Shen Congwen (Shen Yuehuan, dit)
Romancier chinois (1902 – 1988).
D'origine miao, enfant de troupe, longtemps soldat, autodidacte bénéficiant de l'amitié de Yu Dafu et de Xu Zhimo, il devient professeur d'université. Sa période la plus féconde est celle des années 1930. Son roman le plus connu, le Passeur de Chadong (1934), traite avec sensibilité et pudeur de l'éveil à la sexualité et à l'amour d'une jeune orpheline, dans le cadre pastoral d'une tranquille rivière du Hunan ; le Petit Soldat du Hunan (1934) est une autobiographie colorée où revivent ses souvenirs de soldat dans le monde pittoresque des bandits, des prostituées, des bateliers. Après 1949, Shen Congwen, délibérément, se tait pour se vouer à l'archéologie ; on lui reprochera pourtant, pendant la Révolution culturelle, son « pastoralisme nostalgique », alors qu'on le considère aujourd'hui comme l'un des pères fondateurs de la nouvelle littérature régionaliste.
Shepard (Sam)
Acteur et auteur dramatique américain (Fort Sheridan, Illinois, 1943).
Après avoir participé, pour un temps, à la vie de bohème de Greenwich Village et entrepris, tel un personnage de Kerouac, de longs voyages à travers les États-Unis, il devient un des auteurs les plus caractéristiques du Off Off Broadway. Avec Cow-Boys (1964), Croix rouge (1966), la Turista (1967), il impose un théâtre où le langage est événement, tandis que ses pièces suivantes (de la Dent du crime, 1972 à États de choc, 1991 et Angel City, 2000), font de l'acteur le centre même de la pièce et des contradictions internes de l'individu le ressort de la tragédie collective. Shepard, qui est devenu une star hollywoodienne comme acteur et avec le scénario de Paris, Texas de Wim Wenders, a évoqué son enfance dans Chroniques du motel (1982).
Sheridan (Richard Brinsley Butler)
Auteur dramatique et homme politique anglais (Dublin 1751 – Londres 1816).
Après avoir défrayé par sa fantaisie la chronique de Bath, il aborde la scène. Les Rivaux (1775), où surgit l'inoubliable championne du pataquès Mrs. Malaprop, et l'École de la médisance (1777), où sévissent les virtuoses de la calomnie mondaine, humanisent la comédie héritée de la Restauration, équilibrant l'esprit et les sentiments, la morale et la frivolité. Le Critique (1779), exercice de mise en abyme (la pièce se déroule dans un théâtre), est l'occasion pour lui de faire le procès de la comédie sentimentale. Malgré le succès (même avec des œuvres de moindre valeur dont une farce, la Saint-Patrick, et un opéra-comique, la Duègne), il se désintéresse du théâtre, entre au Parlement en 1780 et devient secrétaire d'État aux Affaires étrangères (1782) et secrétaire au Trésor (1783). Il tente, avec l'affaire Warren Hastings, de moraliser la vie publique et prononce un réquisitoire resté fameux dans l'histoire de l'éloquence parlementaire anglaise.
Sherifi (Skender)
Écrivain albanais de Belgique (Viti, Kosova, 1954).
Auteur de quelques recueils de poésies publiés à Paris, à Tirana et à Prishtina, en français ou en albanais, il s'exprime avec un lyrisme étincelant, exceptionnel, et balance des mots comme des soleils sur la mer éclatée, en mélangeant avec bonheur un style fignolé et relâché, nous entraîne dans la musique du Temps, à bord de sa navette singulière. Dans ses œuvres poétiques (Quelque part Quelqu'un, 1980 ; Jeux et Contre-Jeux, 1980 ; Oxygène, 1989 ; À l'heure des Météores, 1996) l'argot et l'ironie un peu appuyée imposent leur modernité. Il est traducteur, journaliste, passionné de littérature, de cinéma, de théâtre et de peinture, un vrai Albanais francophone, un cosmopolite, un homme des vérités, des amitiés, des tendresses qui fusent et qui retentissent.
Shi Zhecun
Écrivain chinois (né en 1905-? 2003).
