Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Iachene (Kamil Nougmanov, dit)

Écrivain ouzbek (Andijan 1909 – ? 1997).

Après des débuts poétiques (Soleil, 1930 ; Komsomol, 1933), il se tourne vers le théâtre pour retracer les luttes de la guerre civile (Deux Communistes, 1928-1934) et condamner les mœurs patriarcales (Goulsara, 1934 ; Honneur et Amour, 1935). Il a consacré une pièce au poète Khamza (1940) et composé des œuvres patriotiques (Mort aux occupants, 1942 ; Général Rakhimov, 1949) avant de retrouver, dans ses drames, le thème de la Révolution et de la guerre civile (l'Étoile Polaire, 1958 ; l'Aube de la Révolution, 1972).

Iachvili (P'aolo Djibrailis dze)

Poète géorgien (Argveti, rég. Satchxere, 1894 – Tbilisi 1937).

Issu d'une famille noble, il part étudier la peinture à Paris à l'École du Louvre (1913-1915), où il se lie d'amitié avec Apollinaire, Modigliani et Picasso et découvre le symbolisme. À son retour en Géorgie, il fonde les Tsisperi q'ants'ebi (Les Cornes d'Azur) et traduit en géorgien Pouchkine, Baudelaire, Rimbaud et Verhaeren. Aux motifs lyriques et intimistes du symbolisme (Eau forte, 1919 ; les Nuits d'Argveti, 1926 ; magida – tchemi p'arnasi Table – mon Parnasse, 1932), il mêle des thèmes sociaux. Rallié à la Révolution, il chante la société nouvelle (Adresse à la Colchide, 1937 ; Maltaq'va, 1937). Il se suicide lors de la grande purge stalinienne de 1937 qui décapita l'intelligentsia caucasienne, laissant un poème inachevé, le Chemin de la paix.

Ianovskyï (Iouriï Ivanovytch)

Écrivain ukrainien (Maïorovo 1902 – Kiev 1954).

Consacrant à la guerre civile des récits romantiques que parcourt un souffle hérité de Babel (les Défenses de mammouth, 1925 ; le Sang de la terre, 1927), il prend pour héros de ses romans (les Quatre Sabres, 1930 ; les Cavaliers, 1935) et de son théâtre (Britanka, 1938 ; les Héritiers, 1940) des soldats de la Révolution qu'anime une foi absolue en la justice de leur cause. Auteur de nouvelles sur la guerre (Terre des pères, 1944 ; Récits de Kiev, 1948), il retrace dans un ultime roman la reconstruction de l'Ukraine (Eau vive, 1947-1956).

Ibaragi Noriko (Miura Noriko, dit)

Poètesse japonaise (Osaka 1926 – ? 2006).

Après des études de pharmacie, elle s'initia d'abord à l'écriture théâtrale avant de se lancer dans la poésie. En 1953, elle fonda, avec un ami, la revue Kai, à laquelle se joignit bientôt Tanikawa Shuntaro, et publia son premier recueil de poème Dialogues (1955). Le regard féminin posé sur les petites choses de la vie quotidienne s'élargit dans une sensibilité pleine de fraîcheur vers la critique de la société. Un facteur invisible (1958, avec « Lorsque j'étais aux fleurs de ma vie », une critique vive et claire de la guerre) ; Requiem (1965) ; Rien moins que ta propre sensibilité (1977).

Ibarbourou (Juana Fernández Morales, dite Juana de)

Poétesse uruguayenne (Melo 1895 – Montevideo 1979).

Ses premiers recueils (Langues de diamant, 1919 ; la Coupe fraîche, 1920 ; Racine sauvage, 1922) se caractérisent par la sensualité dionysiaque des vers, leur beauté plastique, et la façon dont est renouvelé le thème du carpe diem. À partir de Rose des vents (1930), elle adopta des techniques expressionnistes. Ses derniers recueils sont dominés par l'idée de la mort et de la vanité de la beauté terrestre (Perdue, 1950).

