Europa
Revue littéraire allemande, publiée par F. Schlegel à Francfort (1803-1805).
Fasciné par l'idée de l'Europe (« La grande question est : les Européens doivent-ils devenir un seul peuple, ou chaque nation ne doit-elle pas demeurer elle-même ? »), Schlegel s'intéresse à la littérature, aux beaux-arts, aux sciences qui permettent des réflexions esthétiques et des trouvailles comme les manuscrits provençaux de la Bibliothèque nationale de Paris. Moins brillante que l'Athenäum mais rédigée avec une grande liberté de style, Europa est un recueil d'idées originales et une tentative pour dégager un « cosmopolitisme de la culture européenne ».
Eusèbe de Césarée
Écrivain grec chrétien (Palestine v. 265 – id. 340).
Élève de l'école fondée par Origène à Césarée, où il fut le disciple de Pamphile, il se réfugia en Thébaïde pendant la persécution de 303. Devenu évêque de Césarée (313) et conseiller de Constantin, dont il se fit le panégyriste (Vita Constantini), il prit parti pour les Ariens (polémique contre Marcel d'Ancyre), puis suggéra une voie médiane entre l'arianisme et la théologie nicéenne. Il fonda la théologie historique de l'Empire chrétien (un « césaropapisme » avant l'heure). Outre des œuvres apologétiques (la Préparation évangélique, la Démonstration évangélique) et exégétiques (le Commentaire sur les Psaumes), dans lesquelles il évita les excès de l'allégorisme origénien, il créa l'historiographie chrétienne avec son Histoire ecclésiastique, qui s'étend des origines du christianisme au règne de Constantin. Son œuvre fut continuée par Socrate le Scolastique, Sozomène et Théodoret de Cyr.
Euthyme de Tarnovo
Théologien et écrivain bulgare (Tarnovo v. 1327 – monastère de Backovo ? v. 1402).
Traducteur du grec, il joua un rôle capital dans la réforme des livres religieux et se fit le champion de la mystique de l'hésychasme contre les courants rationalistes. Il fit de sa ville, dont il devint le patriarche (1375), un foyer intellectuel majeur (l'école de Tarnovo) qui survécut à la conquête turque (1393), au cours de laquelle il fit preuve d'un courage qui l'imposa comme l'incarnation de la résistance de son pays. On lui doit des panégyriques et des Vies de saints (Vie de sainte Parascève) où il adapte la langue bulgare à la virtuosité de la rhétorique byzantine.
Evangelisti (Valerio)
Écrivain italien (Bologne 1952).
Il est la figure de proue de la nouvelle science fiction italienne, dont il nous offre une anthologie dans Fragments d'un miroir brisé, 1999. Un cycle de romans dédié à l'inquisiteur Eymerich le révèle au public (Nicolas Eymerich inquisiteur, 1994 ; les Chaînes d'Eymerich, 1995 ; le Corps et le sang d'Eymerich, 1996). Dernièrement, il a consacré une trilogie à Nostradamus (le Roman de Nostradamus, 1999).
Evdochvili (Xosit'achvili Irodion Isak'is dze, dit Irodion)
Écrivain géorgien (Bodbisxevi, rég. de Sighnaghi, 1873 – Tbilisi 1916).
Fils de paysans pauvres, militant du Mesame Dasi, , Le Troisième Groupe, d'inspiration marxiste, il évoque dans ses poèmes (Aux amis, 1895 ; la Muse et l'ouvrier, 1905 ; Chant de combat, 1907) et ses récits (la Fontaine, 1898) la condition misérable du petit peuple des villes et des campagnes. L'échec de la révolution de 1905 le plonge dans un pessimisme désenchanté.
Evreinov (Nikolaï Nikolaïevitch)
Metteur en scène russe (Moscou 1879 – Paris 1953).
Il participa au renouveau de l'esthétique théâtrale russe. Au Théâtre d'autrefois, il entreprit de monter le grand répertoire européen sous forme de cycles (théâtre médiéval français, « siècle d'or » espagnol, commedia dell'arte). Contre l'interprétation réaliste et naturaliste, il soutient que le théâtre ne doit pas chercher à imiter mais que, au contraire, la vie est tissée de « théâtralité » (le Théâtre dans la vie, 1913). Il émigra en 1924.
Evtouchenko (Evgueni Aleksandrovitch)
Poète soviétique (Zima 1933).
Figure essentielle de la renaissance poétique d'après 1956, il décrit dans ses recueils (la Gare de Zima, 1956) les campagnes soviétiques et leurs habitants. Il dénonce l'antisémitisme (Babi Iar, 1961) et le dogmatisme (les Héritiers de Staline, 1962), tout en publiant des recueils plus convenus sur le cours de l'Histoire (le Calico d'Ivanovo, 1976). Avec les Baies sauvages de Sibérie (1981), vaste chronique, il s'engage dans l'écriture autobiographique en prose (Passeport de loup, 1998).
Ewald (Johannes)
Poète danois (Copenhague 1743 – id. 1781).
Fils d'un prédicateur piétiste, soldat dans l'armée prussienne pendant la guerre de Sept Ans, il termine ses études théologiques pour se jeter dans la littérature. Sur le conseil de Klopstock, il emprunte ses sujets à Saxo, c'est-à-dire à l'Antiquité nordique, qui lui fournira aussi le thème de la Mort de Balder (1773). L'essentiel de son œuvre se compose de poèmes (Lorsque j'étais malade, 1771 ; les Délices de Rungsted, 1775), oscillant comme son autobiographie, la Vie et les Opinions de Johannes Ewald (publiée en 1804), entre l'allégresse et la neurasthénie. Il traverse en 1777 une crise de conscience qui donne naissance à des poèmes religieux et à des cantiques, mais surtout aux grandes odes : le Pénitent, Pensées en recevant la Sainte Communion, À l'âme. Sur la fin de sa vie, il se voit enfin reconnu avec les Pêcheurs (1780), grande pièce lyrique composée sur un sujet contemporain.
ewe
Nom de la variété écrite de la langue que parlent les Ewe. Au nombre de deux millions, ceux-ci occupent la région côtière située à l'ouest de la Volta et au sud du Togo. Leur langue, décrite par le grand linguiste africaniste D. Westermann (1907), a fait l'objet de transcriptions et a été utilisée pour traduire la Bible dès le milieu du XIXe siècle : la côte des Esclaves était un lieu particulièrement actif d'échanges, et de nombreux classiques mondiaux furent traduits. Kwasi Fiawoo crée le drame littéraire ewe et donne avec la Cinquième Lagune (1937) une réflexion critique sur les valeurs de la tradition. Après la Seconde Guerre mondiale, dans le grand élan nationaliste africain, un roman de Sam Obianim, Amegbetoa (1949), narre les aventures d'un jeune homme dans l'Afrique précoloniale, donne un modèle de conduite, très influencé par un christianisme, jamais nommé. La fiction ewe longtemps soutenue par le Bureau of Ghana Languages est évidemment tributaire aujourd'hui des politiques linguistiques erratiques du Ghana et du Togo.