Kathy)

Romancière américaine (1948).

Après des études universitaires (Brandeis University, University of California, San Diego) et une série d'emplois divers, d'archiviste à strip-teaseuse, elle enseigne au San Francisco Art Institute. Ses œuvres (notamment la Vie d'adulte de Toulouse Lautrec par Toulouse Lautrec, 1978 ; Salut, je m'appelle Erica Long, 1984 ; et, plus récemment, En mémoire de l'identité, 1990, et Ma mère Démonologie, 1993) sont marquées par la volonté de choquer les consommateurs de fiction commerciale par la mise en scène d'un monde amoral, rongé par les maladies et la violence. Les narrations fragmentées soulignent la désintégration de l'autorité narrative et affirment une contre-culture postmoderne, qui vilipende en la reproduisant la mercantilisation du texte.

Ackroyd (Peter)

Écrivain anglais (Londres 1949).

C'est le grand adepte de l'« intertextualité », qui jette des ponts entre l'œuvre nouvelle et les grands textes du passé. Au sujet d'Ackroyd, on a parlé de palimpseste, de ventriloquisme. Son premier roman, le Grand Incendie de Londres (1982), se présente comme une réécriture de la Petite Dorrit de Dickens. Chatterton (1987) superpose trois intrigues et trois époques différentes : à Chatterton lui-même s'adjoignent le peintre victorien Henry Wallis, et une biographe moderne du poète-faussaire préromantique. La Mélodie d'Albion (1992) poursuit cette exploration des liens entre littérature et les différents arts (le héros entre dans plusieurs tableaux ou gravures des maîtres anglais des XVIIIe et XIXe siècles). Peter Ackroyd s'est également fait connaître par ses biographies anticonformistes de grands écrivains britanniques. Le Dernier Testament d'Oscar Wilde, 1983, prend l'aspect d'une autobiographie ; Dickens (1990) fait dialoguer le grand romancier victorien avec ses personnages.

acméisme

Mouvement poétique russe (du grec akmè, « pointe », « plein épanouissement »), né en 1912 d'une crise du symbolisme. Toute une génération de poètes, constatant l'échec du symbolisme dans sa tentative de connaître l'inconnaissable et pour réagir contre ses visions vagues, se réunit au sein de la Guilde des poètes et prône un retour au monde et à la représentation concrète des choses : l'écriture est marquée par une recherche de l'équilibre et de la clarté, de la concision, de la sobriété et de l'harmonie. Les manifestes de Nikolaï Goumiliov et Sergueï Gorodetski (1884-1967), publiés en 1913, et celui de Mandelstam, « le Matin de l'acméisme » (1921), posent les principes de l'acméisme. Leurs auteurs accordent un rôle essentiel au « métier poétique », refusant de considérer, à l'instar des futuristes, le mot comme une fin en soi : pour Mandelstam, le poème est « édifié », comme une cathédrale où les mots jouent le rôle des pierres. Mikhaïl Zenkiévitch (1891-1969) et Vladimir Narbout (1888-1938), proches de Goumiliov, développent une conception légèrement divergente, l'« adamisme », qui met en avant une redécouverte « biologique », « primitive » du monde et de l'individu. Le groupe se dissout de lui-même pendant la guerre, et la tentative de Goumiliov, en 1921, pour ressusciter le mouvement reste sans lendemain. Cependant, les noms d'Akhmatova et de Mandelstam, dont l'œuvre a ensuite évolué indépendamment de ce mouvement, restent étroitement liés à l'acméisme.