Ostrovski (Nikolaï Alekseïevitch)
Écrivain soviétique (Vilija, Volhynie, 1904 – Moscou 1936).
Il participa à la guerre civile, où il fut blessé. Devenu infirme puis aveugle, il décida de poursuivre par l'écriture son combat de militant en s'attachant à faire revivre avec Et l'acier fut trempé (1932-1935), sous les traits autobiographiques du héros Pavel Kortchaguine, le visage épique et l'élan romantique de sa génération. Fusion exemplaire d'une œuvre et d'une vie, le roman, produit du réalisme socialiste, connut un immense succès.
Osundare (Niyi)
Poète et universitaire nigérian de langue anglaise (né en 1946).
Longtemps professeur à l'université d'Ibadan, Niyi Osundare appartient à une génération d'intellectuels qui a réfléchi sur le passage de l'oral à l'écrit et sur la dualité des langues. Il essaie de trouver en anglais des rythmes originaux et de marier une diction poétique aux rythmes du yoruba. Ce projet n'est pas simple affaire technique : il s'agit pour lui de donner voix aux Chants du marché (1983). Il joint à la virtuosité technique une conscience politique claire des difficultés de la poésie – art élitiste –, dans un monde où elle éprouve beaucoup de difficulté à parler le langage du peuple. Il se refuse cependant à la rhétorique prophétique du révolutionnaire. Il a reçu le prix de poésie du Commonwealth pour l'Œil de la terre (1986) et le prix Noma pour Rires en attente (1990).
Oswald von Wolkenstein
Poète autrichien (château de Trostberg, Tyrol, 1377 – château de Schöneck, Tyrol, 1445).
Ce chevalier mena une vie aventureuse qui le conduisit à travers toute l'Europe et jusqu'au Proche-Orient. Il fut entre autres chargé de missions diplomatiques du roi Sigismond. Sa poésie est souvent autobiographique, passionnée et réaliste ; elle est sensuelle et musicale (il a lui-même composé de nombreux airs). Ses poèmes d'amour, ses chansons à boire et à danser sont remarquables par la vérité des sentiments, le sens de la nature, la vivacité dramatique, la richesse de la langue et la variété des rythmes. Il est plus conventionnel dans sa poésie religieuse.
Otero (Blas de)
Poète espagnol (Bilbao 1916 – id. 1979).
Poète brillant jusqu'à la virtuosité, il met son art au service de l'« immense majorité », en riposte à l'esthétique élitaire et désengagée de J. R. Jiménez. Défenseur d'une poésie de communication et de combat, il pose les problèmes majeurs de l'Espagne (Ange férocement humain, 1950 ; Rappel de conscience, 1951 ; Je demande la paix et la parole, 1955 ; Parler clair, 1959 ; Ceci n'est pas un livre, 1963) jusque dans ses reprises et ses dernières œuvres (Tandis que, 1970).
Otero Silva (Miguel)
Écrivain vénézuélien (Barcelona, Anzoátegui, 1908 – Caracas 1985).
Après un premier roman à l'accent révolutionnaire (Fièvre, 1939), il aborda les problèmes du sous-développement du Venezuela (Maisons mortes, 1955 ; Bureau no 1, 1961), avant de s'attacher aux relations entre le pouvoir et l'individu (la Mort de Honorio, 1963 ; Quand je veux pleurer je ne pleure pas, 1970). Avec Lope de Aguirre (1979), il apporta sa contribution à l'importante littérature romanesque développée autour du fameux conquistador rebelle.
Otfried von Weissenburg
ou Otfrid de Wissembourg
Moine allemand (IXe s.).
Après ses études à l'abbaye de Fulda, où il fut l'élève de Raban Maur, il passa le reste de sa vie à l'abbaye de Wissembourg en Alsace où il termina, vers 870, son Livre des Évangiles : ce poème de plus de 16 000 vers, rédigé en langue vulgaire (vieux haut-allemand), intercale entre les épisodes empruntés aux Évangiles des commentaires religieux. Le souci de donner à l'allemand la même dignité qu'au latin s'y traduit par l'abandon, pour la première fois dans une œuvre importante, du vers allitéré germanique (Stabreim) au profit du vers à rime finale, étape décisive dans l'histoire de la poésie allemande.
Ottieri (Ottiero)
Sociologue et écrivain italien (Rome 1924 – Milan 2002).
Son expérience de psychologue en milieu industriel nourrit sa réflexion (l'Irréalité quotidienne, 1966 ; le Camp de concentration, 1972) – réflexion qu'il illustre avec des romans où le vertige de la vie industrielle vécu comme un enfermement inhumain ne peut déboucher que sur l'incommunicabilité (Temps restreints, 1956 ; les Grilles du Paradis, 1959) et la folie (les Dix Jours, 1964).
Otway (Thomas)
Auteur dramatique anglais (Trotten, Sussex, 1652 – Londres 1685).
Acteur sans succès, il réussit dans la tragédie (Alcibiade, 1675 ; Don Carlos, prince d'Espagne, 1676), adapte Racine et Molière, s'essaie à la comédie grossière (Amitié à la mode, 1678), comme au drame bourgeois (l'Orpheline, 1680), tandis que son expérience de soldat engagé volontaire en Hollande lui inspire la Fortune du soldat (1681) puis l'Athée (1684). Malgré sa Venise sauvée (1682), son chef-d'œuvre qui marque la naissance du mélodrame politique, il meurt dans la misère la plus totale. La traduction de cette tragédie par Hugo von Hofmannsthal (1905) est restée célèbre.
Ouary (Malek)
Écrivain algérien de langue française (Ighil Ali, Petite Kabylie, 1916 – Pyrénées françaises 2001).
Journaliste (il réalisa notamment des reportages sur l'émigration algérienne en France, réunis dans Par les chemins qui montent, 1955), traducteur de contes et de poèmes berbères (Poèmes et Chants de Kabylie, 1972), il évoque dans ses romans la quête d'identité menée par tout un peuple (le Grain dans la meule, 1956 ; la Montagne aux chacals, 1981 ; la Robe kabyle de Baya, 2000).
Ouellette (Fernand)
Écrivain québécois (Montréal 1930).
Son œuvre comprend des essais (les Actes retrouvés, 1970), une biographie du compositeur Edgard Varèse, un Journal dénoué (1974), des romans (Tu regardais intensément Geneviève, 1978 ; la Mort vive, 1980). Mais c'est à la poésie qu'il doit sa réputation. Ses premiers recueils débutent par une vision tragique du monde (Ces anges de sang, 1955) pour aboutir à un érotisme mystique (Dans le sombre, 1967). De Novalis à Jouve, de Mozart aux grands peintres, Ouellette cherche l'ombre de la lumière. En la nuit, la mer (1981) recueille les poèmes de 1972 à 1980. Les Heures (1987) évoquent le père et la mort.