Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
V

Vilner Troupe

Troupe de théâtre yiddish formée à Vilno pendant la Première Guerre mondiale.

Les premiers artistes étaient des amateurs, dirigés par Leyb Kadison (1881-1947). Le premier spectacle monté fut le Compatriote d'Asch, suivi de pièces de Hirshbein, de Pinski et de Kobrin. La qualité du répertoire et du jeu contribuèrent au grand succès d'une tournée en province. Invitée par E. R. Kaminski à Varsovie, la troupe enrichit son répertoire par des pièces d'Andreïev, Gorki, Hauptmann, Schnitzler, Tchekhov. Les événements politiques de 1918-1920 provoquèrent une scission. Une partie de la troupe retourna à Vilno sous occupation soviétique, l'autre s'installant dans la capitale de la Pologne. L'équipe s'élargit avec Abraham Morewski (1886-1964), Joseph Kamien (1900-1942), Jacob Vaislitz (1891-1962), Joseph Buloff (1899-1985) et le metteur en scène David Herman (1876-1937), et elle fut accueillie à Vienne pendant six mois. Sa plus grande réussite fut la pièce d'An-Ski, le Dibbouk, montée en 1920. La compagnie se dispersa en 1930.

Viñas (David)

Écrivain argentin (Buenos Aires 1929).

Directeur, avec son frère Ismael, de la revue Contorno, qui prônait une littérature engagée, il se livre dans ses romans à une analyse critique de la société argentine contemporaine (les Maîtres de la terre, 1958 ; Corps à corps, 1979), soulignant le rôle prépondérant des grands propriétaires terriens, qui se sont souvent servis de l'armée pour faire triompher leurs intérêts. On lui doit aussi des pièces de théâtre et des essais (Littérature argentine et réalité politique, 1964).

Vinaver (Michel Grinberd, dit Michel)

Auteur dramatique français (Paris 1927).

Après s'être essayé au roman (Lataume, 1950 ; l'Objecteur, 1951), il se consacre à l'écriture dramatique parallèlement à ses fonctions de directeur d'une grande entreprise. Son théâtre renouvelle les thématiques dramatiques traditionnelles en traitant de l'immédiate actualité politique et sociale : la guerre de Corée dans les Coréens (1955), les troubles politiques en France durant la guerre d'Algérie (les Huissiers, 1958, dont l'auteur propose une nouvelle version pour le metteur en scène Alain Françon en 1999 ; Iphigénie Hôtel, 1959), les difficultés du monde de l'entreprise et de l'emploi (Par dessus bord, 1969 ; la Demande d'emploi, 1971 ; les Travaux et les Jours, 1979 ; À la renverse, 1980), l'impact des médias (l'Émission de télévision, 1988). En 1978, Jacques Lassalle monte Dissident il va sans dire et Nina c'est autre chose en regroupant les deux pièces sous le titre de Théâtre de chambre. C'est effectivement sous le signe d'une dramaturgie plus resserrée, qui joue à la fois du théâtre-récit et de l'oratorio, que se situent ses dernières pièces : King (1999), consacrée à King C. Gillette, fondateur de l'entreprise dont Vinaver fut directeur, et 11 septembre 2001 (2002). Faits divers, préoccupations concrètes du monde du travail, échos fragmentaires des grands événements politiques et culturels composent un univers éclaté, peuplé d'antihéros qui n'aperçoivent jamais que quelques rouages de l'immense machine qui les fait se mouvoir et qui les broie. Vinaver fait état des répercussions quotidiennes de l'Histoire, fragmentant celle-ci et refusant d'en donner une lecture globale. Il se livre à une recherche formelle exigeante et consacre une importante partie de son travail à la réflexion critique (Écrits sur le théâtre, 1981).

Vincenot (Henri)

Écrivain français (Dijon 1912 – id. 1985).

Rédacteur à la Vie du rail, il est l'auteur de romans au style chatoyant et sensuel (le Pape des escargots, 1972 ; la Billebaude, 1978 ; les Étoiles de Compostelle, 1982 ; l'Œuvre de chair, 1984 ; Du côté des bordes, posthume, 1998), d'ouvrages historiques (la Vie quotidienne des chemins de fer au XIXe siècle, 1975), de souvenirs (Mémoires d'un enfant du rail, 1980) et de poèmes sur la Bourgogne (Psaumes à Notre-Dame en faveur de notre fils, 1980).

Vincent de Beauvais

Écrivain français de langue latine (Beauvais v. 1190 – 1264).

Dominicain et lecteur à l'abbaye de Royaumont, il composa une abondante correspondance et une grande encyclopédie, Speculum majus (vers 1244), qui présente l'histoire du monde depuis la création jusqu'au XIIIe siècle ; des continuateurs l'ont prolongée jusqu'en 1494. Son œuvre, compilation des grandes connaissances de son temps, eut une importance déterminante pour le développement d'une culture moyenne au Moyen Âge.

Vinchevsky (Lipé-Bension Novakhovitz, dit Maurice)
ou Lipé-Bension Novakhovitz, dit Maurice Vintchevsky

Écrivain de langue yiddish (Ianova, près de Kaunas, 1856 – New York 1932).

Pionnier du socialisme juif et son porte-parole dans la presse, d'abord en hébreu, puis en yiddish. Il vécut en Allemagne (1877-1878) et à Londres (dès 1879), avant de s'établir à New York en 1894. Il prit part à la fondation du journal Forverts et d'autres périodiques socialistes. En 1921, il prit fait et cause pour l'U.R.S.S., où il séjourna en 1924-1925. Ses poèmes, satires et articles polémiques sont réunis dans les dix volumes de ses Œuvres (New York 1927-1928).

Vindiciae Contra Tyrannos
(1579, sous le ps. de Brutus, trad. en français en 1581 : De la puissance légitime du Prince sur le peuple et du peuple sur le Prince)

Cet ouvrage issu des rangs protestants, attribué à du Plessis Mornay et H. Languet, est l'un des plus vigoureux parmi ceux qui, après le massacre de la Saint-Barthélemy (1572), posent ouvertement la question de la souveraineté et assoient, au nom du double contrat liant le roi à Dieu et le peuple à son prince, le droit de rébellion des sujets contre lui.

Vinet (Alexandre)

Écrivain suisse de langue française (Ouchy 1797 – Clarens 1847).

Enseignant à l'université de Bâle (1819), puis à l'Académie de Lausanne (1837-1847), il est ordonné pasteur dès 1819 et affirme l'indépendance totale de l'Église vis-à-vis de l'État, marquant par sa pensée religieuse le renouveau suisse et français du Réveil. Son influence sur la vie culturelle romande sera considérable : sa Chrestomathie (1829-1830), anthologie destinée à l'enseignement, saluée par Sainte-Beuve et utilisée jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, marquera le début d'une prestigieuse carrière : de 1831 à sa mort, il tient régulièrement la rubrique littéraire de l'hebdomadaire le Semeur, où, abordant les œuvres en moraliste protestant, il fustige les tentations du romantisme auquel il oppose l'ordre et la perfection classiques.