Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
K
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K. Tzetnick (Jehiel Dinur, dit)

Écrivain israélien (Sosnowiec, Pologne, 1917).

Rescapé d'Auschwitz, il entreprend dans ses livres d'apporter son témoignage sur l'horreur des camps de concentration. Ses œuvres réalisent en quelque sorte une promesse faite aux victimes de perpétuer leur voix. C'est pourquoi l'auteur, qui ne se considère pas comme un écrivain au sens propre de ce terme mais se dit l'historien de la « planète » Auschwitz, se cache derrière cette signature « K. Tzetnick », terme par lequel les prisonniers du camp se désignaient entre eux (la Salamandre, 1947 ; Maison de filles, 1953 ; la Pendule qui est au-dessus de la tête, 1960 ; Il s'appelait Feifel, 1961 ; Comme de sable en cendres, 1967 ; Vengeance, 1982; Code : Edma, 1987).

Kab ibn Zuhayr

Poète arabe (VIIe s.).

Il est l'auteur du fameux Banat Su'ad, une ode dédiée au prophète de l'islam et d'une beauté telle qu'elle permit au poète non seulement de se racheter aux yeux de ses auditeurs, car, autrefois, il avait satirisé le Prophète, mais encore d'obtenir de celui-ci sa burda (manteau yéménite) en récompense. Cette ode, de facture classique et de tradition plutôt païenne, fit l'objet d'une foule de commentaires savants.

Kabak (Aharon Abraham)

Romancier israélien (Smorgon, Vilnious, 1883 – Jérusalem 1944).

D'éducation traditionnelle, il s'installa en 1921 en Palestine. Kabak est un auteur épique, et ses romans, rassemblés pour la plupart en trilogies ou tétralogies, sont des fresques historiques : ainsi évoque-t-il les problèmes des marranes au XVe siècle dans Chlomo Molcho (1929), ou le milieu des esséniens et les premiers chrétiens dans Dans le sentier étroit (1937). Sa première trilogie (Elle seule, 1905 ; Daniel Spernov, 1912 ; Victoire, 1923) comme sa dernière (l'Histoire d'une famille, 1943-1945) décrivent les bouleversements de la société juive en Europe centrale depuis 1848.

Kabbada Mikâêl

Écrivain et homme politique éthiopien (1915).

Catholique, de culture française, il végétait après la libération de l'Éthiopie dans un poste obscur de l'administration, lorsqu'il fut, dit-on, découvert par Wolf Leslau. Son premier ouvrage remarqué fut une œuvre de circonstance, destinée à combattre, au moment de la redistribution des anciennes colonies italiennes, les arguments, opposés aux revendications éthiopiennes, sur la persistance de l'esclavage en Éthiopie : l'Éthiopie et la civilisation occidentale fut publié en 1949, et traduit dans le même volume en français et en anglais. Traducteur, historiographe officiel, auteur dramatique volontiers inspiré par la Bible ou l'histoire (Prophétie accomplie, 1945-1946 ; Hannibal, 1955-1956 ; Kaleb, 1965-1966 ; Achab, 1967-1968), poète (la Lumière de l'esprit, 1941), il écrivit après la mort de sa femme une élégie célèbre, dont la sincérité et l'émotion rompent avec la froideur de son œuvre au service de l'empire. Cependant, sa poésie officielle en alexandrins classiques était très appréciée du public éthiopien : il fut l'auteur à succès des années 1950-1970 et obtint le prix Hâyla Sellâsê de littérature amharique en 1964 – à cette époque, le goût des élites et même le goût populaire étaient assez conformes aux préférences impériales. Son œuvre considérable, écrite en amharique, reste dans la ligne inaugurée par Heruy : diffusion d'un modernisme nationaliste lié à l'influence occidentale (italienne, française, américaine), mais tempéré par le conformisme de la pensée et le classicisme de la langue.

Kabir

Poète et prédicateur indien de langue hindi (Bénarès 1440 – v. 1518).

Disciple de Ramananda (hostile au système des castes) et du soufi Chaykh Taqi, touché par la bhakti (dévotion fervente au Divin), il dénonce le formalisme des brahmanes et prône une osmose entre l'hindouisme et l'Islam. Son enseignement oral – Bijak (versifié), Sakhi (stances) – fut recueilli par ses disciples. Certains de ses poèmes sont inclus dans l'Adi-Granth, le livre saint des Sikhs.

kabuki

  • Musique du théâtre kabuki japonais

Genre dramatique japonais issu au début du XVIIe s., à l'initiative d'une danseuse du temple d'Izumo, Okuni, de danses plus ou moins licencieuses (kabuki signifie à l'origine « contorsions »), exécutées par des interprètes féminines. Il devait se constituer rapidement, sous la pression des autorités, en un spectacle exclusivement masculin et pourvu d'une action dramatique : dès la fin du siècle, tandis que les emplois se différenciaient et qu'à la démesure d'un Ichikawa Danjurô, idole du public d'Edo, répondait la finesse de Sakata Tôjûrô, vedette des théâtres de Kyoto et d'Osaka, le dramaturge de métier faisait son apparition (Tominaga Heibe, Chikamatsu Monzaemon...). À la fin du XVIIIe, le genre est fixé dans ses composantes essentielles, et les spectacles sont représentés dans de vastes salles où l'invention scénographique et la complexité des machines se donnent libre cours : tandis que le hanamichi, long prolongement scénique qui traverse le parterre, conduit les comédiens au milieu même de leur public, la scène tournante, les trappes munies de monte-charges et les décors construits livrent résolument le spectacle au domaine de l'illusion. Maître du drame fantastique, Tsuruya Namboku (1755-1829) saura exploiter pleinement les ressources spécifiques du genre, tout en ouvrant la voie, par le réalisme de sa peinture des bas-fonds d'Edo, au « théâtre des voleurs », de Kawatake Mokuami (1816-1893). Ce dernier s'efforcera d'adapter le kabuki aux exigences de la modernisation du pays, et les « pièces d'histoire vivante » qu'il créera à l'intention de l'acteur Ichikawa Danjuro IX (1839-1903) seront à l'origine d'un « nouveau kabuki » illustré par Tsubouchi Shoyo (1859-1935), Okamoto Kido (1872-1939) et Mayama Seika (1878-1948).

Kacyzne (Alter)

Écrivain de langue yiddish (Vilnius 1885 – Tarnopol 1941).

Disciple de Peretz, ami d'An-Ski, il s'est distingué aussi comme photographe de la vie juive en Pologne. Le conflit entre esprit juif et non juif est au centre de ses drames : le Duc, 1926 ; Hérode, 1926. On lui doit aussi un roman (les Forts et les Faibles, 1929-30), des nouvelles et des ballades.