Étudiant à l'université Aurore de Shanghai, il est très influencé par les littératures occidentales modernes (en particulier par A. Schnitzler, qu'il traduit) et par Freud. De sa courte période de création, qui s'achève dès 1937, on retient les dix nouvelles de Soir de pluie (1933), dans lesquelles l'analyse psychologique des personnages prend en compte, dans le cadre de la Shanghai électrique des années 1930, l'intégralité du psychisme citadin (un inconscient où règne en maîtresse la sexualité), restituée par le moyen d'un monologue intérieur soumis aux associations de pensée. Après 1949, Shi Zhecun traduit les écrivains progressistes de l'Europe de l'Est.
Shiba Ryotaro (Fukuda Sadaichi, dit)
Écrivain japonais (Osaka 1923 – 1996).
Il fait des études de langues, notamment de mongol, à l'université des langues étrangères d'Osaka, et entame une carrière journalistique dans plusieurs journaux. Ses premières œuvres lui valent la célébrité : le Magicien de Perse (1956) ; le Château de la chouette (prix Naoki, 1959). Ses romans historiques sont très appréciés du public japonais : Ryoma va (1962), sur Sakamoto Ryoma ; Provinces conquises (1963-1966), Sekigahara (1964-1966) ; le Nuage à l'aplomb de la colline (sur le poète Masaoka Shiki, 1968-1972) ; Tel l'oiseau en son vol (sur Saigo Takamori, 7 vol. 1975-1976) ; Par les grandes routes (récits de voyages, 1971) ; Paysages autour de Kukai (1975) ; la Forme de ce pays (essai, 1990-1992).
Shibusawa Takasuke
Poète japonais (Nagano 1930 – Tokyo 1998).
Il participa aux groupes Orphée et Rekitei. Marquées par un lyrisme dur et une musicalité raffinée, ses œuvres offrent le véritable charme d'une « alchimie de verbe ». À l'image d'une spirale, son univers poétique original, qui ne cesse d'interroger sur le rapport entre soi et le monde extérieur, se développe vers une certaine cosmologie animiste. Professeur de littérature française, il est également connu pour ses travaux sur Rimbaud. Recueils de poèmes : Situation ; la Laque, ou la folie du cristal ; Cloître ; critiques : À la recherche de la source de la poésie ; Traité sur Kanbara Ariake.
Shiga Naoya
Écrivain japonais (Miyagi 1883 – Shizuoka 1971).
Fils d'un riche industriel, élevé chez ses grands-parents à Tokyo dès l'âge de 2 ans, il fit ses études primaires et secondaires à l'École des nobles, et entra à l'Université de Tokyo (1906), où il entreprit des études de littérature anglaise, puis de littérature japonaise. Déterminé, malgré l'opposition de son père, à s'engager dans une carrière littéraire, il se joignit à d'anciens condisciples de l'École des nobles (dont Mushanokoji, Arishima et Satomi) pour fonder la revue Shirakaba (1910), mensuel qui joua un rôle décisif dans la vie littéraire et artistique jusqu'en 1923. Il y publia ses premières nouvelles : Jusqu'à Abashiri (1910), le Rasoir (1910), Seibei et les calebasses (1913) et le Crime de Han (1913). Le conflit avec son père, décrit dans son récit autobiographique, Otsu Junkichi (1912), le conduisit à rompre brutalement avec sa famille, et à mener pendant plusieurs années une vie errante. Cependant, au cours d'un séjour de convalescence après un accident de train dont il faillit mourir (1913), il entra dans une nouvelle étape de sa vie qui lui permit de vivre en harmonie avec son destin, son environnement et la nature, expérience décrite dans son chef-d'œuvre, À Kinosaki (1917), et fut suivie par la réconciliation avec son père (Réconciliation, 1917). Tout cela se cristallise dans son vaste roman autobiographique : la Route dans les ténèbres (1921-1937). Écrivain profondément personnel, doué d'une grande concision et de pénétration psychologique, il sut porter le genre de la nouvelle à un niveau alors inégalé de perfection formelle. Retenons aussi Akanishi Kakita (1917) ; le Petit Commis et son dieu (1918) ; Kuniko (1927) ; la Lune grise (1946).