Shneour (Zalman)
Écrivain et poète israélien (Chklov, Biélorussie, 1887 – New York 1959).
Il quitta la Russie en 1906, vécut en Suisse, en France puis aux États-Unis et immigra en Israël en 1951. Considéré comme l'un des plus grands poètes de sa génération (Au coucher du soleil, 1906 ; Dans les montagnes, 1908 ; Au son de la mandoline, 1912 ; Chants et Poèmes, 1914 ; les Tablettes cachées, 1948), il remet en question les valeurs admises de la religion et de la morale. Cette révolte ne le conduit pourtant pas à se détacher du judaïsme, puisqu'il incite son peuple à rester fidèle à sa tradition et à sauvegarder ainsi les valeurs spirituelles de l'humanité. Ses romans, écrits en yiddish et qui évoquent la vie au chtetl (Noah Pandre, 1938 ; les Hommes de Chklov, 1944), ont été traduits par lui en hébreu.
Shofman (Gershon)
Écrivain israélien (Orcha, Biélorussie, 1880 – Haïfa 1972).
Il publia dès 1902, à Varsovie, son premier recueil de nouvelles, Histoires et Dessins. Après trois ans de service dans l'armée russe, il s'enfuit en Galicie. Il vécut ensuite en Autriche et s'établit enfin en Palestine en 1938. Ses nouvelles, d'une extrême concision, à l'intrigue peu développée, voire inexistante, puisent leurs thèmes dans la vie juive du XXe siècle et sont empreintes d'un grand pessimisme. Les œuvres complètes de Shofman, parues en quatre volumes en 1927-1935, ont été augmentées en 1960 d'un cinquième volume.
Shoham (Mattityahu)
Poète et dramaturge de langue hébraïque (Varsovie 1893 – id. 1937).
Après un court séjour en Palestine en 1930, il retourne en Pologne. Ses poèmes, dramatiques ou lyriques, ont pour thèmes l'amour et le retour aux temps bibliques (Kedem, 1922 ; Ur Kasdim, 1930) et expriment sa conviction que les juifs ne peuvent être sauvés qu'en retournant vers l'Orient. Son théâtre symbolique qui cultive l'archaïsme (Jéricho, 1924 ; Balaam, 1928-29 ; Tyr et Jérusalem, 1933 ; Tu ne te feras pas d'idoles de fer, 1937), bien qu'impropre à la représentation, occupe une place primordiale dans l'histoire de la dramaturgie hébraïque.
Sholem Aleikhem (Salomon Rabinovitch, dit)
Écrivain de langue yiddish (Pereïaslav, Ukraine, 1859 – New York 1916).
Le plus populaire des auteurs de sa langue. Ses nouvelles et romans réflètent avec humour la vie des Juifs dans l'empire tsariste (Gens de Kasrilevke, 1901-1913), leur confrontation avec la modernité (Tévié le laitier, 1899-1911 ; Menakhem-Mendl, 1892-1909) et leur émigration vers l'Occident (Motel, fils du chantre, 1907).
shona
Le shona est le nom de la variété écrite de la langue que parlent les Shona, groupe ethnique majoritaire du Zimbabwe de près de dix millions d'individus. La littérature shona a connu un grand développement dans les années de la Rhodésie indépendante (1966) avec les activités de l'organisme officiel, le Literature Bureau. Les œuvres de Patrick Chakaipa et de Paul Chidyausiku dépeignaient les conflits liés à l'exode rural et à la transformation de la vie familiale. En 1974, un roman historique de S. Mushwairo, Feso, proposait une allégorie de la lutte de libération, alors qu'une nouvelle génération de nouvellistes et de poètes accédait à l'expression (Charles Mungoshi, C. Hove). De nombreux auteurs écrivent en shona et en anglais : tous partagent les mêmes conditions de vie dans un pays industrialisé et urbanisé, dont la création en langue africaine s'efforce de rendre compte.
Shteinbarg (Eliezer)
Écrivain de langue yiddish (Lipkany, Bessarabie, 1880 – Tchernovtsy, Bucovine, 1932).
Fabuliste génial, il renova le genre par l'introduction de personnages inusités (abstractions, lettres hébraïques) et par un langage tissé de références subtiles à la Bible et au Talmud (Mesholim, 1932-1956).
Shuteriqi (Dhimitër)
Écrivain albanais (Elbasan 1915).
Poète (Ô Ptolémée, 1944 ; Sur les ailes dorées de la paix, 1950 ; Une montagne de chants, 1975), il est l'initiateur du réalisme socialiste dans la littérature romanesque albanaise (les Libérateurs, 1952). On lui doit aussi un Choix de nouvelles (1972), un recueil d'essais sur la littérature et le folklore albanais (À travers les siècles littéraires, 1973 ; la Poésie, albanaise, 1974 ; Recherches littéraires, 1974) et des recueils de récits (Lorsque la lune voguait sur les nuages, 1982 ; Comme le premier jour, 1984 ; les Inondations de l'automne, 1986).
Siamanto (Atom Iardjanian, dit)
Poète arménien (Akn, Turquie, 1878 – déporté en 1915).
Établi dès 1892 avec sa famille à Constantinople, il étudia à Genève et à la Sorbonne. Peintre émouvant des luttes et de l'agonie de son peuple (Des flambeaux d'agonie et d'espoir, 1906), il est l'auteur d'un grandiose Saint Mesrob (1913).
