Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Rovani (Giuseppe)

Écrivain italien (Milan 1818 – id. 1874).

Il participa au soulèvement de Milan de 1848. Auteur de romans historiques (Lamberto Malatesta, 1843 ; Manfredo do Pallavicino, 1845-1846), il analysa aussi la vie milanaise de 1750 à 1850 dans son cycle romanesque Cent ans (1868-1869), qui influença la Scapigliatura.

Roversi (Roberto)

Écrivain italien (Bologne 1923).

Fondateur, avec P. P. Pasolini, de la revue Officina, il donne une œuvre de poète (Après Campoformio, 1962) et de romancier engagé (Enregistrements d'évènements, 1964 ; les Dix Mille Chevaux, 1976), en dépit d'un pessimisme croissant à l'égard du monde littéraire officiel. Ainsi, il a soulevé des polémiques en publiant ses poésies sous forme de polycopiés (les Descriptions en acte, 1970 ; Matériel ferreux, 1977).

Rovetta (Gerolamo)

Écrivain italien (Brescia 1851 – Milan 1910).

Son œuvre de dramaturge (les Barbares, 1890 ; la Trilogie de Dorina, 1889 ; l'École du déshonneur, 1892 ; Romantisme, 1901) et de romancier (Mater douloureuse, 1882 ; le Lieutenant des lanciers, 1896) est basée sur le sentimentalisme et la dénonciation du pouvoir économique.

Rowe (Nicholas)

Auteur dramatique anglais (Little Barford, Bedfordshire, 1674 – Londres 1718).

Tête de file des auteurs tragiques de la période augustéenne, poète lauréat, ami de Pope et d'Addison, il donne l'Ambitieuse Belle-mère (1700), Tamerlan, où Louis XIV est caricaturé en Bajazet, la Belle Pénitente (1713), qui devait inspirer à Richardon son personnage de Lovelace pour son roman Clarissa, et la Tragédie de Jane Shore (1714). Traducteur de Lucain, de Boileau et de La Bruyère, il publie la première édition critique de Shakespeare (1709).

Roy (Claude Orland, dit Claude)

Écrivain français (Paris 1915 – 1997).

Il évoque son engagement politique dans Moi je (1969), Nous (1972), Somme toute (1976). Poète, (Clair comme le jour, 1943 ; Voyages d'automne, 1987), romancier (La nuit est le manteau des pauvres, 1948 ; l'Ami lointain, 1987), il aborde en critique la création littéraire et artistique (Descriptions critiques, 1949-1965 ; l'Amour de la peinture, 1956). Ses récits de voyage et ses notes retracent son itinéraire spirituel.

Roy (Gabrielle)

Romancière canadienne-française (Saint-Boniface, Manitoba, 1909 – Québec 1983).

Après avoir évoqué avec réalisme la vie urbaine à Montréal (Bonheur d'occasion, prix Femina 1945 ; Alexandre Chenevert, 1954), elle revient avec nostalgie à l'évocation de ses Prairies natales (la Petite Poule d'eau, 1950 ; la Route d'Altamont, 1966 ; Un jardin au bout du monde, 1975), sans s'interdire une incursion chez les Inuits du Grand Nord (la Rivière sans repos, 1970). Des souvenirs sur son expérience d'institutrice (les Enfants de ma vie, 1977) constituent un audacieux roman d'amour. Son autobiographie posthume, la Détresse et l'enchantement (1984), est complétée par des inédits importants et des recueils de lettres.

Roy (Jules)

Écrivain français (Rovigo, Algérie, 1907 – Vézelay 1999).

La guerre, qu'il a faite dans la R.A.F., est le point central de son œuvre (Chants et Prières pour les pilotes, 1943 ; Retour de l'enfer, 1951). Après un roman (la Vallée heureuse, 1946), il s'engage dans un « postnaturalisme héroïque » qui unit au sens de l'effet dramatique la volonté de « poétiser » la vie : en témoignent une fresque très lue sur l'Algérie française (les Chevaux du Soleil, 1968-1975), son théâtre (le Fleuve rouge, 1957) et son écoute attentive de la vie, de la nature, végétale et animale (l'Amour fauve, 1971 ; Pour un chien, 1979). Après quoi l'écrivain fait retour sur lui-même (la Saison des za, 1982 ; Étranger, mon ami, 1982 ; Mémoires barbares, 1989). La parution sur le tard de son journal les Années déchirement (Journal 1925-1965) [1998] et Les années cavalières (Journal 1966-1985) [1998] parachève l'œuvre de celui que ses amis, dont son très cher Camus, n'appelaient que « Julius ». Roy le pied-noir est indissociable d'un lieu, l'Algérie et ses brûlures historiques, auquel il convient de le relier pour mieux le comprendre.

Roy (Rammohun)

Réformateur religieux et social bengali (Radhanagar v. 1774 – Bristol 1833).

Surnommé le « Père de l'Inde moderne », il est l'auteur de traductions des Upanisad en bengali, d'hymnes, d'ouvrages polémiques et d'une grammaire de la langue. Fondateur du Brahmo Samaj (mouvement de retour au monothéisme des Upanisad et de refus du culte des images), il est aussi un pionnier du journalisme bengali.

Royer (Alphonse)

Écrivain français (Paris 1803 – id. 1875).

Après un roman médiéval, les Mauvais Garçons, et un drame, Henri IV et ses compagnons en 1830, il publie le premier roman-feuilleton, Patrona Calil (le Siècle, septembre 1836). Il écrivit aussi un Robert Macaire (1838) inspiré du célèbre mélodrame. Son œuvre se partage entre des livrets d'opéra, notamment pour Donizetti, Rossini et Verdi, et des romans dont la Dame de trèfle (1850). Directeur de l'Odéon (1853-1856), puis de l'Opéra (1856-1862), il traduisit le Théâtre d'Alarcón (1864).

Royet-Journoud (Claude)

Poète français (Lyon 1942).

La démarche qui se déploie au fil des recueils (le Renversement, 1972 ; la Notion d'obstacle, 1978 ; Les objets contiennent l'infini, 1983 ; les Natures indivisibles, 1997) est une tentative de sortir de la poésie – en premier lieu de l'analogie – en « traquant, supprimant, systématiquement, tout ce qui peut être métaphore, assonance, allitération ». Le minimalisme (il entend « faire travailler des unités minimales de sens ») est chez lui à la fois densité (chaque poème s'élabore à partir d'un long texte en prose préalable) et retenue, refusant la profusion lyrique au bénéfice d'une littéralité qui s'attache à « l'à peine formulable ». Sur la page, espace sans profondeur ni altitude, les énoncés se fragmentent en une « pluralité de mots en écho », ni concrets ni abstraits, ne décrivant ni n'affirmant rien, car la poésie est « un métier d'ignorance ». Ce qu'il cite de Joë Bousquet (Lettre de Symi, 1980) vaut pour lui-même : « Écrire un livre, c'est faire assister le lecteur à toutes les vicissitudes d'une situation que l'on tire au clair. » Auteur, avec Emmanuel Hocquard, de deux anthologies de la poésie américaine, il a fondé et animé plusieurs revues : Siècles à mains, A, L'In-plano, Zuk, ce dernier titre du nom de Louis Zukofsky, l'une des voix de l'objectivisme américain.