Farhat (Djarmanus)
Poète et philologue arabe (Alep 1670 – id. 1732).
Archevêque maronite de sa ville natale, il est connu pour un recueil de poésies classiques de forme et chrétiennes d'inspiration (Diwan, publié en 1850) et, surtout, par divers manuels et un dictionnaire (composé en 1718, édité en 1849) où se lit le souci de vulgariser et de moderniser le trésor de l'arabe classique : il prépara ainsi la renaissance culturelle (Nahda) du XIXe siècle.
Farmer (Philip José)
Écrivain américain (North Terre Haute, Indiana, 1918).
Auteur des Amants étrangers, qui fit scandale en 1952 en décrivant des relations sexuelles entre un Terrien et une créature extraterrestre, il témoigne d'un intérêt pour la psychanalyse à travers les trois pôles essentiels que sont la sexualité (Comme une bête, 1968 ; la Jungle nue, 1969), le rapport à l'autre et la religion, thème présent dans la quasi-totalité de ses récits (la Nuit de la lumière, 1957 ; l'Univers à l'envers, 1964) ainsi que dans le cycle du Monde du Fleuve (1965-1981). Ce roman eschatologique, qui évoque la résurrection de l'humanité sur les rives d'un fleuve immense, est emblématique d'une œuvre consacrée à la réécriture des mythes et de leurs interprétations philosophiques et littéraires.
Farquhar (George)
Acteur et auteur dramatique irlandais (Londonderry, Irlande, 1678 – Londres 1707).
Ses comédies, qui valent surtout par l'habileté de l'intrigue, passent de l'audace licencieuse au sentimentalisme bourgeois, rompant peu à peu avec le cynisme de la Restauration : les débauchés se prennent d'amour sincère et les bons sentiments triomphent (le Couple constant, 1699 ; le Sergent recruteur, 1706 ; le Stratagème des petits-maîtres, 1707).
Farrokhzad (Forough)
Poétesse iranienne (Téhéran 1934 – id. 1966).
Après un mariage précoce et un divorce qui la priva de son unique enfant, elle se mit à composer de la poésie, s'initia à la cinématographie et au théâtre avec un ami écrivain et réalisateur, Ebrahim Golestan, et visita l'Europe. Ses premiers recueils, de facture classique, sont imprégnés de féminisme (Prisonnière, 1953 ; le Mur, 1957 ; la Révolte, 1959) : elle y fustige la condition de la femme iranienne et fait preuve d'une grande franchise dans l'expression de ses sentiments amoureux, ce qui fit scandale. Elle découvrit ensuite la Poésie nouvelle (che'r-é now) et sa thématique s'enrichit de critique sociale et de belles descriptions de la nature sous un forme modernisée (Une nouvelle naissance, 1963 ; Croyons au commencement de la saison froide, 1977, posthume). Elle réalisa un documentaire sur une léproserie de Tabriz, la Maison est noire (1962).
Fasani (Remo)
Écrivain suisse de langue italienne (Mesocco 1922).
Professeur de langue et de littérature italiennes à l'université de Neuchâtel, il publie, en 1965, Un autre signe, recueil de poèmes qui, outre une grille hermétique, se signalent par leur musicalité. En 1971, Ici et Maintenant renonce au repliement sur l'univers provincial pour entamer un dialogue avec le monde. Ce dialogue poétique d'une extrême diversité de rythmes, où l'histoire et l'actualité deviennent les thèmes d'une méditation critique dans laquelle spontanéité et ironie s'unissent pour rendre un son nouveau, se poursuit dans ses ultimes œuvres (Mini-Journal, 1992 ; Sonnets moraux, 1995). C'est aussi avec sa sensibilité de poète que Fasani interprète, dans ses travaux de critique littéraire, les grands écrivains du passé tels Manzoni ou Dante.
Fasih (Esmaïl)
Écrivain iranien (Téhéran 1924).
Il étudia à Téhéran et aux États-Unis et fut embauché par la Compagnie pétrolière nationale. Auteur prolifique influencé par le roman européen réaliste et naturaliste du XXe s., il a écrit et continue à écrire de nombreux romans et quelques nouvelles : la Terre familière (1970), le Cœur aveugle (1973), Rencontre en Inde (1974), la Douleur de Siyavoch (1985), l'Hiver 83 (1987), Éclipse des Pléiades (1983), le Tapis de feutre de la ville inquiète (1990), le Vieux vin (1994). Tous ses romans tournent autour du destin d'une famille urbaine, les Aryan, dont les multiples aventures étalées sur près d'un siècle lui permettent de brosser un portrait complexe de la société iranienne contemporaine.
Fassbinder (Rainer Werner)
Metteur en scène, cinéaste et écrivain allemand (Bad Wörishofen 1945 – Munich 1982).
Cofondateur de l'« Antiteater » de Munich (1968), où il monte ses propres pièces, il élabore dans les Larmes amères de Petra von Kant (1971) un style caractéristique, mélange de critique sociale et de kitsch « décadent », de distance ironique et de goût pour les décors baroques. À partir de 1975, il s'est entièrement consacré au cinéma et à la télévision, poursuivant une carrière prolixe dans la lignée de ses expériences théâtrales (Tous les autres s'appellent Ali, 1973 ; Effi Briest, 1974 ; le Mariage de Maria Braun, 1978).
Fastnachtspiel (jeu de carnaval)
Forme dramatique née vers le milieu du XIVe s. à Nuremberg, et poursuivie à Lübeck et à Sterzing au XVIe s. Il s'agit d'une représentation semi-privée, jouée à l'origine par des amateurs, le jour du mardi gras. Un meneur de jeu prononçait une harangue d'introduction et l'épilogue et servait d'intermédiaire entre les acteurs et le public, essentiellement masculin. Le genre est passé du simple Reihenspiel, suite de monologues sur un thème, au Handlungsspiel, qui présentait une action. L'élément comique a dominé jusqu'au XVe s. ; puis l'actualité a pris davantage de place (le Jeu du duc de Bourgogne).
Fatouville (Anne Mauduit de)
Magistrat et auteur dramatique français (mort v. 1715).
La troupe italienne de D. Biancolelli (Arlequin) reçut en partage en 1680 l'Hôtel de Bourgogne ; mais le public, moins italianisant, réclame des spectacles en français. Fatouville fut (sous l'anonymat) l'un de ses premiers auteurs. On peut parler de théâtre en liberté : il introduit dans la commedia dell'arte – comique gestuel et verbal, types traditionnels, en particulier Arlequin, dont il fait une sorte de Protée adoptant tous les déguisements, (Arlequin Protée, 1683) – sa fantaisie (Arlequin empereur dans la Lune, 1684) et son art de la parodie et de la satire, en particulier des gens de justice (Arlequin Grapignan, 1682).