Siba I (Yusuf al-)
Écrivain égyptien (Le Caire 1917 – Chypre 1978).
Ancien officier de cavalerie de l'armée royale, sorti de l'École de guerre en 1937, il fonda la revue al-Risâla al-jadîda qui fit connaître de nombreux talents, dont Najîb Mahfûz, et commença à publier en 1947. Secrétaire général du Conseil supérieur des arts, des lettres et des sciences sociales (1956), secrétaire général du Mouvement de solidarité des peuples afro-asiatiques (1957), et président du conseil d'administration de la maison d'édition Dâr al-Hilâl (1972), il fut ministre de la Culture de 1973 à 1976 et mourut assassiné à Chypre. Écrivain prolifique, il a écrit plus de cinquante romans, recueils de nouvelles (Terre d'imposture, 1948 ; Je pars, 1950 ; Le porteur d'eau est mort, 1952 ; Au milieu des ruines, 1953 ; Six Femmes et Six Hommes, 1953 ; la Voie du retour, 1956 ; Nous ne semons pas d'épines, 1969 ; Sourire aux lèvres, 1971), essais et pièces de théâtre (Derrière les rideaux, 1952 ; Plus fort que le temps, 1966). Son œuvre romanesque a pour toile de fond privilégiée les ruelles grouillantes du Vieux Caire, où rire et larmes demeurent inséparables.
Sibérie
Depuis le XVIIe s. se développe en Sibérie une littérature d'expression russe. Abordant dans leur spécificité locale les problèmes de l'U.R.S.S. (guerre civile, industrialisation), elle apparaît à présent spécialement préoccupée par la mise en valeur du territoire sibérien et par ses contradictions (appropriation des ressources naturelles, écologie). Le fait majeur du XXe siècle reste néanmoins l'émergence de littératures en langues indigènes, représentées par la littérature bouriate, iakoute et celle des « petites nationalités » sibériennes.
Jusqu'en 1917, la Bouriatie n'a connu qu'une riche tradition orale (chants, contes, épopées ou ouliguer), l'expression écrite se réduisant à une littérature bouddhique d'origine mongole et à des drames manuscrits. Fondée par le polygraphe K. Namsaraïev et les poètes Solbonè Touïa (1890-1937) et D. Dachinimaïev (1904-1937), la nouvelle littérature adapte aux thèmes soviétiques une poésie imprégnée de folklore (D. Damdinov [1912-1942], B. Bazaron [1907-1966], B. Abidouïev [1909-1940], T. Galsanov [né en 1917], N. Damdinov [né en 1932]), puis un théâtre issu du drame scolaire traditionnel (B. Baradine, A. Chadaïev [1902-1969], N. Baldano [né en 1907]). Inaugurée par Namsaraïev et T. Don (1905-1938), la prose connaîtra un essor plus tardif, grâce aux romans de J. Toumounov (1916-1955), de T. Tsydendambaïev (1918-1977), de B. Batojabaï (né en 1921) et de B. Moungonov (né en 1922), qui font revivre le passé féodal et l'évolution de la société bouriate.
Des mythes, des légendes et l'épopée de l'Olonkho constituent le folklore de Iakoutie. C'est après la révolution de 1905 qu'apparaissent autour des dramaturges A. Sofronov (1886-1935), N. Neoustroïev (1895-1929) et du poète A. Koulakovski (1877-1926) des œuvres écrites porteuses de revendications nationales et sociales. Premier écrivain soviétique, P. Oïounski (1893-1939) est suivi dans sa célébration de la société nouvelle par les poètes S. Elliaï (1904-1976), K. Ourastyrov (né en 1907), S. Bogoronski (né en 1907) et les prosateurs-pionniers du roman iakoute Erilik-Eristine (1892-1942) et N. Mordinov (né en 1906). Dominée par les vers civiques ou lyriques de Semion Danilov (1917-1978) et de I. Gogolev (né en 1930), et la prose historique de Zolotariov-Iakoutski (né en 1908), la littérature présente s'ouvre aussi, avec les romans de A. Syromiatnikova (née en 1915), de Sofron Danilov (né en 1922), de V. Iakovliev (né en 1934), aux problèmes sociaux actuels.
Jadis les plus déshérités de l'Empire, les peuples de l'Extrême-Est et du Grand Nord soviétique (26 nationalités, 8 groupes linguistiques) ne possèdent jusqu'en 1930 qu'une littérature orale : chants, contes, mythes cosmogoniques. La révolution leur ouvre l'accès à l'écriture, d'abord au travers de recueils didactiques (Notre vie, 1929) et d'adaptations folkloriques (les Koriaks L. Joukov, V. Kekketyne), puis d'autobiographies censées refléter le chemin parcouru (les Nenets N. Vylka et I. Istomine ; l'Even N. Taraboukine ; l'Evenk N. Sakharov ; l'Oudégué D. Kimonko). Ce thème, qui persiste dans la littérature actuelle (le Nanaï Khodjer, I. Istomine), s'associe dans les récits du Nenets Laptsouï, du Tchouktche Rytkheou, ou dans la prose poétique du Mansi Chestalov et du Nivkh V. Sangui à des recherches formelles que guide le folklore, ainsi qu'à un souci neuf d'affirmation de l'identité culturelle.