Zollinger (Albin)
Écrivain suisse-allemand (Zurich 1895 – Oerlikon 1941).
Son lyrisme influencé par Hölderlin se nourrit de l'observation du quotidien, mais aussi de souvenirs transfigurés et de rêves. Il sait élargir les paysages du présent en visions cosmiques évoquées dans une langue ample et vigoureuse. Après les Poèmes (1933) et Aube stellaire (1936), le symbolisme s'affirme, en même temps qu'une composante héroïque, dans Silence de l'automne et Maison de la vie (1939). Ses romans, peuplés de figures d'artistes rappelant le Malte de Rilke, restent de tonalité lyrique (la Grande Anxiété, 1939 ; Pfannenstiel, 1940 ; Fleur de haricot, 1942).
Zoppi (Giuseppe)
Écrivain suisse de langue italienne (Broglio 1896 – Locarno 1952).
Professeur à Zurich, poète, traducteur en italien de Ramuz, il devint célèbre en 1922 avec le Livre des Alpes, qui fait de la vie des paysans tessinois une sorte de fable. Je présente mon Tessin, publié en 1939, est une exposition de son canton natal sous un jour similaire.
Zorn (Fritz)
Écrivain suisse-allemand (Meilen 1944 – Zurich 1976).
Élevé dans le plus policé de tous les mondes, la « Côte d'or » zurichoise, souffrant de dépressions, il meurt d'un cancer en 1976, avant la publication de Mars (1977). Course contre la mort, cette autobiographie est en même temps la phénoménologie d'une société qui écrase toute rébellion et éduque à la lâcheté, à l'isolement et à l'insensibilité. Le pseudonyme fut choisi par égard pour ses proches : de la peur (son vrai nom est Fritz Angst) naît la colère (Zorn).
Zorrilla y Moral (José)
Poète espagnol (Valladolid 1817 – Madrid 1893).
Poète lyrique, il occupe une place de tout premier rang dans la poésie romantique espagnole et il devint populaire grâce à ses légendes, à ses traditions nationales, racontées en des vers pittoresques et faciles (Chants du troubadour, 1840-1841 ; Fleurs perdues, 1843). À ce genre se rattachent son énorme poème historique resté inachevé, Grenade (1852), et la Légende du Cid (1882), romancero moderne sur un sujet traditionnel. Ses drames, empruntés en grande partie à l'histoire légendaire de l'Espagne (le Savetier et le Roi, 1840 ; le Poignard du Goth, 1843), connurent un grand succès. La plus célèbre de ses pièces – et sans aucun doute la plus populaire du théâtre espagnol – est Don Juan Tenorio (1844), drame religieux et fantastique inspiré en partie par Tirso de Molina et renouvelant le thème de Don Juan. Chantre de la religion et du nationalisme, Zorrilla n'en demeure pas moins le dramaturge et le poète le plus important et le plus brillant de son temps.
Zosime
ou Zozime
Chroniqueur byzantin (Ve s.).
Comte du palais à Constantinople, il composa une Histoire nouvelle qui couvre la période allant de la fin du IIIe s. à la prise de Rome par Alaric (410) ; c'est une œuvre bien informée mais partiale : Zosime, resté païen, attribue la décadence de l'Empire romain à la vengeance des dieux délaissés par leurs adorateurs.
zoulou
La langue zouloue – ancienne graphie française – fait partie du groupe bantou du Sud : elle est parlée et écrite en Afrique du Sud entre Port Elizabeth et Durban, par dix millions d'individus. T. Arbousset, en 1838, a sans doute été le premier à recueillir un chant d'éloge zoulou sur Chaka et à le transcrire. Il faut attendre le début du XXe siècle pour que les izibongo (ces louanges), qui constituent le principal monument verbal des Bantous du Sud, soient édités et leur fonctionnement poétique compris ; les plus célèbres de ces poèmes ont été composés jadis en l'honneur de grands personnages, rois, chefs de guerre, héros. Transmis oralement, ces longs textes condensent, en effet, en termes exaltés et lyriques, les principaux événements du passé, tout en prônant les valeurs que ces civilisations ont choisi de mettre au premier plan : les poèmes consacrés à Chaka, fondateur du royaume zoulou au début du XIXe siècle, sont très nombreux. La langue zouloue transcrite devient le support d'une production écrite ; M. Fuze écrit une histoire des peuples noirs et R. Dhlomo donne des romans sur les grandes figures zouloues. Une poésie lettrée, composée directement par écrit, est l'œuvre du grand linguiste B. W. Vilakazi : cette tradition est poursuivie par D. Ntuli. Après l'instauration de l'apartheid, la littérature zouloue, placée sous surveillance, reste confinée à la description sociale : des universitaires romanciers comme C. T. Msimang essaient de renouveler la prose narrative.
Zrinyi (Miklós)
Poète et homme de guerre hongrois (Ozaly 1620 – Kursenac 1664).
Général, puis palatin de Croatie, il entreprit, en 1664, une audacieuse campagne contre les Turcs. Son œuvre majeure est une épopée en vers, le Désastre de Sziget ou la Zriniade (1651), qui raconte l'héroïque sacrifice de son grand-père, Miklós, défenseur de la forteresse de Szigetvár contre les Turcs. Il a également laissé un pamphlet, Remède contre l'opium turc (1705), des ouvrages politiques et de nombreuses poésies lyriques.
Zschokke (Heinrich Daniel)
Écrivain suisse-allemand (Magdebourg 1771 – Aarau 1848).
Établi en Suisse à partir de 1796, ce fils d'artisan, docteur en philosophie à 21 ans, y fit une double carrière d'administrateur et d'écrivain. En héritier de l'Aufklärung, il s'est consacré à l'éducation du peuple, propageant des idées libérales. Il publia des revues (le Messager suisse, 1804-1837), des pièces de théâtre, des souvenirs de voyage, des essais. On lui doit aussi un roman d'épouvante (Abällino, 1793), un roman historique à la manière de W. Scott, un roman villageois (Village d'orfèvre, 1817) et une autobiographie (Se montrer, 1842).
Zuckmayer (Carl)
Écrivain allemand (Nackenheim 1896 – Visp 1977).
Il rencontra la gloire avec une comédie réaliste le Joyeux vignoble (1926), pièce truculente comparable à ses romans ou nouvelles (le Paysan du Taunus, 1927 ; le Mariage des singes, 1932). Le drame le Capitaine de Köpenick (1931), dénonce le militarisme prussien. Après un exil difficile (Suisse et États-Unis), Zuckmayer écrit un drame à succès, le Général du diable (1946), traitant de la psychologie des officiers sous le nazisme. Dans le Chant dans la fournaise (1950), il a recours à l'allégorie. Ses souvenirs : Comme si c'était un peu de moi (1967) le rendirent populaire.