Gudmundsson (Einar Màr)
Écrivain et poète islandais (Reykjavik 1954).
Étudiant en lettres à Copenhague, il a fait ses débuts littéraires en 1980. Il a été couronné du Prix de la littérature nordique en 1995, pour son roman les Anges de l'univers, dont le personnage principal, schizophrène, est interné dans un hôpital psychiatrique ; le roman décrit un univers douloureux non sans un certain humour. L'auteur est par ailleurs nouvelliste (Rêves sur terre, 2000), capable d'un réalisme acerbe.
Gudmundsson (Kristmann)
Écrivain islandais (Lundarreykjadalur 1901-Reykjavík 1983).
À 20 ans, il s'établit en Norvège, où il écrit plusieurs romans en norvégien, mais à la veille de la Seconde Guerre mondiale, il retourne en Islande et poursuit son œuvre en islandais (les Trolls de la nuit grimacent, 1943 ; le Grand Forgeron, 1969 ; le Sourire, 1972). On lui doit aussi des poèmes, des récits de science-fiction (Aventures dans l'espace, 1959 ; le Vaisseau spatial, 1975) et une série d'ouvrages autobiographiques (1959-1962).
Gudrun
ou Kudrun
Épopée en moyen haut allemand, composée vers 1240 dans le domaine austro-bavarois par un clerc inconnu.
La forme trahit l'influence de la Chanson des Nibelungen. 32 « aventures » s'ordonnent autour de 3 enlèvements : celui de Hagen, fils d'un roi d'Irlande, celui de sa fille Hilde et celui de Gudrun, fille de Hilde. Promise à Herwig de Seeland, enlevée par Hartmut de Normandie qu'elle refuse d'épouser, Gudrun ne sera délivrée que treize ans plus tard. L'épopée allie des éléments nordiques, des mythes courtois et un esprit chrétien, absent du Nibelungenlied. C'est la première œuvre allemande où la mer joue un rôle important. Wagner s'en inspirera dans sa Tétralogie.
Guéhenno (Marcel, dit Jean)
Écrivain français (Fougères 1890 – Paris 1978).
Professeur, humaniste engagé à gauche, rédacteur en chef d'Europe (1928-1936), fondateur de Vendredi (1935), il lui a fallu résoudre le conflit entre ses origines prolétariennes et son statut d'intellectuel. Son œuvre est celle d'un essayiste. Elle comprend des « journaux » : Journal d'un homme de 40 ans (1934), Journal des années noires (1944) ; une étude sur Rousseau, Jean-Jacques (1948-1952) ; des essais : l'Évangile éternel (1927), Caliban parle (1928), Conversion à l'humain (1931), Jeunesse de la France (1936), Caliban et Prospero (1969). Changer la vie (1961) et Ce que je crois (1964) exposent sa philosophie de la vie. Ses Carnets du vieil écrivain (1971) et son dernier livre, Dernières Lumières, derniers plaisirs (1977), font l'inventaire de ses maîtres spirituels.
Guérin (Eugénie de)
Femme de lettres française (Le Cayla, près d'Albi, 1805 – id. 1848).
Sœur aînée de Maurice de Guérin, elle consacra presque toute son existence à ce frère qui l'encouragea à écrire un Journal, auquel elle confia son amour fraternel, les élans et les hésitations de sa foi et ses émotions poétiques face à la nature. Un certain maniérisme stylistique (goût prononcé pour le charme des archaïsmes et la saveur du patois, prédilection pour les tournures aristocratiques) peut donner au lecteur moderne une impression de grâce surannée.
Guérin (Maurice de)
Écrivain français (Le Cayla, près d'Albi, 1810 – id. 1839).
Issu de vieille souche languedocienne, il passa près de Gaillac, au château du Cayla, une enfance retirée dans une famille désargentée, triste mais aimante, dont il restera toujours un peu prisonnier. Un lien particulièrement fort l'unit à sa sœur Eugénie, substitut de la mère très tôt disparue. L'enfant timide, inquiet, imaginatif, épanouit sa sensibilité dans le culte païen de la nature, mais, parallèlement, se voit encouragé dans son penchant vers la vie religieuse. La période des études (au petit séminaire de Toulouse, puis au collège Stanislas à Paris, où il rencontra Barbey d'Aurevilly) correspond à une poussée d'indépendance. Il se laisse séduire un moment par le rêve américain ou par la douceur d'aimer. Déchiré, doutant de sa foi, il se retire neuf mois (hiver 1832 – septembre 1833) à la Chesnaie, en Bretagne, parmi les disciples de Lamennais : là, il renonce à la vie religieuse, mais s'enrichit dans cette nouvelle alliance avec la nature. De retour à Paris, il vit péniblement de cours et de journalisme, perd son amie Marie de La Morvonnais (1835), mais découvre dans la solitude un espace intérieur qui lui paraît s'harmoniser avec la vie universelle et qu'il exprimera dans ses poèmes en prose. Cependant, c'est aussi l'époque des retrouvailles avec Barbey, de la vie mondaine et brillante. La tuberculose dont il était atteint interrompit, dans la foi retrouvée, cette courte vie faite de fièvres, d'incertitudes, de combats intimes, quelques mois seulement après son mariage avec une jeune Indienne de Batavia, Caroline de Gervain. Son œuvre est entièrement posthume. Son Journal couvre les années 1832 à 1835 (le Cahier vert). Guérin raconte dans ces pages une longue crise religieuse qui aboutit au progressif triomphe du scepticisme ; il évoque ses pénibles alternances de pessimisme et d'optimisme et il valorise sa propre souffrance ; le texte peut aussi se lire comme une série d'essais qui préparent l'œuvre poétique future avec des rêveries sur les nuages ou l'évocation de la violence des éléments. Il écrivit aussi une Méditation sur la mort de Marie, une Correspondance assidue et passionnée avec sa sœur Eugénie, des Poésies et surtout deux poèmes en prose, le Centaure et la Bacchante, qui témoignent le mieux de sa tentative : atteindre, à travers des images denses et un style convulsif, « quelque expression unique que rien ne saurait suppléer ou modifier ».
Guérin (Raymond)
Écrivain français (Paris 1905 – Bordeaux 1955).
Déchiré entre une existence d'agent d'assurances et ses aspirations littéraires (il fut l'ami de Malaparte et de Miller), il a donné dans ses romans autobiographiques (Quand vient la fin, 1941 ; l'Apprenti, 1946 ; la Peau dure, 1948), son drame mythologique (Empédocle, 1950) et le journal posthume de sa dernière maladie (le Pus de la plaie, 1982) une des expressions les plus immédiates et les plus fortes du mal de vivre contemporain.