Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
I

Ibn Arabchah (Ahmad ibn Muhammad)

Écrivain arabe (Damas 1389 – id. 1450).

Lors de la prise de Damas par Tamerlan, vers 1400, il est emmené très jeune avec sa famille à Samarkand où il se forme au persan, au turc et au mongol. Outre un ouvrage d'histoire, il a laissé un intéressant recueil de fables, Fakihat al-khulafa', en prose rimée qui, faisant suite au Kalila et Dimna d'Ibn al-Muqaffa', s'inscrit dans le genre très prisé des « miroirs des princes ».

Ibn Ata Allah (Tadj al-Din Ahmad ibn Muhammad)

Poète et mystique égyptien (Alexandrie ? – Le Caire 1309).

Il est l'auteur d'aphorismes d'une frappe étincelante, les Hikam, qui ont été très souvent commentés, de l'Andalou Ibn 'Abbad au Marocain Ibn 'Adjiba.

Ibn Bachkuwal (Abu l-Qasim Khalaf)

Écrivain arabe (Cordoue 1101 – id. 1183).

Parfait érudit et lettré, il aurait composé une cinquantaine d'ouvrages ; on retiendra surtout la Suite qu'il donna à l'œuvre d'Ibn al-Faradi (Ta' rikh 'ulama' al-Andalus), rassemblant les biographies des savants, lettrés, écrivains et poètes de son pays.

Ibn Bassam (Abu l-Hasan Ali)

Écrivain arabe (Santarem – mort en 1148).

Poète satirique, il fut aussi anthologue et se survécut comme tel : il rassembla des correspondances officielles, des recueils de vers et surtout une anthologie (Dakhira) exclusivement consacrée aux prosateurs et poètes ayant vécu ou écrit en Espagne.

Ibn Battuta (Muhammad ibn Abdallah)

Écrivain arabe (Tanger 1304 – 1377 ?).

L'un des plus grands voyageurs de tous les temps, parti de Tanger, sa ville natale, à l'âge de 20 ans pour accomplir le pèlerinage à La Mecque, il ne devait revoir le Maroc que quelque 25 ans plus tard, avant de repartir pour visiter le royaume de Grenade, puis les pays du Soudan nigérien. Ses voyages ont couvert à peu près 120 000 kilomètres, l'amenant de l'Espagne et de l'Afrique, occidentale ou orientale, aux îles méditerranéennes, à l'Égypte, au Proche-Orient et à une bonne part du monde connu alors, Constantinople, la Russie du Sud, la Turquie, l'Iran et l'Asie centrale, l'Inde, les îles Maldives, Sumatra et les ports de la Chine. De ces aventures, Ibn Battuta nous a laissé un document (rihla), qui est certainement le chef-d'œuvre du genre en langue arabe. Outre les informations de première main qui nous sont livrées sur les pays visités, et où le merveilleux trouve largement sa place, le livre vaut, plus encore peut-être, par le récit d'une aventure vécue. Le voyage, ici, a défini toute une vie. Nul plus qu'Ibn Battuta ne s'est installé en effet dans l'errance, conseiller politique, ambassadeur ou juge, marié là, puis rompant, libre, et marié de nouveau ailleurs. Une seule chose reste immuable au-delà des variétés de la toile de fond : cette distance prise par rapport aux hommes et aux choses dans le jugement et l'observation ; ainsi qu'une pensée unificatrice et pacifique, religieuse, ou plutôt mystique, comme référent permanent et stable.

Ibn Charaf al-Qayrawani (Abu Abdallah Muhammad)

Poète arabe (Kairouan v. 1000 – Séville 1067).

Il fut, avec son grand rival Ibn Rachiq, l'écrivain majeur de la Tunisie de l'époque ziride : théoricien de la poétique, il concilie la rigueur de l'écrivain et l'intuition de l'artiste.

Ibn Chuhayd (Abu Amir Ahmad)

Homme politique et poète arabe (Cordoue 992 – id. 1035).

Vizir des derniers Umayyades de Cordoue, il fut amené, dans la débâcle de la dynastie, à se consacrer au métier d'écrivain. Outre le recueil de ses poésies, il a composé une série d'essais à propos du bayan, ou l'art d'écrire. Son œuvre la plus originale reste cependant son épître (Risalat al-Tawabi' wa-l-Zawabi'), une fiction en prose rimée qui met en scène les djinns inspirateurs des poètes et leur univers.

Ibn Daniyal (Chams al-Din Muhammad)

Écrivain arabe (al-Mawsil v. 1248 – Le Caire 1310).

Il y a trois personnages en lui : le poète, le médecin, particulièrement versé dans l'ophtalmologie, et l'homme de théâtre, celui que la postérité a retenu. Ibn Daniyal a laissé trois pièces qui relèvent de la tradition du théâtre d'ombres. La langue utilisée fait alterner la prose et la poésie, le classique et le dialectal. Le contenu oscille entre la farce et le tableau de mœurs d'une étonnante liberté de ton.

Ibn Dawud (Muhammad)

Juriste et écrivain arabe (mort en 907).

Il a composé l'un des premiers livres sur l'amour, le Livre de Vénus, à la fois traité et anthologie, où, après une introduction théorique qui témoigne, entre autres, d'une solide connaissance des traditions grecques, il laisse une large place à la poésie.

Ibn Djubayr (Abu l-Husayn Muhammad)

Écrivain arabe (Valencia 1145 – Alexandrie 1217).

Il a laissé, de son voyage de pèlerinage à La Mecque et dans les pays du Proche-Orient, un récit de voyage (rihla) qui est le premier du genre.

Ibn Ezra (Abraham)

Exégète, grammairien, scientifique, philosophe et poète hébraïque (Tolède 1089 – v. 1165).

Il parcourut l'Espagne, l'Italie, la France et mourut en Angleterre. Marqué par le néoplatonisme, il a laissé des centaines de poèmes religieux, de structures strophiques et de significations allégoriques. Sa poésie profane – il y introduisit des éléments humoristiques et satiriques – témoigne de son ouverture aux courants littéraires européens. Une mélange de philosophie, de science et de poésie est réuni dans son ouvrage, écrit en prose rimée, l'Épître de Haï Ben Meqiz.

Ibn Ezra (Moïse)

Poète hébraïque (Grenade v. 1055 – apr. 1135).

Haut fonctionnaire, il vécut dans sa ville natale jusqu'à sa prise par les Almoravides. Il passa le reste de sa vie en errance dans l'Espagne chrétienne. Célèbre pour ses poèmes religieux, notamment pour ses poèmes de pardon qui appellent à la pénitence et implorent la clémence divine (Selihot), il est aussi l'auteur de vers profanes qui témoignent d'une sensualité typique de l'époque andalouse, et d'un traité sur la poétique arabe et hébraïque, le Livre de méditation et de discussion, un des premiers « arts poétiques », publié en hébreu par A. Halkin sous le titre : Sefer ha-iyyunim ve-ha-diyyunim.

Ibn Fadl Allah al-Umari (Chihab al-Din Ahmad)

Écrivain arabe (Damas 1301 – id. 1349).

Il est l'un des meilleurs représentants de l'encyclopédisme de l'époque mamelouk. Fonctionnaire de chancellerie, au Caire puis à Damas, il est le type même de ces techniciens de l'administration qui sont à la fois écrivains et lettrés, comme sous l'ancien califat 'abbasside de Bagdad. Il a composé une grande encyclopédie où il embrasse, à l'usage de ces mêmes fonctionnaires, la culture générale de son temps.