Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Babits (Mihály)

Écrivain hongrois (Szekszárd 1883 – Budapest 1941).

Professeur de lettres, il dirige la revue Nyugat (Occident) de 1933 à sa mort. Poète virtuose, il prend pour modèles l'art de l'Antiquité et les grands lyriques anglais. Traducteur de la Divine Comédie de Dante, ainsi que de Shakespeare, de Poe, de Baudelaire, Babits a publié plusieurs recueils lyriques : Feuilles de la couronne d'Iris (1909), Prince, et si l'hiver arrive ? (1911), Récitatif (1916), la Vallée de l'inquiétude (1920), Île et Océan (1925), Les dieux meurent, l'homme vit (1929). Il est aussi l'auteur de romans (le Calife Cigogne, 1910 ; le Fils de Virgil Timar, 1922 ; les Fils de la Mort, 1927) et d'une Histoire de la littérature européenne, 1934).

Bacchelli (Riccardo)

Écrivain italien (Bologne 1891 – Monza 1985).

Poète, dramaturge, essayiste et romancier, il excelle dans le roman historique : la Folie Bakounine (1927) et la trilogie des Moulins du Pô (Que Dieu te sauve, 1938 ; La misère vient en bateau, 1939 ; Monde vieux, toujours nouveau, 1940), qui retrace l'histoire de l'Italie du début du XIXe siècle jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale à travers une saga familiale.

Bachaumont (Louis Petit de)

Écrivain français (Paris 1690 – id. 1771).

Cet auteur de divers essais sur les beaux-arts fréquentait le salon de Mme Doublet (1677-1771), où il recueillit anecdotes et bons mots. Il entreprit dès 1762 la rédaction de ses Mémoires secrets pour servir à l'histoire de la république des lettres en France (16 vol. en 1777), où il expose ses points de vue sur l'actualité littéraire et offre une mine de renseignements sur la vie sociale de la fin du siècle.

Bachchar ibn Burd (Abu Muadh)

Poète arabe (Bassora v. 714 – id. 785).

L'un des plus beaux exemples du don poétique. Cécité de naissance, famille pauvre, de surcroît arabisée depuis peu : le jeune Bachchar va se jouer de tous ces obstacles. Il se forme sur l'esplanade aux caravanes de Bassora, où l'on parle, raconte, récite les poèmes de l'Arabie toute proche. Son talent va lui donner l'occasion d'une carrière poétique, amoureuse en dépit d'une laideur légendaire, et politique. Panégyriste des gouverneurs, Bachchar mènera une vie mouvementée et qui finira tragiquement, par la bastonnade et la noyade. Son œuvre poétique marque les changements intervenus avec l'avènement du califat abbasside et le développement de la vie citadine dans les grands centres de l'Iraq. Plus encore que les poèmes bachiques, ce sont ses vers d'amour qui lui ont assuré la célébrité, au carrefour de l'érotisme réaliste et d'une tradition plus courtoise, selon les modes mis en honneur par un poète comme 'Umar Ibn Abi Rabi 'a.

Bachmann (Ingeborg)

Femme de lettres autrichienne (Klagenfurt 1926 – Rome 1973).

Elle fut saluée par la critique dès son premier recueil comme un des grands talents lyriques de notre temps (le Temps en sursis, 1953 ; Invocation de la Grande Ourse, 1956). Les récits publiés dans la Trentième Année (1961) dépeignent la révolte de l'individu contre des conditions de vie qui l'écrasent. Dans les années 1960, elle travaille à une trilogie romanesque, Todesarten, dont elle ne publiera elle-même que la troisième partie (Malina, 1971 ; le Cas Franza et Requiem pour Fanny Goldmann restent fragmentaires) : l'héroïne y proteste contre l'exploitation de la femme par le monde masculin.

Bacon (Francis) , baron Verulam

Philosophe anglais (Londres 1561 – id. 1626).

Protégé du comte d'Essex, qu'il contribua à faire condamner, puis de Buckingham, il fut grand chancelier d'Angleterre (1618), mais, accusé de vénalité, il finit ses jours dans la disgrâce et la méditation philosophique. Fondateur de la pensée scientifique à travers l'instauration d'une logique expérimentale et déductive (Novum Organum, 1620), il est aussi l'auteur d'une centaine d'Essais publiés entre 1597 et 1625 : théoricien du langage utilitaire dont s'inspirera la Royal Society et utopiste de la Nouvelle Atlantide (1626), il réalise un alliage significatif entre la science et la littérature.

Baconsky (Anatol)

Écrivain roumain (Hotin, auj. Khotine, 1925 – Bucarest 1977).

Poète dans la tradition décadente (le Flux de la mémoire, 1957 ; Cadavres dans le vide, 1969 ; la Nef de Sébastien, 1978), il est l'auteur de nouvelles et de romans qui dénoncent la crise d'un univers saisi par la technologie et la politique (l'Équinoxe des fous, 1967). Le roman allégorique l'Église noire (1970 publié en 1995) lui valut d'être censuré.

Bacovia (George Vasiliu, dit George)

Poète roumain (Bacau 1881 – Bucarest 1957).

Réalisant une synthèse originale entre le symbolisme, dont il est le principal représentant roumain, et l'expressionnisme, il se distingue par la simplicité de son style poussée jusqu'à l'artifice et l'auto-ironie. Il cultive une poésie d'atmosphère, décrivant en tonalités sombres ou violemment contrastées les tristesses provinciales, la monotonie du quotidien, les déchirements intérieurs, l'univers en décomposition. Son principal volume (Plomb, 1916) est suivi de Morceaux de nuit, 1926 ; Étincelles jaunes, 1926, Stances bourgeoises, 1946.

Bacsányi (János)
ou János Batsány

Écrivain hongrois (Tapolca 1763 – Linz 1845).

Partisan de la Révolution française, il fut arrêté en 1794. Traducteur, en 1809, de la proclamation de Napoléon aux Hongrois, il se réfugie à Paris. Il avait publié un recueil de ses poésies en 1827.

Baculard d'Arnaud (François Thomas Marie)

Écrivain français (Paris 1718 – id. 1805).

Très représentatifs des préoccupations et des structures de la fiction « sensible » à la fin du XVIIIe siècle, ces récits larmoyants regroupés en longues séries (les Épreuves du sentiment, 1772-1778 ; les Nouvelles historiques, 1774-1784 ; les Délassements de l'homme sensible, 1783-1787), situés dans une Angleterre ou un Moyen Âge interchangeables, racontent à loisir les malheurs d'héroïnes vertueuses et sensibles aux prises avec des libertins sans pitié. Le moralisme et le conformisme s'y conjuguent avec un goût morbide pour la douleur et une complaisance dans la peinture du mal. Le sens de la mise en scène et du coup de théâtre rapproche ces textes romanesques de la production dramatique de l'auteur. Sa pièce la plus connue, les Amants malheureux ou le Comte de Comminges (1764), tire ses effets mélodramatiques d'atmosphères de couvent qui caractérisent le roman gothique comme le roman sadien.