Brasch (Thomas)
Écrivain allemand (Westow 1945 – Berlin 2001).
Fils de juifs autrichiens antifascistes et communistes qui s'installent en R.D.A. en 1947, il entre en rébellion contre son père qui occupe des fonctions importantes au sein du parti unique S.E.D. Il voit ses études interrompues, et fait de la prison. Romancier (les Fils meurent avant les pères, 1976 ; Meurtrier des filles Brunke, 1999) et auteur dramatique (Rotter, 1977 ; Mercedes, 1983), il passe à l'Ouest (1976), où il peut enfin publier et réaliser des films (les Anges de fer, 1981). Son œuvre et sa vie ont été profondément marquées par les déchirements de l'Histoire allemande.
Brasillach (Robert)
Écrivain français (Perpignan 1909 – Montrouge 1945).
Sorti de l'École normale supérieure, il publie un premier livre (Présence de Virgile, 1931), puis se lance dans le journalisme et s'impose comme critique à l'Action française (1931-1939) ; il reprendra ses meilleurs chroniques dans les Quatre Jeudis (1944). Il écrit des romans (le Voleur d'étincelles, 1932 ; l'Enfant de la nuit, 1934 ; le Marchand d'oiseaux, 1936) où la mélancolie l'emporte sur l'action. En collaboration avec son beau-frère Maurice Bardèche, il donne une Histoire du cinéma (1935) et une Histoire de la guerre d'Espagne (1939). À partir de 1934, il s'engage dans la politique, épousant les thèses du fascisme. Ses articles parus dans Je suis partout (1937-1943) alimentent au premier chef la propagande provichyste et pronazie. À la Libération, sa condamnation et son exécution le placent au centre du débat sur les responsabilités politiques de l'écrivain. Il a laissé des Poèmes de Fresnes (1949) et une Lettre à un soldat de la classe 60.
Brathwaite (Edward Kamau)
Écrivain antillais d'expression anglaise (Bridgetown, La Barbade, 1930).
Ayant bénéficié d'une formation d'historien à Cambridge et d'une expérience au Ghana, titulaire d'un doctorat sur la société créole en Jamaïque qui a fait date dans la discipline, cet universitaire est connu à la fois pour son œuvre poétique et son intérêt pour le jazz. Comme son contemporain Derek Walcott, il est dramaturge, auteur de le Choix d'Odale (1967) et de Quatre pièces pour les écoles primaires (1964) – ce dernier recueil s'inspirant de formes traditionnelles de l'Afrique occidentale. Son œuvre critique est importante dans les deux revues Bim et Savacou, qu'il dirige. Mais c'est surtout sa poésie qui lui vaut sa notoriété. Aux trois premiers recueils (Droits de passage, 1967 ; Masques, 1968 ; Îles, 1969), réunis en 1973 sous le titre Ceux qui arrivent, ont succédé Autres exils (1975), Les Jours et les nuits (1975), et enfin la trilogie Poème maternel (1977), Poème solaire (1983) et X/Self (1987), où les paysages africains, caraïbes et métissés se mélangent. Ses thèmes les plus courants sont le voyage forcé des esclaves au Nouveau Monde et le retour contemporain aux sources africaines, dans un effort constant pour resituer la culture des Caraïbes dans un contexte mondial et revendiquer l'héritage ancestral. Chantre d'une certaine africanité, parfois au détriment de la composante indienne de son pays, Brathwaite n'est pas seulement engagé idéologiquement : il s'intéresse à la spécificité culturelle de la diaspora afro-caribéenne. Il expérimente, souvent avec bonheur, une diction qui revient aux genres populaires, à la syntaxe créole, aux images de la vie quotidienne, et il privilégie une transcription résolument phonétique. Ses poèmes sont écrits pour être déclamés à haute voix au rythme des tambours ou de l'instrumentation du jazz, et l'auteur y excelle (enregistrement de sa trilogie pour les disques Argo en 1971) : ses réussites les plus simples en apparence procèdent d'une érudition et d'une virtuosité parfaitement maîtrisées, comme en témoignent ses nombreux essais sur les rapports entre écriture et voix, musique et littérature (Histoire de la voix, 1979-1981).
Braudeau (Michel)
Écrivain français (né en 1946).
Collaborateur au Monde, directeur de la Nouvelle Revue française, lecteur chez Gallimard, romancier, il est l'auteur, entre autres, de Vaulascar (1977), Passage de la Main d'Or (1980), mi-policier, mi-fantastique, Fantôme d'une puce (1982), ou les aventures minuscules d'un cartomancien amoureux. Naissance d'une passion (1985, prix Médicis) est le roman d'amour de la maturité. Esprit de mai (1995) raconte l'itinéraire d'anciens soixante-huitards, tandis que Mon ami Pierrot (1995) évoque la figure du père disparu. L'Interprétation des singes (2001) relève davantage du fantastique.
Brault (Jacques)
Écrivain québécois (Montréal 1933).
Critique de la poésie et compagnon des poètes (Chemin faisant, 1975), chroniqueur érudit et raffiné (Ô saisons, ô châteaux, 1991), passant de la prose (la Poussière du chemin, 1989) à une poésie minimaliste (Il n'y a plus de chemin, 1990), Brault a d'abord magnifiquement ravivé la Mémoire (1965) du frère (à la guerre) et du père (au travail), avant de célébrer la vie et la femme quotidiennes (la Poésie ce matin, 1971), puis d'aborder l'En dessous l'admirable (1975). Parmi ses plus beaux livres, qu'il illustre souvent lui-même de lavis ou d'estampes : Moments fragiles (1984). L'unique roman ou récit de Brault, Agonie (1984), très étudié, adapté au théâtre, place un homme face à lui-même à travers la lecture du carnet d'un clochard qui se trouve être son ancien professeur, disciple d'Ungaretti.
Braun (Volker)
Écrivain allemand (Dresde 1939).
En R.D.A., il fait des études de philosophie tout en étant ouvrier. Poète, essayiste et romancier, c'est surtout par son théâtre, situé en milieu ouvrier (les Culbuteurs, 1972 ; Tinka, 1973), qu'il modernise la vision du révolutionnaire. Très marqué par Brecht, il devient (1978) dramaturge au Berliner Ensemble. Son œuvre expose le hiatus entre les aspirations de l'individu et les blocages de la société. Sa critique de la R.D.A. (notamment dans l'affaire Biermann) lui vaut l'hostilité des autorités. La réunification de 1990 lui fait néanmoins déplorer ce qu'il considère comme une annexion de la R.D.A.