Vauquelin (Nicolas) , seigneur des Yveteaux
Écrivain français (La Fresnaye-au-Sauvage, près de Falaise, 1567 – Brianval, près de Meaux, 1649).
Le fils de Vauquelin de La Fresnaye fut précepteur du duc de Vendôme, puis du Dauphin, Louis XIII, pour qui il écrivit en 1604 son Institution du prince. Disgracié pour son ton licencieux, il se retira dans son domaine du faubourg Saint-Germain, où il se costumait volontiers en berger extravagant, voire en faune. Les libertins virent un de leurs maîtres en cet épicurien sceptique et dilettante. Ses poésies furent publiées anonymement en 1606 : l'amour y est peint comme une passion exigeante et douloureuse, la vie comme une parade et un combat.
Vauquelin de La Fresnaye (Jean)
Poète français (La Fresnaye-au-Sauvage, près de Falaise, 1536 – Caen 1606).
Avocat au barreau de Caen dès 1558, où il poursuit jusqu'à sa retraite une carrière de magistrat, il publie à Caen ses Diverses Poésies : un groupe d'Idillies et Pastorales, un autre de Satires, un autre d'Épigrammes, d'Épitaphes et de Sonnets, le tout couronné par un Art poétique en vers.
Avec le recueil de ses Foresteries (1555) et celui de ses Idillies et Pastorales, Vauquelin se place parmi les premiers poètes bucoliques français du XVIe s. Contemporaines du Bocage (1554) de Ronsard, les Foresteries, œuvre de jeunesse, s'inspirent des Anciens (Théocrite, Virgile), des Italiens (Sannazzaro, l'Arioste) et de Ronsard. Elles trouvent leur unité dans leur double inspiration amoureuse et champêtre, et leur originalité (lorsqu'on les compare aux poèmes bucoliques des Ronsard, Du Bellay, Baïf et Belleau) dans leur accent personnel et la rusticité drue de leur style, proche souvent de celui de la chanson populaire.
Composé à partir de 1574 sur l'incitation du roi Henri III et publié en 1605, l'Art poétique de Vauquelin est le dernier en date des Arts poétiques publiés au XVIe siècle. Son originalité réside dans deux traits : dans la place, d'abord, qu'il réserve à la littérature du Moyen Âge et le rôle qu'il lui reconnaît (à la différence des poètes de la Pléiade) dans la formation du génie littéraire de la nation ; dans le vœu, ensuite, de voir éclore une poésie et un théâtre humanistes d'inspiration chrétienne.
Vauthier (Jean)
Auteur dramatique français (Grace-Berleur, près de Liège, Belgique, 1910 – Paris 1992).
Après une enfance bordelaise, il entre aux Beaux-Arts, devient maquettiste chez Havas puis rédacteur et dessinateur au journal Sud-Ouest. À partir des années 1950, il s'illustre comme dramaturge poète et comme adaptateur de talent, participant au renouveau théâtral de l'époque. Son célèbre Capitaine Bada (1950, prix Ibsen en 1955) met en scène René Dupont, dit Badaboum, écrivain mégalomane, martyr de l'idée, avec ses 18 000 pages à écrire, qui affronte en un long duo/duel de soliloques lyriques, disserts et bouffons, sa femme Alice, éternelle empêcheuse. Remarquée par Gérard Philipe, la pièce est créée par la Compagnie Catherine Toth, au Théâtre de Poche-Montparnasse. Le cycle du « poète empêché » – dédoublement d'une conscience tantôt lyrique, tantôt grimaçante, qui se donne le spectacle de ses combats et de ses échecs – se prolonge dans le Personnage combattant (mis en scène par Jean-Louis Barrault au Théâtre Marigny en 1956), dans le Rêveur (monté en 1961 par Georges Vitaly au Théâtre La Bruyère), dans les Prodiges (créés par Claude Régyen en 1971 au T.N.P. de Chaillot). Grand rénovateur de la tradition théâtrale à laquelle il cherche à souder de manière dynamique le théâtre contemporain, Vauthier est également l'auteur de nombreuses adaptations : la Nouvelle Mandragore, d'après Machiavel (montée en 1952 au T.N.P. par Jean Vilar) ; Medea, d'après Sénèque (montée par Georges Lavelli en 1967) ; le Sang, « fête théâtrale » inspirée de la Tragédie du Vengeur de Cyril Tourneur (création M. Maréchal, Lyon, 1970) ; Ton nom dans le feu des nuées, Élisabeth (1976), d'après Arden de Faversham ; le Massacre à Paris, d'après C. Marlowe (monté par P. Chéreau en 1972) ; nombreuses adaptations de Shakespeare enfin (Roméo et Juliette, 1956 ; Othello, 1979 ; le Roi Lear ; 1987). Il a écrit aussi le scénario et les dialogues du film les Abysses de Nico Papatakis (1963).
Vautrin (Jean Herman, dit Jean)
Metteur en scène et écrivain français (Pagny-sur-Moselle 1933).
Cinéaste, il est tour à tour l'assistant de R. Rosselini, de J. Rivette et de V. Minelli, puis abandonne la mise en scène après avoir réalisé notamment Adieu l'ami (1967), Jeff (1968) et l'Œuf (1971). En 1973, cet ancien enseignant de français à Bombay (1955-1957) fait paraître À bulletins rouges, première intrusion de la banlieue dans le roman noir français. Avec Billy-Ze-Kick (1974), il poursuit la peinture de marginaux psychopathes sur fond d'H.L.M., en utilisant les procédés d'écriture chers à R. Queneau. Avouant des relations littéraires plus ou moins lointaines avec Céline, E. Caldwell, N. Mailer et W. Faulkner, Vautrin voit dans le roman noir le meilleur vecteur pour parler de la civilisation actuelle, cocktail de violence nocturne, de ville sale, d'automobiles, d'argent, d'armes, de musique et d'amour (Mister Love, 1977 ; Bloody Mary, 1979 ; Groom, 1980). Ce faisant, et tout en s'affirmant un des chefs de file du néopolar français, il continue une certaine tradition américaine : le héros de Canicule (1982) est d'ailleurs le fils d'un policier du 87e district d'Isola, celui précisément de l'inspecteur Carella dans les récits d'Ed MacBain. Son univers de cruauté est souvent le lieu d'expériences dramatiques dont font les frais des enfants (Patchwork, 1983 ; Baby Boom, 1985, prix Goncourt de la nouvelle 1986). En 1989, il publie Dix-Huit Tentatives pour devenir un saint et obtient le prix Goncourt avec Un grand pas vers le bon Dieu. Reprenant l'esprit des anciens feuilletons policiers, il écrit, avec son complice Dan Frank, les aventures du reporter-photographe Boro (la Dame de Berlin, 1988 ; le Temps des cerises, 1990 ; les Noces de Guernica, 1994 ; Mademoiselle Chat, 1996).