Java (suite)
La littérature islamo-javanaise (XVe-XVIIIe s.)
C'est sur la « côte » (Pasisir) du nord de Java qu'elle se développe, dans ces centres urbains cosmopolites que sont les principautés islamiques de Gresik, Demak, Cirebon, Banten. Une de ses œuvres les plus significatives est l'adaptation des aventures d'Amir Hamzah (ou Menak), l'oncle du Prophète. Les nombreux recueils de connaissances religieuses (primbon) sont souvent marqués par le soufisme et incorporent des « chants mystiques » (suluk), attribués aux propagateurs semi-légendaires de l'islam à Java (les Wali Sanga, « Neuf Saints »). La morale islamique inspire aussi diverses adaptations de codes de conduite individuelle. On rassemble, en outre, les traditions locales dans les « livres d'histoires » (serat kandha) et des chroniques (babad) où le merveilleux le dispute à la reconstitution historique.
La « renaissance » des principautés du centre
À partir de 1755, deux « centres culturels », Surakarta et Jogjakarta, se partagent l'héritage du sultanat de Mataram ; les poètes de cour ou pujangga (Yasadipura père et fils, Ranggawarsita) et parfois les souverains eux-mêmes (Mangkunegara IV) remettent à l'honneur les grands textes de la tradition indo-javanaise dans des versions modernisées (style poétique appelé kawi miring). Cette renaissance participe notamment d'intentions encyclopédiques (tableau d'ensemble des connaissances javanaises, comme dans le Serat Centhini), mystico-religieuses (synthèse originale des mystiques indienne et islamique) et moralisatrices (éthique « chevaleresque » et modèle social strictement hiérarchisé). La cour réglemente toutes les formes d'expression artistique : le wayang (théâtre d'ombres) et ses formes dérivées font notamment l'objet d'une codification toujours en vigueur de nos jours.
La littérature contemporaine
Les progrès de l'école au début du XXe s., joints au développement de la presse et à la diffusion du livre, ont engendré un besoin important en textes de lecture courante : les auteurs (à partir de Padmasusastra) abandonnent les formes d'expression traditionnelles, surtout destinées à la lecture à haute voix, pour le récit en prose ; la latinisation de l'écriture rapproche le roman javanais de son modèle malais influencé par l'Occident. Mais l'essor littéraire de la fin de la période coloniale est considérablement freiné aux lendemains de l'indépendance (1945), précisément par les progrès du malais (indonésien). Si l'on publie peu en javanais de nos jours, en revanche, la tradition orale, souvent transposée à la télévision (mise en scène de légendes et surtout théâtre wayang et kethoprak), demeure bien vivante.