Ibchihi (Abu l-Fath Muhammad al-)

Écrivain arabe (Abchuya, Égypte, 1388 – id. 1446).

L'un des auteurs les plus appréciés, jusqu'à présent encore, pour son ouvrage encyclopédique fort divertissant (al-Mustatraf), empli de poèmes et d'anecdotes, dans lequel il traite aussi bien de l'histoire et de la géographie du monde, de la faune et de la flore, que de l'amour et de la boisson.

Ibn Abd Rabbih (Abu Umar Ahmad ibn Muhammad)

Écrivain arabe (Cordoue 860 – id. 940).

Connu comme poète, il reste surtout l'auteur du Collier, ouvrage encyclopédique empli de poèmes et d'anecdotes à la manière de ce qu'avait fait Ibn Qutayba, qui sera ensuite imité par al-Husri ou al-Ibchihi. L'essentiel du texte, à l'exception d'un long poème à la gloire du roi 'Abd al-Rahman d'Andalousie, vient d'Orient, d'Arabie et d'Iraq : preuve de la puissance et de l'attrait d'un système culturel à son apogée.

Ibn Al-'Arabi (Muhyi al-Din ibn al-Arabi al-Haythami) , dit aussi al-Chaykh al-Akbar, « le grand maître »

Mystique musulman (Murcie 1165 – Damas 1240).

Il passa ses vingt premières années à Séville, qu'il quitta en 1194 pour l'Orient ; après un séjour à La Mecque et divers voyages, il se fixa à Damas. À côté de sa pensée philosophique, dominée par la vision d'un amour « naturel et universel » qui unit dans une même perspective tout l'être, il est, du point de vue littéraire, l'auteur de l'Interprète des amours, strophes de l'amour humain s'unissant à l'amour divin dans le même intense lyrisme. Ces soixante et un poèmes partiellement ou entièrement dédiés à une jeune Mecquoise, peuvent être entendus, en effet, sur le mode soit spirituel, soit charnel, comme en font foi deux préfaces contradictoires. Ce qui est sans doute délibéré et, outre l'ambiguïté inhérente au genre, serait le résultat d'une composition éclatée.

Ibn al-Djawzi (Abu l-Faradj Abd al-Rahman)

Traditionniste et écrivain arabe (Bagdad 1126 – 1200).

Auteur prolifique (on lui attribue plus de 400 ouvrages), homme de religion, mais aussi de lettres, il a consacré sa vie au savoir sans presque jamais avoir quitté sa ville natale. Ceux de ces écrits qui se rapportent à la littérature arabe, bien qu'ils soient pour la plupart des compilations, se distinguent par leur subtilité, ainsi que par une volonté marquée de distraire le lecteur autant que de l'assagir, au sens à la fois le plus profond et le plus banal du terme. Ses trois livres sur les ziraf (les raffinés), les adhkiya' (les astucieux) et les humqa (les sots) fournissent des centaines d'anecdotes, classées par ordre chronologique ou par ordre d'importance des protagonistes, et pour la plupart fort amusantes. Leur humour, ici, se rattache en premier lieu à une défaillance logique. La faiblesse intellectuelle, la bêtise, le ridicule, tout ce qui va à l'encontre du bon sens est mis en avant – et c'est l'un des aspects les plus intéressants de ces textes – indépendamment de toute considération dogmatique (comme pour la célèbre anecdote du Cadi et du voleur). En revanche, dans son ouvrage consacré à l'amour, le Dhamm al-hawa (Blâme de la passion), Ibn al-Djawzi se montre plus sceptique quant à l'accord avec la raison, mais aussi avec la religion, de la passion amoureuse, et plus généralement d'une expression excessive du désir. Du coup, son traité fait valoir de nouvelles catégories de récit sur le thème de la patience et du mariage.