Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
N

Nagar (Amrit Lal)

Écrivain indien de langue hindi (Agra 1916).

Journaliste et réalisateur dramatique à la radio, il présente dans ses premiers romans une étude ironique de la transformation de la société indienne à l'époque de l'indépendance (Bud aur samudra, 1956 ; Amrit aur vis, 1968). Dans Nacyau bahut Gopal (1978), il évoque avec sympathie le milieu des intouchables et les réalités qui, en dehors de toute convention, les séparent des gens de caste. Il a publié aussi des nouvelles (Kripaya baetilde ; calie, 1973) et des souvenirs sur des auteurs hindis célèbres (Jiske sath jiya, 1973).

Nagarjun, pseudonyme de Misra Vaidyanath

Romancier et poète indien de langue hindi (Bihar 1911 – 1997).

Auteur de poèmes en maithili – parler bihari – (Patrahin, l'Arbre sans feuilles, 1968), et en hindi, il décrit avec un réalisme coloré les conflits de génération dans les villages et, dans une perspective marxiste, le contexte politique et social de la modernisation dans le monde rural (la Tante de Ratinah, 1946 ; Nae paudh, 1953 ; Nouvelle Génération ; Baba batesarnath, le Seigneur banyan, 1954), et plus rarement urbain (Kumbhipak, le Monde infernal). Il a traduit le Meghaduta (le Nuage messager) de Kalidasa.

Naguibine (Iouri Markovitch)

Écrivain et scénariste russe (Moscou 1920 – id 1994).

Fortement influencé par Platonov, dont il a contribué à faire redécouvrir l'œuvre, il est un maître de la nouvelle brève, souvent autobiographique : il décrit avec poésie le monde de l'enfance (Bonheur difficile, 1956 ; les Étangs purs, 1862 ; le Livre d'enfance, 1965), l'héroïsme du simple soldat (Pavlik, 1956) ou la nature dans des récits de chasse. Avec l'Amour des guides (1972), il écrit l'une des premières œuvres de l'économie de marché, entre la satire et la farce érotique. Ses derniers récits constituent des tentatives de confession (la Lumière au bout du tunnel, 1994).

Nahapet Koutchak

Poète arménien (vers 1510 – 1583 ou 1592).

Il est célèbre par ses épigrammes (Hayren), où s'exprime un érotisme ardent. La critique moderne a mis en question l'attribution à ce poète de nombre de ses poèmes, qui remontent à une tradition orale antérieure colportée par des achough, ou troubadours.

nahuatl

Les Indiens parlant le nahuatl, ancienne langue des Aztèques, forment le groupe indigène le plus important du Mexique. L'expression littéraire orale des Indiens de la Méso-Amérique contemporaine est le résultat d'un métissage particulier entre des traditions précolombiennes, un christianisme à l'espagnole et une technologie à l'américaine. Ce métissage est particulièrement perceptible pour ce qui concerne le syncrétisme religieux. Les missionnaires des débuts de la conquête adaptèrent le christianisme aux mœurs et aux coutumes indiens : c'est ainsi que des éléments de l'histoire biblique se trouvèrent transposés dans des cérémonies indiennes dansées et chantées. Le drame fut introduit dans un but didactique et se perpétua en se transformant jusqu'aux temps modernes. L'univers nahuatl est toujours dominé par des êtres surnaturels de toute sorte, et les divinités de la Pluie (yéyécatl, de l'aztèque ehecatl) voisinent avec les saints chrétiens. Ces derniers sont considérés comme les intercesseurs privilégiés entre l'humain et le surnaturel. Chaque village a son saint patron, qui fait l'objet d'un culte fervent. Il en est de même pour la Vierge de la Guadalupe, mère de tous les Indiens, Vierge noire qui parle le nahuatl. Le merveilleux fait partie de l'univers quotidien de l'Indien : des animaux multiformes, des fantômes esprits des défunts, des maladies inexpliquées et des catastrophes naturelles sont les thèmes les plus courants de ses contes. Les rites magico-religieux et les histoires de sorcellerie abondent, écho d'une croyance très ancienne en une fin tragique et périodique du monde. Les fables, plaisanteries, calembours, jeux de mots font partie des éléments les plus vivants du folklore indien. De longues ballades célèbrent des épisodes importants de la vie politique, des fragments de la vie des révolutionnaires, de grands événements sociaux ou même des situations imaginaires – preuve éclatante que les traditions précolombiennes s'adaptent au monde contemporain.

Naigeon (Jacques André)

Écrivain français (Paris 1738 – id. 1810).

Disciple de Diderot, il écrivit pour l'Encyclopédie, édita, en les poussant vers l'athéisme, des manuscrits clandestins du début du XVIIIe s. et collabora à l'Encyclopédie méthodique. Il publia en 1798, en 15 tomes, la première édition d'ensemble des œuvres de Diderot : il en atténue la critique sociale et en schématise le matérialisme. Son édition des Essais de Montaigne (1802) rétablit des passages omis par Mlle de Gournay en 1595. On l'opposa sous l'Empire à Laharpe, philosophe devenu dévot.

Naigisiki (Saverio)

Romancier rwandais de langue française (1915 – 1984).

Lauréat du prix de littérature de la Foire coloniale de Bruxelles en 1949, avec la première partie d'un ouvrage en partie autobiographique, Escapade rwandaise (1950), il donne quelques années plus tard le texte intégral de son roman, Mes transes à trente ans (1955). Publié au Rwanda, ce livre témoigne de l'importance de l'appropriation du catholicisme par une nouvelle couche sociale d'employés et de petits fonctionnaires. L'auteur narrateur nous raconte les méfaits et les remords d'un comptable indélicat, puis sa fuite et le pardon obtenu par l'entremise de prêtres catholiques. Il publie aussi l'Optimiste (1954), une pièce de théâtre sur le mariage entre un Hutu et une Tutsi, qui ose aborder l'existence de barrières de caste dans la société rwandaise. Ces textes valurent une certaine notoriété à leur auteur, qui entra dans l'administration du Rwanda indépendant, puis devint professeur dans un séminaire, se mettant un peu en retrait de la vie publique dans une société qui n'avait pas exorcisé ses vieux démons.

Naipaul (Shiva)

Romancier trinitéen (Port of Spain, La Trinité 1945 – Londres 1985).

Fils de Seepersad Naipaul, l'auteur de Gurudeva and other Indian Tales (1946), frère du célèbre V. S. Naipaul, il est parvenu à une réputation plus limitée avec deux romans, Fireflies (1970) et surtout la Rumeur des cannes (1973), qui traitent des travailleurs de la canne à sucre et du milieu indien à La Trinité. Dans Black and White (1980), il a évoqué le suicide collectif de la secte du « People's Temple » au Guyana. Ses derniers récits (A Hot Country, 1983) et nouvelles (Au-delà de la gueule du dragon, et A Man of Mystery and Other Stories, 1984) évoquent le difficile équilibre politique et culturel de l'Amérique latine. Grand voyageur comme son frère, il a tiré de son séjour en Afrique équatoriale et australe un récit incisif, le Nord du Sud (1978).