Sayat Nova (Haroutioum dit)
Achoug caucasien d'ethnie arménienne (Tiflis, auj. Tbilissi, 1712 – id. 1795).
Il séjourna à la cour du roi de Géorgie Irakli II pendant vingt ans, avant de tomber en disgrâce et d'être reclus au monastère d'Haghbat ; il fut tué lors des raids persans au Caucase. Poète, musicien et probablement adepte du soufisme, il est l'auteur d'une œuvre poétique écrite en arménien, en azéri, en géorgien et en persan, dont 225 chants d'amour et de méditation philosophique nous sont parvenus.
Sayf al-Tidjan
Roman de chevalerie arabe, composé vers les XIVe-XVe s.
L'ouvrage, anonyme, appartient à une littérature moyenne qui engloble, entre autres, les Mille et Une Nuits. Divisé en six séquences, il raconte la naissance, les quatres séries de conquêtes et de mariages du héros, puis, en appendice, les amours du fils du héros et le mariage de ce dernier. Sa structure est des plus simples, exemplaire même quant à la façon d'élaborer ce type de récit. En outre, il n'y est fait appel à aucun élément du merveilleux: les adversaires les plus terribles de Sayf sont quelques jeunes femmes sachant fort bien manier l'épée, les combats durent des jours et, à une exception près, finissent par un grand mariage.
Sayf ibn Dhi Yazan
Roman de chevalerie arabe, d'origine égyptienne, composé aux environs du XVe s.
C'est peut-être l'un des plus fascinants et des plus ambigus des grands romans de cette époque. Il raconte la création de l'Égypte, terre promise à Sayf Ibn dhî Yazan, un prince yéménite, et à son peuple, en dépit de l'opposition du roi de l'Abyssinie et de son armée. Non seulement le noyau central du roman rappelle la légende mosaïque mais encore le détail de la narration, les motifs utilisés (les sept fléaux, le veau d'or), les personnages – magiciens, héros inspiré par dieu, roi tyrannique et peuple étranger tyrannisé –, tous ces éléments donc concourent à appuyer le rapprochement entre Sayf et Moïse. Les enjeux du roman relèvent eux aussi d'un problème de légitimité. À la lumière de ce texte, qui joue en effet le rôle d'un mythe étiologique fondateur, les premiers et véritables habitants de l'Égypte (bien entendu, après le déluge) sont des Arabes monothéistes originaires du Yémen : l'origine et la légitimité des Coptes est ainsi établie. Remarquons cependant qu'entre les premières versions du roman, encore manuscrites, et les éditions existantes, plus tardives (début XXe s.), le texte a été considérablement augmenté par l'ajout de centaines de péripéties (le roman atteint aujourd'hui plus de 2 000 pages) qui ont submergé et noyé le projet initial. La fiction et le rêve, plutôt que le point de vue idéologique, ont fini par l'emporter.
Sayigh (Tawfiq)
Poète palestinien (Khirba 1923 – Berkeley 1971).
Après des études au Collège arabe de Jérusalem, à l'université américaine de Beyrouth et aux universités de Cambridge et de Harvard, il devient lecteur d'arabe à l'université américaine de Beyrouth, puis aux universités de Cambridge et de Londres (1959-1962). Fondateur, en 1962, et directeur de la revue culturelle Hiwâr, il a laissé plusieurs traductions de poèmes anglais, ainsi que trois recueils poétiques et des essais socio-littéraires. Sa poésie d'avant-garde, solitaire et discrète, a des accents mystiques et angoissés (Trente Poèmes, 1954 ; le Poème K, 1960 ; la Mu'allaqa de Tawfîq Sâyigh, 1963).
saynète
Le mot vient de l'espagnol sainete, « morceau délicat ». La sainete est une courte pièce comique ou burlesque dans le théâtre espagnol classique, servant d'intermède (entremés) au cours des entractes des grandes pièces et présentant des personnages populaires très typés, comme dans la commedia dell'arte italienne, pour détendre et divertir le public. En vogue aux XVIIe et XVIIIe siècles, elle resta en faveur jusqu'à la fin du XIXe et affectionne la musique et la danse.
Sayyab (Badr Chakir al-)
Poète irakien (Jaykûr 1926 – Koweït 1964).
Sorti de l'École normale supérieure de Bagdad (1944-1948), il milita au parti communiste irakien de 1945 à 1953 malgré les persécutions et, après avoir rompu avec celui-ci, plaça son combat sous le signe du nationalisme arabe. Il est, avec Nâzik al-Malâ'ika, à l'origine d'une révolution poétique dans le monde arabe, qui fit éclater le vers traditionnel au profit de nouvelles recherches métriques et du « vers libre » (al-chi'r al-hurr). Poète avant-gardiste, il est la référence incontestée de la poésie irakienne contemporaine (Fleurs fanées, 1947 ; Fleurs et Mythes, 1948 ; Mythes, 1950 ; le Fossoyeur, 1952 ; les Armes et les Enfants, 1954 ; la Prostituée aveugle, 1954 ; le Chant de la pluie, 1960 ; le Temple englouti, 1962 ; Iqbâl, 1965 ; la Cithare du vent, 1971 ; Orages, 1972 ; les Cadeaux, 1974).
Sayyid (Ahmad Lufti al-)
Écrivain égyptien (Barqayn 1872 – Le Caire 1963).
Proche de 'Abduh, de Afghânî et de Zaghlûl, il mena une carrière de juriste (1894), puis de journaliste et d'homme politique, fondant al Jarîda, organe du parti de l'Umma, qu'il dirigea de 1907 à 1914. Recteur de l'université du Caire, ministre de l'Éducation (1928), sénateur (1941) et président de l'Académie arabe du Caire de 1942 jusqu'à sa mort, il a laissé des œuvres diverses (Méditations sur la philosophie, la littérature, la politique et la sociologie ; Morceaux choisis ; Histoire de ma vie).
Sbarbaro (Camillo)
Écrivain italien (Santa Margherita Ligure, Gênes, 1888 – Savone 1967).
Botaniste, il est l'auteur de poèmes en vers (Résines, 1911 ; Pianissimo. Rémanences, 1914) et en prose Copeaux, 1920 ; Feux follets, 1956 ; Restes, 1960 ; Futilités, 1967) qui l'apparentent aux poètes ligures (Montale lui rendit hommage dans Os de seiche) et à Leopardi.
scaldique (poésie)
Genre poétique, d'origine énigmatique, caractéristique des pays scandinaves entre les VIIIe et XIVe siècles, qui se distingue par une incroyable élaboration technique, celle du mètre principal notamment : le dróttkvaett. Poésie strophique, elle repose sur le triple principe de l'allitération, de l'accentuation et de la résolution (alternance des longues et des brèves), à quoi s'ajoutent des artifices sophistiqués. En outre, le respect des tabous qui interdit de nommer êtres ou choses par leur nom : on doit leur substituer des synonymes (heiti) ou des métaphores (kenningar). En raison du caractère fortement fléchi du vieux norois, la syntaxe est d'une contorsion extrême. Le scalde est le chantre attitré d'un chef, d'un jarl ou d'un roi, les plus grands (Egill Skallagrímsson, Sigvatr Thórdarson, Kormákr Ögmundarson) expriment parfois des sentiments personnels. Nous devons à Snorri Sturluson de connaître les lois de ce genre qui témoigne de la haute évolution de la société qui l'a nourri.